D’après les informations publiées par le journal Yoor Yoor Bi, tout commence en 2016, au lendemain de la création du HCCT, alors présidé par Ousmane Tanor Dieng. L’État du Sénégal, par l’intermédiaire de l’AGPBE — devenue par la suite la SOGEPA — dirigée à l’époque par Abdou Karim Fofana, conclut un contrat de location avec la SCI Fara pour la mise à disposition d’un immeuble situé au Point E.
Un loyer en or pour un immeuble public
L’immeuble concerné, de type R+8 avec un sous-sol, appartient à Cheikh Seck, ancien gardien de but du Jaraaf et des Lions. Le contrat, signé en 2016, établit un loyer mensuel de 40 millions de francs CFA pour abriter le HCCT. En 2017, Cheikh Seck propose officiellement à l’AGPBE la vente de l’immeuble. L’agence répond qu’elle ne dispose pas des ressources financières pour un tel achat. Pourtant, l’État poursuit la location, continuant de verser chaque mois un loyer de 40 millions de francs CFA.
En janvier 2018, le contrat de location est réaménagé dans un sens favorable au bailleur : le loyer est porté à 50 millions par mois, soit près de 600 millions par an. En juillet de la même année, le propriétaire change de stratégie et s’adresse directement au ministère des Finances pour vendre l’immeuble. Mais les conditions de cette négociation restent floues, aucun document ne retrace formellement les étapes de l’opération.
Le seul acte disponible, rapporté par Yoor Yoor Bi, est une convention de prêt datée du 3 juillet 2018, signée entre le ministère des Finances et Diamond Bank. Ce prêt, d’un montant de 14,4 milliards hors taxes (environ 20 milliards TTC), est contracté au nom de l’État par Birima Mangara, ministre délégué chargé du Budget. Le but affiché : financer l’acquisition de l’immeuble pour le HCCT.
Le Code du domaine de l’État prévoit que toute acquisition immobilière publique passe par la Direction des Domaines, avec l’accord de la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD). Or, dans cette affaire, ni la Direction des Domaines ni la CCOD ne sont impliquées. Aucun acte notarié n’est établi. Le ministre contracte directement le prêt, et trois jours après, le 6 juillet 2018, l’intégralité des fonds est versée à la SCI Fara, sans aucune mutation foncière ni formalisation légale de la vente. L’immeuble reste donc inscrit au nom de la SCI Fara, et l’État continue à en payer les loyers.
Elimane Pouye sonne l’alarme en 2024
En 2024, lors de sa prise de fonctions à la tête de la SOGEPA, Elimane Pouye est informé de cette situation. Il initie des vérifications et retrouve la convention de prêt avec Diamond Bank. Cheikh Seck, surpris, affirme n’avoir jamais été informé que l’État avait entièrement payé l’immeuble. Pouye, jugeant cette situation inacceptable, saisit immédiatement la hiérarchie, qui alerte l’Inspection générale d’État.
Selon les révélations de Yoor Yoor Bi, entre 2018 et 2024, l’État a versé plus de 3 milliards de francs CFA de loyers pour un immeuble qu’il était censé avoir acheté. Pourtant, dès le 9 septembre 2020, Yaya Abdoul Kane, alors DG de la SOGEPA, avait écrit au ministre Abdoulaye Daouda Diallo pour demander si l’immeuble appartenait à l’État. Il n’obtint jamais de réponse. Il relança en février 2024 auprès de Moustapha Ba, également sans retour. Il aura fallu l’arrivée de Pouye pour que la vérité soit établie.
Cheikh Seck dans le flou, mais disposé à rembourser
Face à la découverte de cette situation rocambolesque, Cheikh Seck, propriétaire de la SCI Fara, s’est rapproché de la SOGEPA et s’est montré prêt à rembourser les sommes perçues à tort. Il reste ouvert à une résolution à l’amiable, en attendant les conclusions de l’IGE. Ce rapport est capital pour établir les responsabilités administratives et, le cas échéant, pénales, clarifier les montants dus à l’État et décider des suites : poursuites judiciaires, accord à l’amiable ou protocole de remboursement juridiquement encadré.
La loi piétinée, les procédures ignorées
En plus de l’absence d’acte de vente et de non-respect du Code du domaine de l’État, cette affaire soulève des suspicions de surévaluation du prix du bien. En 2018, l’État débourse 20 milliards TTC pour un immeuble de 1200 m² au Point E. Or, à la même époque, il acquiert auprès de Senegindia quatre immeubles similaires (R+8 avec sous-sol) à Diamniadio, sur 3 000 m², pour 21 milliards TTC. Même en tenant compte de la valeur foncière supérieure du Point E, l’écart de prix paraît injustifiable, ce qui renforce les soupçons de surfacturation.
Le journal Yoor Yoor Bi s’interroge : le prix a-t-il été artificiellement gonflé ? Y a-t-il eu des rétrocommissions ou des enrichissements illicites ? Qui, dans l’administration, a couvert ces irrégularités, consciemment ou non ?
De l’opacité au modèle de redressement
Grâce aux vérifications minutieuses de la SOGEPA sous la direction d’Elimane Pouye, le prêt bancaire contracté par Birima Mangara a été exhumé, les versements de loyers malgré l’achat révélés, et une régularisation a été enclenchée. La mutation du bien au nom de l’État est désormais possible. Le bâtiment, ancien siège du HCCT, abrite à présent les services du ministère des Affaires étrangères, relogés après un rapport de la Direction de la Protection civile.
L’affaire, détaillée par Yoor Yoor Bi, est devenue un exemple de rigueur administrative et de redressement. Le président Diomaye Faye, en l’évoquant publiquement, en a fait un cas emblématique de bonne gouvernance retrouvée. Grâce à la vigilance de la SOGEPA, l’État pourrait récupérer plusieurs milliards et, surtout, rétablir la légalité dans la gestion de son patrimoine.
senenews
Un loyer en or pour un immeuble public
L’immeuble concerné, de type R+8 avec un sous-sol, appartient à Cheikh Seck, ancien gardien de but du Jaraaf et des Lions. Le contrat, signé en 2016, établit un loyer mensuel de 40 millions de francs CFA pour abriter le HCCT. En 2017, Cheikh Seck propose officiellement à l’AGPBE la vente de l’immeuble. L’agence répond qu’elle ne dispose pas des ressources financières pour un tel achat. Pourtant, l’État poursuit la location, continuant de verser chaque mois un loyer de 40 millions de francs CFA.
En janvier 2018, le contrat de location est réaménagé dans un sens favorable au bailleur : le loyer est porté à 50 millions par mois, soit près de 600 millions par an. En juillet de la même année, le propriétaire change de stratégie et s’adresse directement au ministère des Finances pour vendre l’immeuble. Mais les conditions de cette négociation restent floues, aucun document ne retrace formellement les étapes de l’opération.
Le seul acte disponible, rapporté par Yoor Yoor Bi, est une convention de prêt datée du 3 juillet 2018, signée entre le ministère des Finances et Diamond Bank. Ce prêt, d’un montant de 14,4 milliards hors taxes (environ 20 milliards TTC), est contracté au nom de l’État par Birima Mangara, ministre délégué chargé du Budget. Le but affiché : financer l’acquisition de l’immeuble pour le HCCT.
Le Code du domaine de l’État prévoit que toute acquisition immobilière publique passe par la Direction des Domaines, avec l’accord de la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD). Or, dans cette affaire, ni la Direction des Domaines ni la CCOD ne sont impliquées. Aucun acte notarié n’est établi. Le ministre contracte directement le prêt, et trois jours après, le 6 juillet 2018, l’intégralité des fonds est versée à la SCI Fara, sans aucune mutation foncière ni formalisation légale de la vente. L’immeuble reste donc inscrit au nom de la SCI Fara, et l’État continue à en payer les loyers.
Elimane Pouye sonne l’alarme en 2024
En 2024, lors de sa prise de fonctions à la tête de la SOGEPA, Elimane Pouye est informé de cette situation. Il initie des vérifications et retrouve la convention de prêt avec Diamond Bank. Cheikh Seck, surpris, affirme n’avoir jamais été informé que l’État avait entièrement payé l’immeuble. Pouye, jugeant cette situation inacceptable, saisit immédiatement la hiérarchie, qui alerte l’Inspection générale d’État.
Selon les révélations de Yoor Yoor Bi, entre 2018 et 2024, l’État a versé plus de 3 milliards de francs CFA de loyers pour un immeuble qu’il était censé avoir acheté. Pourtant, dès le 9 septembre 2020, Yaya Abdoul Kane, alors DG de la SOGEPA, avait écrit au ministre Abdoulaye Daouda Diallo pour demander si l’immeuble appartenait à l’État. Il n’obtint jamais de réponse. Il relança en février 2024 auprès de Moustapha Ba, également sans retour. Il aura fallu l’arrivée de Pouye pour que la vérité soit établie.
Cheikh Seck dans le flou, mais disposé à rembourser
Face à la découverte de cette situation rocambolesque, Cheikh Seck, propriétaire de la SCI Fara, s’est rapproché de la SOGEPA et s’est montré prêt à rembourser les sommes perçues à tort. Il reste ouvert à une résolution à l’amiable, en attendant les conclusions de l’IGE. Ce rapport est capital pour établir les responsabilités administratives et, le cas échéant, pénales, clarifier les montants dus à l’État et décider des suites : poursuites judiciaires, accord à l’amiable ou protocole de remboursement juridiquement encadré.
La loi piétinée, les procédures ignorées
En plus de l’absence d’acte de vente et de non-respect du Code du domaine de l’État, cette affaire soulève des suspicions de surévaluation du prix du bien. En 2018, l’État débourse 20 milliards TTC pour un immeuble de 1200 m² au Point E. Or, à la même époque, il acquiert auprès de Senegindia quatre immeubles similaires (R+8 avec sous-sol) à Diamniadio, sur 3 000 m², pour 21 milliards TTC. Même en tenant compte de la valeur foncière supérieure du Point E, l’écart de prix paraît injustifiable, ce qui renforce les soupçons de surfacturation.
Le journal Yoor Yoor Bi s’interroge : le prix a-t-il été artificiellement gonflé ? Y a-t-il eu des rétrocommissions ou des enrichissements illicites ? Qui, dans l’administration, a couvert ces irrégularités, consciemment ou non ?
De l’opacité au modèle de redressement
Grâce aux vérifications minutieuses de la SOGEPA sous la direction d’Elimane Pouye, le prêt bancaire contracté par Birima Mangara a été exhumé, les versements de loyers malgré l’achat révélés, et une régularisation a été enclenchée. La mutation du bien au nom de l’État est désormais possible. Le bâtiment, ancien siège du HCCT, abrite à présent les services du ministère des Affaires étrangères, relogés après un rapport de la Direction de la Protection civile.
L’affaire, détaillée par Yoor Yoor Bi, est devenue un exemple de rigueur administrative et de redressement. Le président Diomaye Faye, en l’évoquant publiquement, en a fait un cas emblématique de bonne gouvernance retrouvée. Grâce à la vigilance de la SOGEPA, l’État pourrait récupérer plusieurs milliards et, surtout, rétablir la légalité dans la gestion de son patrimoine.
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