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COUPE DU MONDE | FRANCE - MAROC | COMMENT WALID REGRAGUI A CONSTRUIT LE MEILLEUR PLAN DE JEU DU MONDIAL

Rédigé par Dakarposte le Mardi 13 Décembre 2022 à 13:06

Le Maroc est en demi-finales du Mondial et c'est tout sauf un hasard. Pour réussir leur parcours historique et éliminer l'Espagne puis le Portugal, les hommes de Walid Regragui ont misé sur une solidité défensive de tous les instants, mais aussi sur les qualités techniques de plusieurs éléments clés. Analyse avant le choc face aux Bleus.


Ils s'appellent Thierry Marszalek et Éric Dubray. Ils sont les analystes vidéo de Didier Deschamps. Et, pour sûr, ils ont eu beaucoup de travail pour préparer la demi-finale de l'équipe de France face au Maroc. Car parmi les quatre sélections encore en lice pour le titre, l'équipe de Walid Regragui est à la fois celle dont le plan de jeu est le plus clair, mais aussi celle qui l'applique le mieux.

On n'élimine pas le Canada, la Belgique, l'Espagne et le Portugal - pas plus qu'on n'accroche la Croatie - par hasard. Ce n'est plus un secret pour personne, les Lions de l'Atlas ont basé leur approche sur une solidité défensive remarquable et assumée. "Peut-être auraient-ils préféré que l'on prenne la balle et que l'on pleure à la fin...", s'était défendu le sélectionneur après la qualification obtenue face à la Roja.


Se construire une structure arrière aussi solide, capable de n'encaisser qu'un seul but sur l'ensemble de la compétition, n'est pas donné à tout le monde. Cela implique beaucoup de rigueur dans le placement mais aussi discipline et justesse dans les duels, notamment pour ne pas commettre l'irréparable. Le Maroc est, de très loin, l'équipe ayant passé le premier tour dont la ligne défensive est la plus reculée. C'est aussi celle ayant tenté le plus de tacles dans son premier tiers (66 au total, 15 de plus que toute autre équipe). Pourtant, à l'exception du but contre son camp - sans conséquence - de Nayef Aguerd face au Canada, les Lions de l'Atlas n'ont commis aucune erreur majeure sur ce plan.

UNE DÉFENSE IMPERTURBABLE
Jusqu'ici, l'une des grandes forces des coéquipiers de Romain Saïss aura été de conserver cette imperméabilité malgré l'usure physique, la charge mentale, les variations de lucidité, les pépins physiques voire même les changements de système, comme ce fut le cas face à l'Espagne. Le Maroc a débuté son match face au Portugal avec une défense largement remaniée (Attiat-Allah à gauche, Yamiq dans l'axe) et Saïss, blessé, a quitté la pelouse à l'heure de jeu.


Preuve que le système défensif marocain ne repose pas uniquement sur le niveau des individualités, mais aussi sur une idée de jeu et, plus largement, sur des valeurs de cohésion et de confiance. Depuis son arrivée à la tête de la sélection, Walid Regragui a mis un point d'honneur à promouvoir les talents locaux. "Une fierté pour [lui], pour que le monde découvrir leur qualité", disait-il. Il en récolte les fruits aujourd'hui. "Ils ont fait un travail extraordinaire, a-t-il ajouté au sujet des habituels remplaçants après l'exploit face au Portugal. [...] Quand tu mets du cœur et de l'humilité, le ballon tourne de ton côté."

MÊME LES DRIBBLEURS ONT DU COEUR
Ces valeurs ne sont pas propres à l'arrière-garde marocaine, mais bien à l'ensemble du groupe. Sofiane Boufal et Hakim Ziyech en sont la preuve. Les deux milieux de terrain, formidables techniquement, ont aussi et surtout brillé par leur repli. "Ils n'ont jamais autant couru, a noté Regragui samedi soir. Tout le monde doit travailler. Ils le font pour leur pays, naturellement."
Boufal et Ziyech ont posé d'énormes problèmes aux adversaires dans les couloirs. Soit en suivant le latéral, soit en enfermant l'ailier dans une tenaille à deux, comme ce fut souvent le cas pour João Félix, notamment. Depuis le début de la compétition, seuls dix centres adverses ont trouvé preneur dans la surface marocaine. Tout juste un de plus que la France. Ou deux de plus que l'Angleterre.

La surexploitation des ailes étant l'une des grandes tendances du jeu en général et de cette Coupe du monde en particulier, c'est ainsi que les Lions de l'Atlas sont parvenus à contenir le danger. Sofyan Amrabat, l'une des grandes révélations du tournoi, s'est lui occupé de verrouiller l'axe en formant une "no-go zone" avec sa charnière. Depuis le début de la compétition, ils n'ont subi que huit tirs cadrés. Parmi les équipes arrivées jusqu'aux quarts, seule l'Argentine (6) a fait mieux. Les hommes de Regragui ont subi sans vraiment subir.

BOUFAL, ZIYECH, OUNAHI : CAPABLES DE SORTIR LES BALLONS DE N'IMPORTE OÙ
Capitaux sur le plan défensif, Ziyech et Boufal sont aussi déterminants offensivement, aux côtés d'Azzedine Ounahi. Car si les Rouge et Vert s'autorisent à évoluer avec un bloc aussi bas, c'est avant tout parce qu'ils ont la certitude de pouvoir ressortir proprement de n'importe quelle situation - d'autant que les pressions d'équipes nationales ne sont généralement pas les plus organisées.
Ces trois éléments-là font partie des quinze joueurs ayant réussi le plus de dribbles depuis le début de la compétition (une trentaine en tout) et aident à faire du Maroc une équipe au plan de jeu assez inédit en Coupe du monde, alliant la sécurité et la prise de risque dans ses 35 premiers mètres. L'Angevin Ounahi, dont le taux de réussite (78%) est tout bonnement exceptionnel, est devenu le maillon essentiel pour former des triangles sur les ailes et sortir les ballons du mieux possible.

Cette capacité, mêlée à la verticalité que Ziyech et Boufal sont capables d'apporter balle au pied ou dans le jeu plus long, permet une projection rapide vers l'avant. Et crée un pouvoir inquantifiable sur l'adversaire en l'incitant à prendre moins d'initiatives, sous peine d'être rapidement puni. Les Lions de l'Atlas sont en mesure de se construire des occasions de but avec un minimum de temps de préparation. Leurs quatre premières réalisations dans la compétition ont nécessité 17 touches de balle en tout et pour tout.
Mais ils savent aussi construire. Le coup de tête vainqueur de Youssef En-Nesyri face au Portugal a conclu une phase débutée par le portier Yassine Bounou, qui a impliqué pas moins de huit joueurs. Pour battre la première équipe africaine présente dans un dernier carré de Coupe du monde, les Bleus devront donc redoubler d'audace offensivement... et de vigilance tactiquement.



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