«Qu’on me laisse travailler» : quand le chef d’orchestre pose sa baguette

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 11 Juillet 2025 à 10:02 modifié le Vendredi 11 Juillet 2025 16:05

« Qu’on me laisse travailler » — cette phrase, prononcée par un Premier ministre ou tout autre chef de l’administration, n’est pas seulement un cri d’exaspération. Elle est un aveu. Un aveu de blocage, sans doute. Mais plus profondément, un aveu d’impuissance stratégique. Car à ce niveau de responsabilité, le leadership ne se réclame pas, il s’exerce.
Dans toute organisation de pouvoir – surtout au sommet de l’exécutif – il est attendu du Premier ministre qu’il soit plus qu’un exécutant : un arbitre, un mobilisateur, un architecte de la coordination étatique. Celui qui ne suit pas simplement la vision du Chef de l’État, mais qui l’incarne opérationnellement.
Un chef ne se plaint pas, il agit
Lorsqu’un chef de gouvernement en vient à dire qu’il ne peut pas travailler, trois hypothèses s’imposent :
• Soit il n’a pas su créer une dynamique d’équipe,
• Soit il subit l’appareil qu’il devait maîtriser,
• Soit il n’ose pas affronter les résistances politiques, et préfère se replier derrière une posture de victime.
Mais un leader, un vrai, n’a pas le luxe du repli. Il gère les conflits, absorbe les tensions, crée des marges d’action là où tout semble bloqué. Il transforme les centres de pouvoir concurrents en leviers de convergence. Il négocie, tranche, assume.
Les mots d’un chef trahissent son pouvoir… ou son absence
La parole publique du dirigeant est un acte politique. Dire « on ne me laisse pas travailler », c’est :
• Se déresponsabiliser publiquement,
• Fragiliser son autorité devant l’opinion,
• Et parfois, préparer son propre échec en l’imputant aux autres.
Un vrai chef parle en termes de résultats, de cap, de redressement. Jamais en termes de blocages.
À ce niveau, on n’implore pas l’autorité. On l’incarne.
Le leadership institutionnel repose sur trois piliers : la clarté stratégique, la cohérence d’action, et la capacité à mobiliser les autres autour d’une vision commune. Cela demande du courage, de l’écoute, et parfois même, le silence stratégique plutôt que la plainte médiatique.
Conclusion
Un Premier ministre ou un chef de l’administration qui se dit empêché reconnaît de fait qu’il ne gouverne plus. Et dans ce cas, la vraie question n’est plus : « Pourquoi ne le laisse-t-on pas travailler ? »
Mais bien : « Pourquoi continue-t-il à occuper la fonction ? »


























Walf
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