En Espagne, la panne d'électricité relance le débat sur la fermeture de centrales nucléaires

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 2 Mai 2025 à 13:40 modifié le Vendredi 2 Mai 2025 13:43

Le blackout de lundi dans la péninsule ibérique rouvre le débat sur les centrales nucléaires alors que Madrid prône leur fermeture.


Le chaos provoqué par la panne d'électricité géante ce lundi dans la péninsule ibérique a relancé le débat sur la nature du mix énergétique ibérique en Espagne. Selon la presse conservatrice et plusieurs partis d'opposition, ce blackout aurait été causé par "le manque de centrales nucléaires et le "boom" des énergies renouvelables.

Patricia Rubio, ingénieure à la centrale nucléaire d'Almaraz, met en garde contre les dangers de l'abandon de cette technologie. "Nous mettons en péril la viabilité de certaines technologies dont nous avons besoin et qui sont vitales, car elles nous assurent la stabilité du réseau, la garantie de l'approvisionnement et toujours à des prix compétitifs", déclare-t-elle. La fermeture d'Almaraz pourrait selon elle aggraver les problèmes d'approvisionnement en électricité.

Le gouvernement espagnol maintient toutefois son plan de démantèlement des centrales nucléaires. Une décision que le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a maintenu après le blackout.

La fermeture d'Almaraz se poursuit sans changement. Cette décision suscite l'inquiétude des régions dépendantes de la centrale, qui craignent un exode des habitants dû à la fermeture d'un secteur générateur d'un grand nombre d'emplois. Patricia Rubio défend la viabilité technique d'Almaraz : "d'un point de vue technique, il n'y a aucune raison, c'est une usine moderne avec des investissements annuels de 50 millions d'euros pour mettre à jour sa technologie et améliorer la sécurité", affirme-t-elle.



Teresa Ribera, actuelle vice-présidente de la Commission européenne, avait approuvé le plan de démantèlement des centrales nucléaire en Espagne. Aujourd'hui, elle plaide pour leur réexploitation, tout comme plusieurs autorités régionales espagnoles.

À Belvís de Monroy, près d'Almaraz, les autorités locales préconisent une combinaison d'énergies renouvelables et de nucléaire. Elles affirment que l'énergie solaire et l'énergie éolienne sont positives, mais qu'elles doivent compléter l'énergie nucléaire et non la remplacer complètement. Fernando Sánchez, maire de Belvís, critique la position espagnole. "L'Allemagne a compris qu'elle avait arrêté son plan de démantèlement, tout comme l'Italie, qui veut construire des centrales, la Pologne l'a compris, et même la Belgique, où deux nouveaux réacteurs ont été approuvés avec la signature de Teresa Ribera", déclare-t-il.

Impact économique de la fermeture de la centrale d'Almaraz

Le gouvernement régional d'Estrémadure, soutenu par les gouvernements régionaux et provinciaux, demande l'annulation de la fermeture d'Almaraz. La région craint un impact économique et social dévastateur. La situation est telle que le PP et le PSOE ont conclu un accord demandant au gouvernement central d'annuler la fermeture de l'usine.

María Fe Gutiérrez, responsable de l'emploi au gouvernement régional d'Estrémadure, réaffirme cette position. "Le gouvernement régional est en faveur de la continuité au niveau régional, tout comme la présidence de la Junta de Extremadura et les deux conseils provinciaux", déclare-t-elle. L'usine est vitale pour l'économie locale, en particulier dans une région qui figure parmi les cinq plus dépeuplées d'Espagne. Sa fermeture risque d'exacerber ce problème.


La fermeture d'Almaraz présente non seulement des risques énergétiques, mais aussi des risques économiques. Iván Hidalgo, président de l'association professionnelle Moralo, met en garde contre les conséquences. "Les travailleurs devront émigrer vers d'autres régions d'Espagne pour chercher du travail, ce qui entraînera une perte de population et une baisse de la consommation", explique-t-il. La région perdrait son dynamisme économique et sa population active, selon l'association.
La fermeture de cette centrale nucléaire pourrait provoquer des pannes d'électricité en Espagne, selon plusieurs rapports. De plus, elle obligerait le gouvernement à acheter de l'énergie à l'étranger dans un contexte de tension internationale maximale.



















euronews
Recommandé Pour Vous