Démissions, Licenciements, Salaires, Scandales… : ETICCA En Zone De Turbulence

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 1 Juillet 2020 à 11:36


L’Ecole des techniques internationales du commerce, de la communication et des affaires (Eticca) traverse les plus sombres pages de son histoire. Les maux de l’établissement ont pour noms : arriérés de salaires, démissions et licenciements en série, gestion «calamiteuse»,  conditions de travail précaires, entre autres. Ce cri du cœur des enseignants explique leur brouille avec la Direction générale.
 
Rien n’est plus comme avant à l’Ecole des techniques internationales du commerce, de la communication et des affaires (Eticca). Dans cet institut privé de formation supérieure, les employés et la direction se regardent en chien de faïence. A l’origine de cette situation qui risque de finir devant la Justice, des arriérés de salaires, des conditions de travail jugées «précaires», la «mauvaise gestion» de l’établissement. Et tous ces manquements sont imputés à la directrice générale, Yaye Astou Fall Thiam. «C’est une prise de conscience du personnel sur la situation de prédation dans laquelle se trouve Eticca. L’institution est créée en 2003-2004. Elle n’est pas récente. A l’époque, il y avait une Direction générale et un Conseil d’administration qui gouvernaient et géraient les actions courantes, stratégiques, opérationnelles et académiques de l’institution. Mais depuis 2014, elle a changé. Une recapitalisation de l’institution avait fait que Cheikh Omar Seck est devenu l’actionnaire majoritaire en même temps le président du Conseil d’administration. La Direction générale n’a pas été en reste avec la nomination de Yaye Astou Fall Thiam en 2014 comme Directrice générale. Depuis, la situation se dégrade d’année en année», déplore Madieng Top, délégué du personnel, par ailleurs assistant d’enseignement et d’encadrement. Ce dernier souligne que l’établissement ne cesse d’enregistrer des démissions. «Au moins, 8 des 12 cadres ont rendu leur démission. D’autres sont sur le point de quitter, parce que le mode de gouvernance ne répond pas à l’orthodoxie en termes de management et de pédagogie dans l’enseignement supérieur et la formation professionnelle», laisse-t-il entendre.
 
Démissions et licenciements en cascade
Selon toujours M. Top, les conditions de travail sont devenues très difficiles. Et que l’Eticca traverse des moments difficiles de gouvernance depuis bientôt trois ans. Ces difficultés, dit Madieng Top, leur ont valu une dégringolade des effectifs qui a impacté la situation financière de l’établissement pour faire face aux nombreuses charges. «Le personnel se retrouve avec trois voire quatre mois d’arriérés de salaires sans la moindre communication. Les modes de recrutements laissent à désirer. Le Curriculum vitae (Cv) du nouveau Directeur des études est pompé. On doute même de ses compétences. Cette personne n’a même pas rendu sa démission sur la table de la direction de son institut d’origine», fait-il savoir. Avant d’ajouter : «Le personnel a tenté de proposer des solutions de relance à la Directrice générale qui ne croit qu’en elle-même avec une gestion clanique. La majorité du personnel n’est plus en phase avec elle. Ce qui a occasionné la dégradation de l’environnement entre elle, le corps enseignants et le personnel de l’administration. Une bonne partie des étudiants ont quitté l’établissement à cause d’elle. Sa gestion est calamiteuse».
 
Quatre mois sans salaires  
Selon Ibrahima Sembène, Administrateur des réseaux, le mal est profond. Pour lui, il s’agit plus de frustrations que des arrières de salaires dues aux travailleurs. «Il y a énormément d’attaques, de frustrations, d’arrogance. Ce sont des pratiques qui se sont installées au fur et à mesure. Les gens sont arrivés à un niveau très compliqué. Il est devenu très difficile de travailler dans ce climat», explique-t-il. Ce dernier qui réclame le départ de la Directrice, en plus du paiement des arriérés de salaires, note que les membres de l’Administration sont au nombre de 23 (informatique, ressources humaines, communication, sécurité). «Certains professeurs n’ont pas reçu leurs salaires depuis bientôt un an. Il n’y a même pas eu de communication», dénonce-t-il avant de préciser que ses collègues ne veulent plus travailler avec cette direction. «Il n’y a que deux solutions pour régler cette situation. Soit, la Directrice générale quitte l’établissement, soit on nous paie nos droits pour quitter. Il n’est plus possible de travailler avec cette dame», fait-il savoir.
 
Les enseignants réclament 18 millions 
Selon des sources contactées par WalfQuotidien, la qualité prônée par cet établissement de formation est fausse. Ce qui a, par ailleurs, motivé la démission de Mamadou Senghor, ancien Directeur des études. «Il n’était pas en phase avec le mode de gestion. La Directrice n’a aucune compétence dans le ménagement. Il n’y a jamais eu de passation de marchés. La qualité académique a été reléguée au second plan. Il n’y a jamais eu d’achat d’ouvrage. On prône la qualité, la gouvernance n’y a jamais cru», confie-t-on.
 
Les investigations permettent de révéler que l’établissement en question est passé de 600 étudiants, toutes filières confondues en 2014, à 150 apprenants en 2020. Entre 2014 et 2020, l’école qui comptait 12 cadres, a vu 8 d’entre eux déposer leurs démissions, d’autres licenciés. Outre des enseignants à l’internet, plus de 40 vacataires, 5 techniciens de surface et 4 vigiles courent derrières une enveloppe de 16 voire 18 millions de francs Cfa dus au corps professoral, depuis novembre 2019.
 
 
 
 
 
 
Salif KA Walf
Mamadou Ndiaye
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