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Le printemps des incohérences

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 2 Mars 2016 à 23:40

Ces derniers temps, nous sommes nombreux à constater, pour le regretter, que le corps de l’argumentaire dans l’espace politique présente des infections redoutables dont la plupart sont liées à des responsabilités mal assumées…


Le président de la République, M. Macky Sall a été traité de parjure pour, dit-on, avoir trahi sa parole par rapport à sa décision matinalement annoncée de ramener son mandat à cinq ans. S’intéresser au bien-fondé d’une telle accusation est un acte certes logique, et même impérieux dans une démocratie comme la nôtre, à condition cependant que ceux qui sont censés se poser une telle question soient assez courageux pour s’interroger aussi sur le degré de cohérence de ceux-là même qui s’offusquent de la rétractation du « Gardien de la Constitution ».  
On se rappelle qu’aux premières heures de la polémique autour du référendum, un farouche vent de désaccord avait soufflé entre les illustres tenants de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler le front du « NON ». Si certains étaient d’emblée rigoureusement favorables au boycott, d’autres s’étaient clairement penchés du côté d’un « NON » sec et catégorique. Aussi, un moment, avions-nous été témoins d’un camp fissuré, d’un « bloc » divisé jusqu’à l’affliction dans son homogénéité de façade.
Ce spectacle n’est ni plus ni moins que la preuve d’une incohérence cancéreuse qui gangrène, de l’intérieur, la colonne vertébrale d’une opposition condamnée à afficher une silhouette harmonieuse pour les besoins de la très conventionnelle photo d’une « famille » qui n’existe que de nom. En effet, c’est aussi un signe d’incrédibilité pour une opposition politique organisée sous la forme d’une coalition d’adversaires que d’être incapable d’accorder ses violons, de faire sa cuisine interne (quand les circonstances le lui imposent) de manière expéditive, mais avec un maximum de discrétion, et, par conséquent, de parler d’une voix unie et… unique !
L’ « harmattan » des incohérences n’a pas aussi épargné les 45 éminentissimes professeurs de Droit signataires du fameux document matérialisant le mécontentement « très objectif » d’une classe orthodoxe de la Science juridique par rapport à la manière transgressive et tendancieuse dont le Conseil constitutionnel a pris l’habitude de légiférer sur les cas à lui soumis. A vrai dire on peut difficilement douter de l’opportunité et de la probité de leur démarche. Mais cette évidence ne les exempte guère non plus de reproche. Nous pensons, par exemple, que la question que voici les mettrait dans un parfait inconfort : vous vous insurgez aujourd’hui contre les « errements » du Conseil constitutionnel, mais n’êtes-vous pas aussi un peu coresponsables des violations que vous dénoncez, dans la mesure où, suite à la promesse du candidat Macky Sall de ramener son mandat à 5 ans vous ne vous êtes pas automatiquement auto saisis pour faire comprendre à l’opinion les complexités insidieuses que renferme la mise en œuvre d’un tel engagement ? Autrement dit, à partir du moment où vous étiez naturellement conscients des « subterfuges démagogiques » dont le candidat Sall pourrait être amené à se servir pour se soustraire à son engagement une fois dans la peau d’un président, pourquoi n’avez-vous pas agité le débat à l’époque, déjà, au risque même d’être traités d’empêcheurs de tourner en rond ? 
Tenter de guérir, c’est bien, mais prévenir, c’est tellement mieux ! Ce que nos brillants professeurs de Droit ont dernièrement entrepris, on ne peut point, malheureusement, le qualifier de prévention. C’est la réaction, sur le tard, de « sapeurs pompiers » qui ont regardé pendant longtemps le feu se propager, avant de se décider à organiser un remuant Plan ORSEC… 
L’on ne saurait refermer ce sombre chapitre des incohérences sans évoquer, pour le déplorer, le numéro de mauvaise comédie que le sieur Youssou Touré a tout dernièrement servi aux Sénégalais. Cet enseignant, promu à force d’audace, à de hautes responsabilités étatiques, donne, une fois de plus, du grain à moudre à ses contempteurs pour avoir ravalé, en l’intervalle de quelques tours d’horloge, une démission portée à la connaissance publique de la manière la plus spectaculaire qui soit. La médiation entreprise par la Première dame et le Président du groupe parlementaire « Benno Bokk Yakkar » ne devrait-elle pas donc déboucher sur l’internement du vieil enseignant dans une garderie d’enfants ?        
Questions à mille balles !     

Ibra Déguène Keung



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