Dakarposte.com - Le site des scoops
Dakarposte.com
 

Pour le 7 janvier, «Charlie Hebdo» caricature le guide suprême iranien

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 4 Janvier 2023 à 06:08

Pour le 7 janvier, «Charlie Hebdo» caricature le guide suprême iranien
«Les dessinateurs flanquent une raclée aux mollahs», claironne la une de Charlie Hebdo qui paraît en kiosques ce mercredi. Pour un numéro spécial commémorant les attentats du 7 janvier 2015, le journal satirique a choisi de publier les résultats d’un concours international de caricatures, lancé le mois dernier en soutien au mouvement de contestation en Iran. «Réalisez la caricature la plus drôle et méchante d’Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique d’Iran», invitait le concours intitulé #MullahsGetOut («Les mollahs, dégagez»). Au total, Charlie Hebdo a reçu plus de 300 dessins en quinze jours et une trentaine d’entre eux se retrouvent dans les pages du journal de mercredi.

«Dessin libérateur»
L’idée est venue de Riss, le directeur de Charlie Hebdo : «On voulait soutenir ce qui se passait en Iran, raconte-t-il à Libération. Et en voyant Ali Khamenei, qui n’est pas un personnage qu’on voit souvent dans les médias, on s’est dit qu’il avait une bonne tête à caricaturer. Après, on s’est demandé, est-ce qu’il faut que ce soit nous, ou doit-on faire appel à des dessinateurs du monde entier ?»

Le concours fait aussi écho à un autre, lancé en 1993. A l’époque, rappelle Riss dans son édito de mercredi, c’est Téhéran qui appelle d’abord les dessinateurs locaux à brocarder Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques. En réaction, Charlie Hebdo publie alors une vingtaine de dessins satiriques sur la République islamique d’Iran. «Finalement, sans ce concours lancé par des ayatollahs iraniens qui voulaient ridiculiser Rushdie, nous n’aurions peut-être jamais eu l’idée de publier, treize ans plus tard, des caricatures de Mahomet, ni aujourd’hui celles du Guide suprême iranien actuel. Au moins, pour cette seule raison, on peut leur dire merci !» écrit Riss.

Une bonne partie des dessins publiés sont ainsi l’œuvre d’Iraniens, la plupart réfugiés à l’étranger. D’autres proviennent d’Italie, des Pays Bas, de Turquie ou de Suède, croqués tout autant par des professionnels que des amateurs. «Ce qui est souvent mis en scène, c’est la révolte des femmes, avec des dessins qui inversent les rôles : des femmes font subir aux mollahs ce qu’elles subissent, note Riss. Certains sont intéressants graphiquement, d’autres sont marrants, comme celui où on voit une femme qui urine sur un mollah [par l’Italien LP, ndlr]. C’est sans détour, direct. On sent que c’est vraiment un dessin libérateur.»

A quelles réactions s’attend Charlie Hebdo ? «On a subi des attaques informatiques, comme ça arrive parfois, commente Riss. Et il y a déjà eu des réactions officielles du régime iranien, quand on a lancé le concours.» Le 12 décembre, l’une des agences de presse nationales d’Iran, l’Irna, écrivait ainsi que l’hebdomadaire faisait partie d’une liste de personnes et d’entités visées par des sanctions qui incluait un gel de leurs avoirs dans le pays ou une interdiction d’entrée sur le territoire. Pour Riss, s’en prendre aux mollahs iraniens s’inscrit dans la lutte menée depuis toujours par Charlie Hebdo contre l’obscurantisme religieux, et dont le journal a été victime il y a huit ans : «Si ce numéro commémore les attentats du 7 janvier, c’est parce qu’il y a la même problématique de liberté d’expression en Iran. C’est un Etat théocratique, tout ce que nous combattons, et cela fait écho à ce que l’on a vécu à Charlie Hebdo.»

Caricature par LP (Italie).



Inscription à la newsletter






Vidéos & images