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TAMBACOUNDA - AFFAIRE BINETA CAMARA- La Cour d’appel déboute la défense

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 22 Décembre 2022 à 15:11

Hier, la Cour d’appel de Tambacounda a évoqué l’affaire Bineta Camara. Elle a suivi le parquet et confirmé la décision prise en première instance. Le prévenu écope de la réclusion criminelle à perpétuité.


TAMBACOUNDA - AFFAIRE BINETA CAMARA-  La Cour d’appel déboute la défense
C'est dans une salle d’audience pleine comme un œuf que s'est jugée en appel, hier, l'affaire Bineta Camara, la fille de l'ex-directeur général de l'Agence de développement local (ADL), Malal Camara. Les faits, dans cette affaire qui a longtemps défrayé la chronique à Tambacounda, remontent au 18 mai 2020.

À l'entame du procès en appel, qui a connu quelques reports, le conseil de la défense, Maître Clédor Ciré Ly, a soulevé deux  exceptions. La première concerne le manque de sincérité des officiers de la police judiciaire (OPJ). Selon Me Ly, dans cette affaire, les enquêteurs n'ont pas été loyaux. Ils ont tout simplement manqué de sincérité.

En effet, l’avocat estime que les enquêteurs n'ont pas rapporté ce qu'ils ont vu, entendu et constaté, conformément à la procédure pénale. Puisque, dans le procès-verbal (PV), on parle du sous-vêtement blanc d’un homme, tacheté de sang, retrouvé sur la scène du crime, pour corroborer la thèse de la tentative de viol. Mais cette preuve matérielle n’apparait nulle part. 

Ensuite, le PV fait état de la présence, à côté de la victime trouvée morte et à moitié nue, d’un slip rouge. Là aussi, l’avocat de la défense se demande : où est passé ce slip ? Ces éléments amènent la défense à faire constater la manipulation de la scène de crime. Pour Me Ly, les OPJ n’ont pas été sincères dans leur PV ; pis, ils ont manipulé la scène de crime dans le seul but d’incriminer son client. 

La seconde exception a trait au décalage entre l’interpellation de son client et la notification de ses droits. Pour la défense, le prévenu doit être informé, dès son interpellation. Or, en l’espèce, selon le PV, l’accusé a été interpellé le 20 mai à 10 h 30 mn, mais n’a été informé des charges contre lui et de son droit d’être représenté qu’à 16 h. Ce qui constitue une violation de la loi, à en croire la défense.

Le juge de la cour ayant pris acte des exceptions soulevées dans la forme, a autorisé la tenue du procès dans le fond.

Vêtu de blanc, le prévenu Pape Alioune Fall a plaidé non coupable pour tentative de viol et meurtre. Il faut noter qu’en l’espèce, pour la tentative de viol, le prévenu a toujours plaidé non coupable, depuis l’enquête préliminaire jusqu’à l’instruction. Par contre, il avait avoué, pendant cette même instruction, avoir étranglé sa victime jusqu'à ce que mort s'ensuive. La reconstitution des faits du 31 juillet en présence du procureur, du juge et du commissaire de police avait corroboré ses dires.

Mais devant le juge de la cour d’appel, l’inculpé a nié avoir étranglé la victime. Il prétend n’avoir jamais eu l’intention de donner la mort à Bineta.

Selon l’accusé, en venant à la maison, ses intentions étaient tout simplement de demander à la victime de plaider sa cause auprès de son père. “Je lui ai dit qu’après des années de compagnonnage, son père préférait récompenser des filles venues récemment”. S’étant sentie offensée par ses propos, Bineta, dit-il, l’a insulté, puis empoigné, avant de lui demander de quitter les lieux.

Ensuite, la fille, poursuit-il, s’est dirigée vers sa chambre de sa maman. L’accusé dit avoir voulu la calmer, mais celle-ci s’est saisie d’un pot de fleurs pour le frapper. C’est ainsi qu’il l’a repoussée violemment. Elle est tombée et son visage a heurté le pied du lit. La pommette droite, ajoute-t-il, a éclaté et le sang s’est mis à gicler. Il déclare avoir voulu aider la victime, mais elle s’est mise à se débattre de toutes ses forces. Ce qui explique, selon lui, les griffures sur sa poitrine et le devant du cou de la jeune fille.

Ayant entendu quelqu’un frapper à la porte de la maison, il ajoute avoir pris peur et a escaladé le mur pour s’enfuir. En partant, il a emporté le portable de la victime qui, selon lui, n’arrêtait pas de sonner. La perquisition de sa chambre a, d’ailleurs, permis la découverte du téléphone minutieusement dissimulé sous le matelas du prévenu.

‘’Le foulard doublement noué était très serré autour du cou de ma nièce’’

Les témoins, qui sont arrivés les premiers sur le lieu du crime, ont confirmé avoir trouvé la victime à moitié nue, la robe relevée jusqu’au niveau du buste, sans petite culotte. Ils affirment également avoir trouvé le foulard de la défunte noué autour de son cou. ‘’Le foulard doublement noué était très serré autour du cou de ma nièce’’, a révélé Alassane Samb, l’oncle de la victime. 

Dans cette affaire, le parquet et les avocats de la défense ont toujours été sur la même longueur d’onde. Ce qui a amené d’ailleurs le conseil de la défense à rappeler au maître des poursuites qu’il devait poursuivre à charge comme à décharge. Une interpellation à laquelle le concerné n’a pas manqué de répondre : ‘’On me reproche de ne plaider qu’à charge sur cette affaire. Mais c’est parce que les faits à charge sont constants et têtus”, a-t-il expliqué.

Pour les avocats de la partie civile, la victime, décrite comme une fille pieuse, réservée et très discrète, n’aurait jamais attaqué violemment le prévenu sur le seul fait que ce dernier lui aurait fait des remarques par rapport au comportement de son père. La partie civile s’est également interrogée sur le caleçon du prévenu tacheté du sang de la victime. Comment le sang de la victime a atterri sur le caleçon de l’accusé, si ce dernier ne s’est pas déshabillé ?

C’est fort de ces remarques que la partie civile et le procureur général ont requis la confirmation de la décision de la chambre criminelle.

Le juge, après avoir rejeté les exceptions soulevées par la défense, a déclaré la procédure régulière dans la forme et dans le fond. Il a ainsi confirmé la décision en première instance, en condamnant le prévenu, déclaré coupable de tentative de viol et de meurtre, à la réclusion criminelle à perpétuité.


















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