Nucléaire: l'Iran met en garde la «troïka européenne» et refusera un accord sans enrichissement

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 13 Juillet 2025 à 01:26 modifié le Dimanche 13 Juillet 2025 01:28

Lors d’une rencontre avec les diplomates étrangers présents à Téhéran ce samedi 12 juillet, le ministre iranien des Affaires étrangères a soufflé le chaud et le froid, en affirmant que l’Iran était prêt à reprendre les négociations, mais tout en mettant en garde la troïka européenne, France, Allemagne et le Royaume-Uni, qui menacent de durcir les sanctions contre l’Iran.


Alors que le Parlement a voté la suspension de toute coopération avec l’AIEA, le gouvernement annonce une ouverture. C’est le Conseil suprême de la sécurité nationale qui sera chargé du dialogue avec le gendarme onusien du nucléaire, selon le chef de la diplomatie iranienne.

Abbas Araghchi a fait savoir qu’il allait étudier la possibilité de reprendre les négociations avec les États-Unis. Des négociations qui ont débuté en avril dernier et qui ont été suspendues après le déclenchement de la guerre entre Israël et l’Iran.

Le chef de la diplomatie iranienne a dénoncé la politique des États-Unis qui ont trahi la diplomatie en soutenant Israël dès le premier jour de la guerre avant d’attaquer à leur tour les sites nucléaires iraniens, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.



Abbas Araghchi a également lancé une mise en garde à la « troïka européenne » qui menacent d’activer le « snapback », le mécanisme qui permet de ramener les sanctions onusiennes contre l’Iran et qui avaient été suspendues il y a dix ans dans le cadre de l’accord nucléaire avec les grandes puissances. « Le "snapback" signifiera la fin du rôle de la troïka européenne dans le dossier nucléaire iranien et sera sans doute la page la plus noire dans les relations des trois pays européens avec l’Iran », a-t-il lancé.



Concernant la reprise des négociations avec les États-Unis, Téhéran prévient Washington : les pourparlers porteraient uniquement sur le programme nucléaire — pas question d’aborder les capacités militaires du pays. Il a également ajouté que l’Iran refusait tout accord sans le droit à l’enrichissement d’uranium : « Dans tout accord négocié, les droits de la nation iranienne en matière nucléaire, notamment le droit à l’enrichissement d’uranium, doit être respecté. Nous n’accepterons aucun accord qui ne comprendra pas l’enrichissement d’uranium », ajoute-t-il.

Ces mises en gardes ont été lancées alors que les États-Unis ont clairement affirmé que l’Iran devait renoncer à l’enrichissement d’uranium sur son sol.

10 ans de l'accord sur le nucléaire iranien: Donald Trump entre violence et diplomatie

L’accord sur le nucléaire iranien a été signé il y a 10 ans, le 13 juillet 2015. Un anniversaire qui arrive au lendemain d’une guerre violente menée par les alliés israéliens et américains contre l’Iran autour du nucléaire. Parallèlement, le président américain Donald Trump a dit avoir prévu des discussions avec Téhéran. C’est aussi lui qui avait choisi de retirer les États-Unis de l’accord en 2018. Des aller-retour difficiles à suivre.

Donald Trump aime se présenter comme un homme de deal. Sur le nucléaire iranien, sa première action a été le retrait de l’accord en 2018 et la réinstauration des sanctions économiques sur l’Iran. Le président américain rendait ainsi bancal un traité conclu par son prédécesseur Barack Obama deux ans plus tôt. Une trahison pour Téhéran et qui l’utilise depuis comme argument pour s’affranchir de son côté de certains engagements.

Lors de son retour à la Maison Blanche en janvier dernier, Donald Trump se présentait à nouveau en homme de deal, proposant des négociations avec l’Iran pour parvenir à la signature d’un texte en deux mois. Malgré cinq cycles de négociation, aucun accord n’a été jugé acceptable par les deux parties. Et puis il y a eu la guerre déclenchée par l’allié israélien qui affirmait vouloir empêcher l’Iran d’accéder à la bombe nucléaire dans un futur proche. Des bombardements sur le pays suivi de frappes américaines sur des installations nucléaires iraniennes qui semblent avoir fait voler en éclats tout espoir de solution par la diplomatie.

Pourtant, Donald Trump a affirmé la semaine dernière avoir prévu des discussions avec Téhéran. Son homologue iranien demande de nouvelles conditions. « Sinon, dit-il, comment s’asseoir à nouveau à la même table que ceux qui ont l’argué des bombes sur la diplomatie ? »




















Rfi
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