Candidature de Macky Sall à l’ONU : Pourquoi l’Etat du Sénégal oppose son veto

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 6 Juin 2025 à 07:11 modifié le Vendredi 6 Juin 2025 11:13

Le gouvernement sénégalais ne soutiendra pas la candidature de l’ancien président Macky Sall au poste de Secrétaire général des Nations unies, si ce dernier venait à se présenter. C’est ce qu’a laissé entendre ce mercredi la ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, lors d’une sortie remarquée devant la presse.


La ministre des Affaires étrangères, Yassine Fall, s’est exprimée mercredi devant la presse afin d’apporter des précisions importantes sur la politique étrangère du Sénégal. Ces déclarations interviennent au moment où des rumeurs persistantes circulent à propos d’une éventuelle candidature de l’ex-président Macky Sall pour le poste de Secrétaire général des Nations unies. La ministre a jugé nécessaire d’éclaircir la situation et de rappeler les critères d’éligibilité et les attentes de l’État sénégalais sur ce sujet ultrasensible. Alors que certaines rumeurs laissent croire à une volonté de Macky Sall de briguer le prestigieux poste de patron de l’ONU, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a tenu à remettre les pendules à l’heure, en clarifiant la posture de l’État. « Tous ceux qui parlent de cette candidature ne savent sans doute pas ce que le candidat doit avoir comme profil, son passé, pour au moins ne serait-ce que penser à candidater », a-t-elle lancé, visiblement agacée par ce qu’elle considère comme une spéculation infondée.

Sans citer directement l’ancien chef de l’État, Yassine Fall a insisté sur le niveau d’exigence requis pour briguer le poste de Secrétaire général des Nations unies : « Ce n’est pas une mince affaire. Le candidat doit avoir un profil solide, un legs solide, un bilan irréprochable. » Des propos fermes qui laissent peu de place à l’ambiguïté. La ministre, en exprimant la position du gouvernement dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye, semble clairement écarter toute possibilité de soutien officiel à une éventuelle candidature de Macky Sall, dont la fin de règne a été marquée par de fortes tensions politiques et sociales.

Des exigences élevées pour le poste de Secrétaire général des Nations unies

Le poste de Secrétaire général des Nations unies est considéré comme l’un des plus élevés en matière de diplomatie internationale. Selon les propos de la ministre, il ne peut être brigué qu’avec un profil exceptionnel et un parcours sans tache. La période récente de transition militaire et les tensions politiques qui ont marqué la fin du mandat de Macky Sall ont été implicitement évoquées comme des obstacles majeurs à une éventuelle candidature sénégalaise soutenue officiellement. Le gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye adopte ainsi une position claire de neutralité sur ce dossier.

« Zéro chance de succès »

Aminata Touré, Haut représentant du Président de la République, ancienne Première ministre, a réagi aux rumeurs persistantes d’une candidature de l’ex-président Macky Sall au poste de Secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), en remplacement d’António Guterres. Dans un message publié sur sa page Facebook ce mardi 3 juin, elle indique que « le profil du prochain patron de l’ONU devra être immaculé en matière de respect des droits humains ». Une condition que, selon elle, l’ancien chef de l’État sénégalais ne remplit pas, au regard de son bilan sur les libertés publiques. « Le remplaçant de António Guterres comme Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sera un homme ou une femme au curriculum vitae immaculé en matière de respect des Droits humains ! », écrit-elle.



Aminata Touré rappelle que « l’ONU est le berceau des Droits humains, et que les États membres sont intransigeants quant au passé des candidats à cette haute fonction internationale. »S’appuyant sur les rapports d’organisations de défense des droits humains du Sénégal, l’ancienne cheffe du gouvernement évoque les 82 décès survenus lors de manifestations au Sénégal entre 2021 et 2024, ainsi que des centaines d’arrestations jugées « arbitraires. » Elle souligne également les conclusions d’Alice Jill Edwards, Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, qui avait, lors de sa visite officielle au Sénégal en février 2025, appelé à la poursuite des personnes impliquées dans des violations des droits humains, notamment pour usage excessif de la force. « Voilà le vrai débat que cette affaire de candidature avec zéro chance de succès essaye de masquer », tranche Aminata Touré. À l’en croire, « les Nations Unies ne peuvent pas être instrumentalisées pour effacer un lourd passif, et l’heure est à la justice : Pas d’écran de fumée ni de manipulation. Que les commanditaires, de haut en bas, et les exécutants répondent de leurs faits devant la Justice ! »
























rewmi
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