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Entretien avec Yakham Mbaye – « Je ne suis pas Youssou Touré »

Rédigé par Dakarposte le Mardi 26 Septembre 2017 à 12:54

Monsieur le ministre, est-il vrai, comme ça nous a été rapporté que finalement vous vous êtes retrouvés le Président Macky Sall et vous, et que vous avez reconsidéré votre démission de l’Apr ?

Le lien entre le Président de la République et moi n’a jamais été rompu, pour qu’on puisse parler de retrouvailles.

D’accord, mais vous n’avez pas répondu à la question relative à la renonciation à votre démission…

La réponse est simple : tout au long d’échanges profonds et francs, le Président de la République m’a signifié que ma décision est, à ses yeux, inopportune et mauvaise. En conséquence, et en dépit du fait qu’il m’a dit avoir compris les motifs qui m’ont poussé à pareille extrémité, il ne peut accepter cette démission. En somme, s’il n’a jamais douté de ma ferme volonté d’être à ses côtés et à son service, il n’en exige pas moins que je demeure dans les rangs de son parti. En vérité, l’essentiel de nos divers échanges renvoie plus à des leçons de vie qu’à la politique. Lorsqu’il s’est agi d’apprécier l’acte que j’ai posé le 09 septembre 2017, il n’a pas été trop question de rhétorique. Il m’a parlé et indiqué ce qu’il souhaitait, je l’ai écouté et entendu, et j’ai obtempéré.

Est-ce que vous ne craignez pas d’être mal jugé comme Youssou Touré ?

Je ne crains absolument rien ! Je ne suis pas Youssou Touré ou un autre. Je suis Yakham Mbaye et non un reptile. Mes convictions ne sont pas en caoutchouc, à géométrie variable. Pour moi, un ancien ministre est une tombe et non une cloche qui carillonne. Par conséquent, aucun secret d’Etat n’est tombé de mes lèvres. Je n’ai dit du mal de personne, sinon indexer en les nommant les adeptes du coup de Jarnac, et remettre à l’endroit Tartuffe tenté de me dispenser un cours d’éthique. Je ne retire pas une virgule de ce que j’ai dit à leur endroit. Je ne cherche aucune justification, encore moins un quelconque pardon, car je n’ai porté tort à personne en me laissant emporter par l’émotion. J’ai pris et assumé une décision parce que j’en étais arrivé à un point où je ne pouvais plus encaisser et digérer, sans réagir, une multitude de coups infâmes portés à mon honneur.
Certes, j’ai ressenti une certaine gêne en écoutant le sermon du Président Macky Sall, qui est une personne juste, lucide et clairvoyante, admirablement bien placée pour mesurer ce que j’ai enduré. Il est assez persuasif pour ramener à sa raison une personne blessée et révoltée. Tout au long de nos échanges, il a eu des mots justes et réconfortants à mon endroit. Parallèlement, il n’a pas pris de gants pour pointer des manquements qui renvoient à mon degré de résilience, car, en définitive, et j’en conviens, nous sommes en politique et non dans un monastère.

Et la Première Dame ?

Quoi la Première Dame ?

Parce qu’il a été beaucoup question d’elle dans les événements liés à votre démission…

Je vais vous faire une confidence qui, sans nul doute, ne va pas ravir quelques éléments de ma famille politique qui ont œuvré inlassablement à ma perte. Mais, tant pis pour eux ! La Première Dame est avec mon frère aîné, Papa Yama Mbaye, à qui je rends un hommage appuyé, les deux personnes qui ont été permanemment à mes côtés durant ces quinze derniers jours d’épreuves marquantes.
Quotidiennement, depuis l’étranger, ici au Sénégal, elle a été présente à mes côtés. Comme elle a eu à le faire à plusieurs reprises, dans le passé, alors même que personne ne songeait qu’elle serait Première Dame du Sénégal. Sans nul doute, elle me considère comme un membre à part entière de sa famille.

Donc, votre supposée brouille relève de contre-vérités ?

Je vais vous faire une autre confidence : hier, lundi, comme au bon vieux temps, j’ai passé presque toute la soirée avec elle et sa famille. Sa mère, son père, qui ont fortement prié pour moi, à l’instant où avec elle je prenais congé d’eux, laissant sur place ses frères, Mansour Faye, Iba Faye, Adama Faye et Malick Seck. Tous, nous avons passé de longues heures ensemble, en famille. Ce qui me lie au Président de la République, à la Première Dame et à leurs familles, est antérieur et sera postérieur à la politique et aux positions qu’elle induit. En dépit des turbulences de la vie, j’ai l’intime conviction qu’il en sera ainsi jusqu’après 2024, Inch Allah.
En définitive, je remercie tous ceux qui ont tenté d’œuvrer à ma perte, car ils m’ont rendu d’inestimables services. En politique, on a beau être vigilant, méfiant, jamais on ne sera à l’abri de coups de boutoirs assénés par des mains imprévues. En quelques jours, le propos de Antigonos («Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge»), m’est apparu dans toute sa vérité cruelle.

 
 



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