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Doudou Ka, ministre des Transports Aériens: "Macky Sall, le meilleur Président de la République pour les cinq prochaines années"

Rédigé par Dakarposte le Lundi 6 Février 2023 à 15:40

Monsieur le ministre, Dakar hub aérien, pourquoi est-il toujours resté un slogan ?
 
Tout d’abord je vous remercie de votre invitation. Je commencerai par dire que j’aime bien cette question. En effet, ceux qui ne croyaient pas à la vision du Président Macky SALL avaient tôt fait de considérer le concept «Dakar hub aérien» comme un simple slogan. Force est de reconnaître aujourd’hui que cette abstraction de départ s’est transformée en une réalité bien concrète. Il faut remarquer que le Président Macky SALL a toujours eu foi en la matérialisation de cette ambition nationale pour le transport aérien. Faire de Dakar un point de connexion aérienne pour toute la sous-région a toujours fait partie des stratégies audacieuses du chef de l’Etat, pour qui, préparer notre pays aux performances économiques de demain, passe aussi par le ciel. Aujourd’hui, la construction du 1er hub logistique et aérien de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest est en marche avec la création d’une Académie Internationale des métiers de l’aviation civile (AIMAC), le projet de construction d’un centre de maintenance aéronautique (MRO), l’extension de l’aérogare de l’aéroport AIBD pour doubler sa capacité actuelle qui est de trois millions de passagers, la réhabilitation et la modernisation des aéroports régionaux, le renforcement de l’autorité de l’aviation civile (ANACIM) et la mise en place de la compagnie Air Sénégal.
 
C’est bon d’avoir une vision et de planifier des projets, mais c’est encore mieux de les mettre en œuvre…
 
Je puis vous assurer que le planning d’exécution de ces différents projets phares approuvés par le Président est largement satisfaisant. Déjà depuis le mois de décembre 2022, neuf (09) avions et six (06) hélicoptères ont été réceptionnés pour le compte de l’Ecole de l’Air. Ces acquisitions renforcent la formation des pilotes civils et militaires, des mécaniciens-avions. La ville de Thiès deviendra ainsi un véritable pôle aéronautique. Nous avions également lancé les travaux de réhabilitation des aéroports de Ziguinchor, Kolda et Linguère qui seront livrés avant la fin de l’année 2023. De plus, je viens d’effectuer récemment une visite de travail en République Tchèque afin de fixer avec nos partenaires la date de mise en service effective de l’aéroport Ousmane Masseck NDIAYE de Saint-Louis prévue en mai prochain, la date de livraison des travaux de l’aéroport de Matam prévue en novembre 2023 et la date du lancement des travaux de reconstruction des aéroports de Kédougou et de Tambacounda en début 2024 au plus tard. L’ambition est de faire de Dakar le premier hub aérien de notre sous-région, sans oublier que toutes ces infrastructures et tous ces services qui se construisent ou qui sont rendus géographiquement dans la région de Thiès, feront de la capitale du rail, la nouvelle vallée de l’aéronautique civile ouest-africaine. On est donc loin de l’idée d’un simple slogan, bien au contraire, nous sommes de plain-pied dans la réalisation et la matérialisation de ce volet important du Plan Sénégal Emergent.
 
Au-delà des aspects techniques, quelles sont les incidences économiques et sociales de l’AIMAC sur le Sénégal ?
 
L‘ambition du projet AIMAC est de faire du Sénégal un hub de référence aux métiers de l’aviation et de l’aéronautique tout en anticipant sur les besoins du secteur en ressources humaines qualifiées. Il permettra de renforcer l’autonomie de la compagnie Air Sénégal. SA et de satisfaire les besoins en personnels du futur centre de maintenance aéronautique. L’AIMAC comporte un pôle de formation de pilotes et de mécaniciens-avions assuré par l’Ecole de l’Armée de l’air de Thiès. La première promotion a été lancée en mai 2022 en partenariat avec Air Sénégal.
 
L’Ecole de l’Armée de l’Air a reçu en fin 2022, de la part de l’AIMAC, filiale D’AIBD-SA, neuf (09) avions et six (06) hélicoptères destinés à la formation des élèves-pilotes civils et militaires. Ces équipements viennent s’ajouter au dispositif existant de huit (8) avions et deux (2) hélicoptères. C’est une véritable révolution, une des plus belles visions panafricanistes du Président Macky SALL. Désormais, les compagnies aériennes de la sous-région, voire africaines, ainsi que les armées des pays amis pourront bénéficier des infrastructures de l’école de l’Armée de l’Air à Thiès avec une piste complétement réhabilitée passant de 1800m à 2000m, d’une largeur de 30m. L’école aura une capacité annuelle d’hébergement de six cents
 
(600)  élèves. C’est une première en Afrique de l’Ouest, un marqueur important pour notre ambition de devenir le premier hub aérien de la sous-région et un grand atout pour notre compagnie nationale Air Sénégal. Les travaux seront entièrement livrés à la fin de l’année 2023.
 
Il y a des lenteurs énormes dans la mise en œuvre des projets aéroportuaires, c’est quoi réellement le problème ?

Nous avons certes accusé un peu de retard dans le démarrage effectif du programme de réhabilitation et de reconstruction des aéroports mais actuellement on note une nette progression des travaux. L’Aéroport de Saint-Louis sera mis en service au mois de mai 2023, celui de Ziguinchor en juillet 2023, celui de Kolda en novembre 2023 et celui de Matam en fin 2023. Les travaux du centre de maintenance aéronautique devraient, au plus tard, être lancés par AIBD.SA pendant le troisième trimestre 2023. Par conséquent, nous n’avons aucune inquiétude dans la mesure où ces projets font l’objet d’un suivi régulier au sein d’un comité de pilotage que je préside ; sans oublier l’engagement et le soutien du chef de l’Etat pour le financement et la mise en œuvre diligente de ces projets prioritaires. Ce programme lancé par le chef de l’Etat constitue le plus important chantier de l’histoire de l’aéronautique sénégalaise. Je vantais plus haut cette véritable révolution de l’aéronautique civile nationale.
 
L’aéroport Blaise Diagne expose parfois ses limites à l’arrivée de deux ou trois gros porteurs avec la surcharge des tapis à bagages, y’a-t-il un projet d’extension de l’aérogare?
 
Lors du Conseil des ministres décentralisé de Tambacounda, le président de la République a approuvé le lancement du projet d’extension de l’aéroport AIBD. Il faut noter que l’aérogare actuel est dimensionné pour 3 millions de passagers, alors qu’en fin 2022, on a atteint 2 629 348 passagers, soit une hausse de +42% comparée à    l’année dernière et de +5,5% comparé à 2019, l’année de référence pré-Covid-19. Avec ce rythme, nous ne sommes pas loin de la saturation. La construction de l’extension de l’aérogare est également une solution structurelle pour améliorer et optimiser l’expérience-voyageur au niveau de l’aéroport AIBD. Pour ce qui est du temps d’attente long au niveau des tapis bagages aux heures de pointe, nous venons d’investir en 2022 dans l’installation d’un nouveau tapis à bagages qui est déjà en service. De nouveaux équipements modernes en cours d’acquisition vont permettre d’obtenir une productivité optimale de la société d’assistance au sol 2AS.
 
Monsieur le Ministre, le développement du hub aérien est adossé au rayonnement d’Air Sénégal dans la sous-région et en Afrique, mais les ailes de la Compagnie sont plombées. N’est-on pas allé un peu vite en besogne ?
Alors là, pas du tout. La compagnie, comme toute jeune compagnie, et après une période difficile liée aux impacts économiques de la crise de la Covid-19, a connu des moments de turbulences ; mais nous sommes en train de sortir de cette tempête et espérons tourner définitivement la page des crises opérationnelles. Aujourd’hui, Air Sénégal est en train de mettre en œuvre un nouveau plan de redressement et de relance minutieusement élaboré et approuvé par le chef de l’Etat en octobre 2022. C’est vrai que la compagnie nationale a toujours bénéficié du soutien du Président et des autorités gouvernementales. Je suis personnellement très impliqué dans ladite opération de redressement du pavillon national avec mon collègue en charge des finances et suivant les orientations du Chef de l’Etat qui a nommé une nouvelle équipe de direction de la compagnie avec des professionnels expérimentés. Vous avez raison, l’existence d’une compagnie forte, de référence est effectivement une des conditions de succès d’un hub aérien. Mais il ne faut pas oublier qu’Air Sénégal, c’est l’histoire d’une jeune compagnie qui a démarré sa première ligne un an avant la crise de la Covid-19 et qui n’a pas eu le temps et les moyens de créer les bases structurelles de sa résilience face aux chocs exogènes et multiformes liés notamment à la hausse du prix du carburant et aux longues immobilisations d’une partie de sa flotte en maintenance. Cependant, à la faveur de la reprise du trafic aérien national et international, le Gouvernement a mis en place un plan qui prévoit de revenir à l’équilibre financier opérationnel au plus tard en décembre 2023, si tous les moyens requis sont mis à disposition pour le renforcement de la flotte, la maîtrise du Handling et le recrutement de pilotes et mécaniciens.
 
Avec une flotte réduite à deux - trois appareils, Air Sénégal veut desservir beaucoup de destinations. Pourquoi ne pas rationaliser les plans ?
 
La flotte de la compagnie tourne en réalité autour de neuf (09) avions disponibles. La nouvelle direction générale a déjà entamé un processus de rationalisation des différentes lignes, surtout celles qui sont structurellement déficitaires. Il faut également noter que nos appareils sont rarement disponibles et fonctionnels en même temps du fait des exigences de maintenance et de sécurité. Ceci constitue une véritable difficulté pour notre jeune compagnie d’où l’urgence de disposer d’un centre de maintenance aéronautique autonome au sein de notre aéroport. C’est tout le sens de la priorité accordée également à la création de l’AIMAC avec un partenariat entre AIBD.sa et l’école de l’Armée de l’Air d’une part et Air Sénégal.sa et l’école de l’Armée de l’Air d’autre part.
 
La compagnie fait aussi face à une crise de confiance en raison des annulations et retards de vols sans aucune explication aux usagers. Quel est selon vous, le schéma pour redorer le blason de la compagnie ?
L’écho des remarques des passagers nous parvient effectivement. C’est une attitude légitime que je comprends et je tiens à saluer l’élan patriotique qui les pousse à rester des clients fidèles de notre compagnie nationale qui dispose d’appareils de dernière génération et qui est en train de monter en puissance. Ce que je peux solliciter de leur part, c’est un peu de patience et de bienveillance le temps de la mise en œuvre du plan de redressement et de relance 2022-2025. D’ores et déjà, des mesures pour renforcer la communication avec les passagers et pour optimiser les opérations sont en train d’être mises en œuvre. Vous parlez de crise de confiance. Dans les faits, on est obligé de constater que les dysfonctionnements évoqués tantôt n’ont en rien entamé la confiance des usagers. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, avec seulement trois années d’activités effectives, Air Sénégal a transporté 829 758 passagers et a réalisé un chiffre d’affaires dépassant les 100 milliards FCFA.
 
Où est-ce que vous en êtes avec les appareils cloués au sol ? Comme je l’ai dit tantôt, il y a des checks techniques obligatoires auxquels les avions doivent se soumettre après un certain nombre de vols prédéfinis. C’est aussi valable pour le personnel navigant avec les exigences réglementaires. Aucun compromis avec la sécurité n’étant permis, nous sommes très souvent obligés de faire la queue dans les centres de maintenance aéronautique de référence avant de pouvoir bénéficier des services. C’est couteux financièrement, c’est aussi impactant en termes de performance opérationnelle. Et, cela oblige la compagnie à procéder à des arbitrages récurrents pour faire face aux délais des vols initialement prévus. Le plan de redressement qui envisage de porter la flotte à au moins dix-huit (18) avions permettra d’atténuer ces risques afin d’assurer la ponctualité de nos lignes et de booster nos performances opérationnelles, commerciales et financières.

Peut-on envisager une recapitalisation d’Air Sénégal et sous quelle forme ?
 
Mon expérience de banquier d’affaires me fait penser qu’il faut tout d’abord réussir le redressement financier de la compagnie en diversifiant ses revenus, en développant l’activité fret, en maitrisant les charges opérationnels, en garantissant la ponctualité des vols, en modernisant la flotte, en optimisant les opérations sol et air, en développant la commercialisation, en optimisant le parcours client, en maitrisant les prestations de maintenance et de handling. Et si ces étapes sont bien réussies, la mariée sera belle pour envisager de solides alliances avec des partenaires techniques et stratégiques pouvant aller jusqu’à l’ouverture de son capital.
 
Le pays bruit du renvoi de Ousmane Sonko en Chambre criminelle pour l’affaire de viol présumé. Est-ce que vous avez été surpris par l’issue de cette affaire ?
 
J’ai beaucoup de respect pour l’institution judiciaire qui est un organe vital de notre démocratie. J’éviterai donc de me hasarder à   des pronostics, dans une affaire pendante en justice. Lorsqu’on est seul maître de son agenda, on est seul comptable des conséquences de ses rendez-vous. Je ne vais pas m’ériger en donneur de leçons mais quand on se prévaut d’incarner ou de représenter les idéaux les plus élevés de la morale, lorsqu’on veut s’ériger en bouclier de l’éthique ou quand on s’autoproclame épicentre de la vertu, on doit éviter d’écrire son histoire, dans le jacuzzi d’un salon de massage. Si vous vilipendez la justice, vous déniez la République, si vous déniez la République, alors vous êtes disqualifié pour l’incarner. J’espère que la justice sénégalaise aura à    cœur comme pour n’importe quel justiciable sénégalais, de prendre ses responsabilités avec courage et indépendance face au déni et à l’irrespect que certains tentent de lui opposer. Sinon ce sera une défaite de la République et une absolue faillite de nos institutions dans la conduite des affaires régaliennes de l’État. Qui a tort, qui a raison, c’est au tribunal d’en juger.
 
Le leader de Pastef et ses militants jurent de ne pas aller au procès. Comment vous l’analysez ?
 
Ils ont tort ! Vouloir mettre le pays à feu et à sang en appelant à la violence physique juste pour échapper à la justice, montre à quel point les penchants insurrectionnels et anarchistes du Pastef sont en train de se découvrir. Ils refusent d’accepter l’idée même d’un procès alors qu’ils passent quasiment tout leur temps à faire le procès des institutions de la République et de tous ceux qui les incarnent. Par ailleurs, n’est-ce pas Ousmane Sonko lui-même qui exprimait son impatience à aller au procès sous prétexte que le dossier était vide? L’occasion lui est maintenant donnée de le démontrer devant la justice et devant le peuple sénégalais.
 
Vous êtes un opposant farouche à Ousmane Sonko à Ziguinchor, quelle réplique comptez-vous lui apporter sur le terrain face à ses menaces ?
 
Farouche, certes. Mais je suis surtout un adversaire redoutable et déterminé. Mes répliques sur le terrain sont toujours proportionnelles à ses attaques et menaces.
 Avant son entrée en politique en 2014, voilà un congénère avec qui je partage la même communauté de Ziguinchor et du village de Bessire, que je n’ai jamais vu fréquenter les siens avant son entrée en politique, que je n’ai jamais rencontré dans une cérémonie familiale.
 Pourtant nous sommes de la même génération. Je le connais parce qu’il n’a pas hésité à chaque fois, en utilisant sa méthode favorite, la diffamation, la victimisation et la manipulation, d’essayer, de me mettre en mal avec mes parents diolas et en particulier ceux de Bessire.
 Par son incompétence à diriger les affaires publiques, l’histoire me donne raison puisque depuis qu’il est élu maire de Ziguinchor, son amateurisme saute aux yeux des populations administrées. Il a illustré tout récemment, par exemple, son manque total de compassion en refusant d’aider des étudiants Ziguinchorois qui risquaient l’expulsion de leur logement.
 Au début de ma réponse, je disais que mon opposition politique à Ousmane Sonko est sans fard et sans concession. Il y a une différence fondamentale entre lui et moi car j’ai un vécu et un bilan en tant que serviteur de l’Etat.
 
De l’âge de 28ans, comme conseiller technique du Dg de l’Apix, jusqu’à mes 48 ans en tant que ministre de la République, j’ai franchi les échelons de la haute administration et de la haute finance internationale.
 
J’ai la chance de participer à un niveau élevé de l’Etat, à la gestion des affaires de la Nation. Et c’est là où se trouve la vraie différence entre le grand serviteur de la République et le politicien prestidigitateur et manipulateur.
 
Je terminerai la description de ce personnage en mettant le doigt sur son manque de vision programmatique, sur ces méthodes archaïques, sur ses théories dépassées et rétrogrades.
 
Quelle est la position de Doudou Kâ sur la candidature de Macky Sall, en 2024 ?
 
Ma position sera celle de mon chef de parti. Il est notre meilleur candidat et il sera le meilleur Président de la République pour les cinq prochaines années.
 Ces élections seront décisives car le choix de son Excellence Macky SALL ne pourra que conforter notre volonté d’aller résolument vers un Sénégal mature, stable, conquérant et tourné vers l’émergence sociale et économique.
 Le meeting de ce dimanche à Pikine en est la preuve avec cette forte mobilisation de la jeunesse qui réclame la poursuite de l’excellent travail déjà entamé par le président de la République.
 
N’êtes-vous pas en train de pousser le Président à se dédire ?
 On a vu comment l’intention de notre président de réduire son mandat de 7 à 5 ans avait été rejetée par le Conseil Constitutionnel. La parole n’est pas un acte juridique ; tout au plus, c’est une intention. Dès lors qu’elle a été votée par référendum, la nouvelle constitution fait loi ; et toute autre déclaration est de nul effet.
 Récemment, j’ai fait une tribune où j’expliquais que le fait de contester la candidature du Président de la République est une grave atteinte à notre démocratie. En effet, le Conseil constitutionnel est seul juge des candidatures. L’enjeu ne se trouve pas dans le choix des candidatures mais bien dans l’expression transparente et populaire du suffrage universel. Une élection présidentielle est d’abord la rencontre entre un Homme et un peuple. Alors laissons au peuple le dernier mot.




Entretien réalisé par le quotidien l'OBSERVATEUR



 
 
 
 
 
 
 
 



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