Que se passe-t-il au Soudan ?

Rédigé par Dakarposte le Lundi 25 Octobre 2021 à 15:21 modifié le Lundi 25 Octobre 2021 15:27

Le général Burhane qui chapeaute la transition au Soudan a annoncé lundi dissoudre les autorités, dont la quasi-totalité des membres civils ont déjà été arrêtés dans ce que les pro-démocratie ont qualifié de "coup d'Etat".

La transition amorcée en 2019 après 30 années de dictature semble plus que jamais compromise dans ce pays d'Afrique de l'Est. Voici ce que l'on sait après ce coup de force.

Que s'est-il passé ?
Le général Abdel Fattah al-Burhane a annoncé lundi dans une allocation à la télévision d'Etat la dissolution des autorités de transition au pouvoir dans le pays depuis la chute d'Omar el-Béchir en 2019.

Jusque-là lui-même à la tête du Conseil de souveraineté, la plus haute autorité de la transition composée de civils et de militaires, al-Burhane a répété qu'il souhaitait toujours "une transition vers un Etat civil et des élections libres en 2023", même s'il a relevé tous les dirigeants de leurs fonctions.

Outre la dissolution du gouvernement et du Conseil de souveraineté, il a annoncé le limogeage de préfets et ministres et déclaré l'état d'urgence dans tout le pays.

Ces événements ont eu lieu alors que la quasi-totalité des dirigeants civils de la transition sont aux mains des militaires. "La plupart des ministres et les membres civils du Conseil de souveraineté ont été arrêtés (...) par des forces militaires" avant l'aube, avait annoncé plus tôt le ministère soudanais de l'Information.

Parmi les dirigeants retenus figure le Premier ministre Abdallah Hamdok, emmené avec son épouse vers un lieu inconnu après avoir refusé de soutenir le "coup d'Etat" en cours. Le bureau du Premier ministre a affirmé dans un texte publié en milieu de journée par le ministère "faire porter l'entière responsabilité de la vie d'Abdallah Hamdok à l'armée".


Tirs sur des manifestants
C'est un "coup d'Etat militaire", a rapidement affirmé l'Association des professionnels soudanais, l'un des fers de lance de la révolte de 2019.

Avec le syndicat des médecins et des banques, l'Association des professionnels a aussi appelé à la désobéissance civile à Khartoum plongée dans le chaos, sans internet et avec des rues noires de monde se demandant à quel nouveau rebondissement s'attendre dans un pays déjà secoué par un coup d'Etat manqué il y a un mois.

Présents dans la rue dès lundi matin pour protester contre les arrestations, des manifestants "refusant le coup d'Etat militaire" ont essuyé des tirs "à balles réelles" des forces armées dans le centre de Khartoum, selon le ministère de l'Information. Au moins douze personnes ont été blessées, selon une association de médecins.

Ce coup de force intervient dans un contexte de tensions exacerbées entre civils et militaires censés mener ensemble le pays vers des élections en 2023.

Depuis le 16 octobre des manifestants campent devant le palais présidentiel à Khartoum pour exiger un transfert du pouvoir aux militaires, d'autres, partisans d'un régime civil, sont descendus par dizaines de milliers dans les rues de la capitale jeudi pour afficher leur soutien aux dirigeants civils.

Quelles réactions ?
Emmanuel Macron a condamné lundi "avec la plus grande fermeté" la tentative de coup d'Etat au Soudan et appelé au "respect de l'intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils".

Rapidement après les premières annonces d'arrestations, les Etats-Unis ont fait part de leur "profonde inquiétude" et menacé de réévaluer leur aide au pays -- l'un des plus pauvres du monde -- en cas de renversement des autorités de transition.

La Ligue arabe s'est elle aussi dite "préoccupée" par les "développements" au Soudan, tandis que l'émissaire de l'ONU dans le pays a qualifié d'"inacceptables" les arrestations.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé la communauté internationale "à remettre la transition soudanaise sur les rails".
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