Dakarposte.com - Le site des scoops
Dakarposte.com
 

Engagement politique de ministres technocrates : contrainte ou conviction ?

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 13 Janvier 2017 à 16:39

Engagement politique de ministres technocrates : contrainte ou conviction ?

Jamais ils n’ont milité dans un parti politique. Technocrates, énarques ou hauts cadres de l’Administration, ces personnalités s’engagent maintenant dans l’arène politique où règnent les invectives, la conspiration, la calomnie et même le mysticisme maraboutique. Contraints ou convaincus, ils se sont tous engagés dans l’APR, parti au pouvoir, et commencent à recevoir des coups.

Le Premier ministre Mouhammed Boune Abdallah Dionne a envahi Gossas et y a tenu un meeting qui consacre son ancrage dans l’APR. Abdoulaye Daouda Diallo, Inspecteurs des Impôts et Domaines, tient un fief APR à Boké Dialloubé, une bourgade située dans le Fouta. Amadou Ba, ancien DG des Impôts et Domaines, devenu Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, est descendu dans la difficile zone des Parcelles Assainies. Sidiki Kaba, avocat chevronné connu de la Société civile, s’est aussi plongé dans l’APR à Tambacounda pour y défendre Macky Sall et son régime. Le Diplomate Mankeur Ndiaye et le brillant et ingénieux Matar Cissé, ancien Directeur général de la Douane et actuel Directeur général de la Sénélec, se sont engagés dans l’APR à Dagana, leur terroir.  L’émérite Universitaire et ancien Recteur de l’Université Gaston Berger, qui a toujours eu une sorte d’aversion pour la politique, a aussi investi la cité de Bango, à Saint-Louis, y devenant un responsable local de l’APR.

La liste est longue. Et la majorité des ministres de Macky Sall n’ont jamais, auparavant, pensé s’engager en politique. Mais aujourd’hui, nommés dans le gouvernement et occupant des postes aguichants, ils plongent tous dans le parti au pouvoir. Est-ce par conviction ou est-ce par obligation pour rester dans le système gouvernant ? Voilà la question.

S’engager dans le Macky ou quitter

Macky Sall détient, dans tous les cas, un Pouvoir d’Etat immense. Il nomme qui il veut. Mais avec les enjeux électoraux et la volonté légitime de disposer d’un appareil partisan solide, l’engagement dans son parti, l’APR, est finalement une exigence. S’y engager demeure la seule garantie de conservation de la fonction à laquelle on a été nommé.

Ce fut une surprise pour de nombreux observateurs de voir des technocrates d’une respectabilité si immense et d’une compétence partout prouvée, plonger dans l’arène politique. La surprise fut d’autant plus grande que les diatribes politiciennes, les tiraillements de clan et la confrontation politique sur fond de répliques et d’invectives, n’ont jamais été dans leurs agendas. Déjà, certains parmi ces ministres qui sont étrangers au jeu politique et qui se sont engagés dans l’APR, commencent à être attaqués avec violence, voyant même leurs noms griffonnés dans la rue publique et injuriés.

Mais c’est le coût de l’engagement politique. Sortir du Macky de l’APR, c’est perdre. C’est même subir parfois une conspiration politique qui détruit la personnalité ou souille son honorabilité. Seulement, ces technocrates au parcours prestigieux, aux CV prodigieux et aux expériences professionnelles mirifiques, n’ont pas le choix. Ils s’engagent  dans l’APR par obligation.

Macky Sall a besoin de responsables politiques qui élargissent les bases de son parti pas encore hégémonique. Toute personne qu’il responsabilise à des postes de Ministres, Ministres-Conseillers, Directeurs généraux d’Agences, de Sociétés nationales ou PCA, est donc contrainte de s’engager dans l’APR, chercher une base et œuvrer à la faire peser sur la balance électorale.

Engagement politique de circonstance

Ces Ministres, Ministres-Conseillers, DG et PCA s’engagent dans l’APR pour conserver leurs sinécures. Ils quitteraient le parti si Macky Sall ne serait plus au pouvoir. Ils ne croient pas en son appareil politique. Ils croient au pouvoir qu’il détient.  Le PS et le PDS en savent bien quelque chose.

Et puis, pour la première fois dans l’histoire, des magistrats, (ils sont deux), s’engagent dans le parti au pouvoir et mènent une bataille partisane qui entache leur probité et leur intégrité. On en voit dans l’APR et c’est une première dans l’histoire.

Or, la politique est délicate au Sénégal. Le responsable dans un parti, surtout au pouvoir, est plus à l’échafaud qu’au zénith. Il est plus offensé, outragé, accusé et diabolisé qu’ovationné. Encore qu’aucun homme, ni femme politique aujourd’hui, surtout ceux qui sont au pouvoir, ne mène son action en se déployant dans les limites de l’ordre moral en vue du bien commun.

C’est pourquoi, les nouveaux responsables APR venus de la Société civile ou de la Haute Administration, changent de faciès et de discours. Mais ils restent des néophytes du jeu politique. Ils peinent d’ailleurs à s’imposer dans les collectivités locales qu’ils ont investies.  Pire,  le jeu politique étant un art de conspiration et de mystification sur fond de démagogie, il est difficile pour ces nouveaux Ministres, DG, et autres responsables APR de se laisser guider par des valeurs en refusant le mensonge et la démagogie. Le respect de la vertu morale est  chimérique dans le jeu politique sénégalais.

Le Piroguier



Inscription à la newsletter






Vidéos & images