[REPORTAGE] L’UNIVERS DES SALONS DE MASSAGE : Incroyables et scandaleux

Rédigé par Dakarposte le Samedi 16 Juillet 2016 à 13:30 modifié le Samedi 16 Juillet 2016 13:33

Les autorités étatiques mobilisent leurs énergies pour combattre toute velléité d’actes terroristes. Mais elles devraient s’investir de toute leur âme pour prendre à bras le corps un autre fléau tout aussi nocif et qui, si l’on n’y prend garde, débouchera sur un péril humain. Il s’agit des salons de massage où se bousculent prostitution clandestine, proxénétisme.


Pour pousser les autorités à prendre leurs responsabilités et informer l’opinion sur ce drame qui se joue dans la capitale sénégalaise, un journaliste de Actusen.com a réussi à infiltrer l’univers des salons de massage où il s’est fait passer pour un client. Sur les lieux, l’intrus a eu droit à plusieurs choix : massage simple à 15 000 F Cfa, massage « body-body » à 20 000 F Cfa, massage à l’Américaine (30 000 francs), avec à la clé des rapports sexuels.
Reportage au cœur du business et de la mafia du sexe générant des revenus colossaux qui échappent au fisc. Interdit aux moins de 18 ans !
C’est connu de tous ! Le travail du sexe est le plus vieux métier du monde. De Bombay à Kinshasa, en passant par Rio de Janeiro, la Rue Princesse à Abidjan et Dakar…, certaines femmes ont toujours troqué leur plastique de rêve contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Loin du racolage dans les milieux torrides et interlopes des capitales du monde pour les plus osées, c’est désormais une prostitution de type nouveau qui fait fureur à Dakar : les salons de massage ouverts 7jours/7 et 15H/24 dans les coins et recoins de la capitale.
Sur les réseaux sociaux, leurs adresses, noms et numéros de téléphones portables ou fixes, défilent comme par enchantement, avec le silence coupable des autorités étatiques. Ce vendredi (saint), après la prière dite « Diouma », Actusen.com, décidé à percer le mystère, dépêche Gaston Mansaly, un de ses reporters qui, sous le couvert de l’anonymat, s’engouffre dans un taxi, pour aller se faire masser. Direction, le quartier de Yoff où il a pris rendez-vous dans un salon de massage. Ce, non pas pour gronder de plaisir, comme le cherchent la plupart des clients qui débarquent sur les lieux, mais plutôt pour aider les internautes de Actusen.com et les autorités étatiques à tâter le pouls de ce qui se joue dans ces salons et qui a les relents d’un péril humain en vue pour la jeunesse du Sénégal.
Acte 1 – scène 1 : ici, pour s’entourer de toutes les garanties, voici le modus operandi des masseuses avant d’accueillir le client
Au bout du fil, c’est une voix suave qui répond dans un français approximatif et oriente le poisson qui vient de mordre à l’hameçon. « Vous connaissez le rond-point de Yoff ? », a-t-elle demandé avec un ton fascinant. « Oui », a rétorqué le reporter d’Actusen.com qui ne s’imaginait pas encore, alors pas du tout, à quoi son aventure ressemblerait. Mais ce n’est qu’une question de minutes.
En effet, à peine est-il arrivé au dit endroit que votre serviteur rappelle son interlocutrice, l’une des masseuses, qui lâche au bout du fil : « Maintenant, contournez le rond-point en prenant la direction de la Foire après le Bar Club Saxo. Devant vous, se dresse une Pharmacie, à votre droite. A quelques mètres, un restaurant Fast Food tient pignon sur rue puis… ».
Suivant scrupuleusement les explications, le reporter d’Actusen.com dépasse de 10m la maison indiquée. Une manière pour elle (avons-nous déduit plus tard) d’avoir un aperçu du type de personne avec qui le Rv a été pris. Une, deux, trois, voire 5 minutes, c’est la dame préposée à la réception qui rappelle : « Comment êtes-vous habillé ? « En tenue traditionnelle » (Ndlr : vendredi, oblige). Ok, je vous vois, faites demi-tour ». Le signal donné, le tour est joué. Au rez-de-chaussée d’un immeuble R+3, un appartement meublé de quatre pièces avec une douche intérieure dont le bureau de la gérante et cuisine est entièrement aménagé. Et accueille à bras ouverts, comme le Christ à Rio de Janeiro, les clients venus se faire masser ou passer un bon temps dans l’intimité d’un salon avec des « expertes » du sexe.
La beauté de ces filles peut envoyer aux urgences l’Islamiste le plus résistant
Noirceur captivante, robe courte de même couleur couvrant à peine ses cuisses et de nature à faire abjurer un islamiste, Bijou avance allègrement et traîne sa carapace de basketteuse. Jolie à couper le souffle d’admiration, elle a toutes les qualités pour envoyer au septième ciel un adepte de la chair fraîche. Visage ovale assorti de deux piercings dont l’un sur le côté gauche du nez et l’autre, sous la lèvre inférieure, en dessous du menton, elle a l’air d’une tueuse en série. Sur le lit, évidemment !
Avec ses yeux de biche, elle s’introduit dans une pièce parfumée à l’odeur de menthe. Derrière elle, une perruque de cheveux naturels qui lui tombent sur les fesses. Sa tenue décolletée laisse apparaître ses seins juvéniles, le tout dans un « pathial » qui peut donner du tournis à plus d’un fût-il reporter d’Actusen.com qui a pris le risque de se muer en chasseur de masseuse, pour investir, incognito, ce milieu.
Sur les murs de ce « mouroir », on est accueilli par « les mains du bonheur » ou « saf loxo »
Les tétons bien pointus, la glande mammaire arrondie et sans ride aucune, témoignent de sa jeunesse. Bijou est une perle noire, en plus d’être une gazelle comme du temps des vraies « Linguères » (ces femmes reconnues pour leur forme généreuse et leur beauté légendaire). Sans pudeur, elle installe son « client » du jour dans une atmosphère détendue. Dans cette chambre d’à peine 3 m sur 3 avec toilette intérieure et un petit salon, Bijou accueille dans une ambiance torride.
Tout autour, serviettes, produits massant, lingettes, parfum enivrant, les dessous de femmes servant de tenues d’échange accrochées sur un fil, font le décor de « mouroir ». Sur le mur, les serviettes et les draps, on peut lire : « les mains du bonheur » ou « saf loxo » en langue locale.
Acte 2- scène 2 : « Relax, chéri. Que puis-je faire pour vous ?», demanda-t-elle. La réponse coule de source. « Un massage », répondit le reporter de votre site. « Mais lequel ? », poursuit la pétillante Bijou, en faisant un clin d’œil accompagné d’un sourire en coin. C’est sur ces entrefaites que le reporter de Actusen.com réalise qu’il y a différents types de massage : simple, intégral ou à la Sénégalaise et à l’Américaine.
Avec 15 000 F Cfa, la masseuse ne se déshabille pas et le client, pas du tout autorisé à faire promener ses mains sur son corps

 
Ces trois types de massage ont chacun sa spécificité et son coût. Le massage simple est à 15 000 Cfa. Il est appelé « simple ». Avec ce prix, la masseuse ne se déshabille pas et aucune partie de son corps n’est visible. Elle garde sa tenue de travail. Le client s’allonge comme un papa fatigué après une dure journée de labeur et se fait masser par ses enfants ou son épouse devant tout le monde. Ni plus ni moins.
Mais attention, avec ce montant : aucun geste déplacé n’est permis au client, si tenté soit-il de glisser ses mains sur la poitrine de la masseuse. « Il n’est pas permis. A 15 000 Cfa, non. Je suis désolée, ce n’est pas possible quel que soit le client », indique notre interlocutrice sous un ton ferme et catégorique. Quand le reporter de Actusen.com lui a dit son envie de la caresser.
Avec 20 000 F Cfa, la masseuse se déshabille, entièrement, ôte son soutien-gorge, puis, avec son string, commence à torturer sa proie
En revanche, le massage taxé à 20 000 F Cfa est encore plus approfondi. Il a trois noms : intégral, à la sénégalaise ou body-body », c’est-à-dire, la masseuse se déshabille, entièrement. Ôte son soutien-gorge, ne lui restant plus que son string. Après l’huile et le baume de corps, elle commence par les pieds puis les cuisses, le bas-ventre, les mains et le cou. Le client se tournant sur lui-même et se retournant, devinez la suite, quand celui-ci est de plain-pied, à cet instant précis, au septième ciel.
Se laissant le corps se rapprocher petit à petit du client qu’elle frotte au fil des minutes avec ses seins juvéniles, Bijou finit par monter dans le lit. Nue comme un ver de terre et fait frotter ses seins juvéniles sur la poitrine du client. La respiration du reporter de Actusen.com est subitement coupée. Ou presque ! Avec son regard perçant, Bijou fixe, dans le blanc de l’œil, votre serviteur. Ko debout ! Pardon, Ko couché.
L’adrénaline monte. Plus les minutes passent, plus les deux corps s’électrifient d’envie, s’attirent. « C’est du body-body », rappelle-t-elle en vous chuchotant des mots doux dans le creux de l’oreille. Quand le reporter de Actusen.com tente de jauger jusqu’où Bijou est prête à 20 000 F Cfa; cette dernière lui trace la ligne rouge à ne jamais franchir. Sauf si son hôte du jour accepte de faire une rallonge de 10 000 F Cfa.
Quelques instants plus tard, au vu de la tension ambiante, Bijou se retire. Derrière le trémolo de sa voix entrecoupée, elle souffle au visiteur : « C’est tout ce que vous pouvez avoir car, c’est là où s’arrêtent les limites du prix que vous avez payé », tranchet-elle, enfilant à nouveau, sa tunique de « combat », une robe de couleur noir-foncée. Laissant le client à « moitié mort », elle reprend les bouteilles de produits de massage et parfume à nouveau, la pièce.
Avec 30 000 francs, on a droit au massage à l’Américaine (avec rapports sexuels)
Des déclarations de Bijou, il ressort que le troisième et dernier type de massage au salon « les mains du bonheur » est plus complet, est plus torride et n’a pas de frontières. Mais, pour l’avoir, le client doit casquer la somme de 30 000 Cfa. Avec ce massage qui n’épargne aucune partie du corps, le client peut se permettre une partie de jambes en l’air avec la masseuse. « Bouche-à-bouche, flirts, attouchements, préliminaires puis…; bref, tout est permis d’où, le nom « massage à l’américaine ».
Le reporter de Actusen.com, qui n’a pas voulu pousser plus loin le bouchon, dans le cadre de ce reportage, n’a pas, par conséquent, expérimenté cette troisième étape du massage. Toutefois, chez « les mains du bonheur avec 30 000 Fcfa, « on est fricoté, rayé, massé, pipé et/ou b… », indique Bijou d’un air impudique.
Acte3 – scène 3 : Après coup, masseuses et clients prennent un bain
Après la séance de massage, les toilettes sont grandement ouvertes au client pour se « purifier ». Gel, savon, eau de javel, serviette lave-mains, miroir… séchoir sont mis à la disposition des clients. La masseuse fait le même rituel, un peu avant pour s’occuper d’autres clients qui sont au bout du fil et attendent leur tour. Jusque-là, la proxénète responsable est invisible. Elle encaisse l’argent et se cloître dans son bureau.
Pendant ce temps, seules ses employées professionnelles du sexe et/ou du massage se chargent de la clientèle. A la fin du mois, notre interlocutrice rapporte qu’elles sont payées entre 100 et 150 000 FCfa. Vrai ou faux ! Seuls Dieu, Bijou et sa patronne le savent. Mais ce qui est sûr, c’est que l’argent de la prostitution déguisée échappe au fisc qui ne peut contrôler cette manne financière qui lui file entre les doigts.
A la fin du mois, les masseuses perçoivent entre 100 et 150 000 F Cfa ; les week-ends, c’est le rush assuré
« Exceptée la gérante, nous sommes trois filles à travailler dans cet institut de massage. Nous travaillons 7 jours sur 7 et de 8 heures à 23 heures. Toutefois, chacune d’entre nous a une journée de repos. Moi, j’ai choisi le jeudi et mes collègues, les autres jours de la semaine en dehors du week-end », affirme-t-elle. En effet, fait savoir Bijou, c’est pendant les week-ends que la clientèle envahit les lieux pour se faire masser ou se faire b… Il n’est pas question de se reposer, samedi et dimanche. Ce sont les jours où nous travaillons plus », raconte-t-elle.
A la sortie de chez « les mains du bonheur », une des filles, plus jeune que Bijou, était postée au portail, en attendant un client qui avait appelé. Son accoutrement extravaguant peut envoyer un Imam à la morgue. Habillée d’une tenue trois pièces, perles et deux chaînettes visibles autour des reins, la jeune fille à peine sortie de l’adolescence, monnaye aussi ses services dans ce salon de massage. On appelle ça, en termes crus, le commerce du sexe. Entretenu sous le pseudo de massage.
Lorsque les masseuses sont de plain-pied dans leur job, la voix de la proxénète se fait souvent entendre du fond de son bureau. Comme à l’accoutumée, elle guide et oriente les clients qui appellent. Et ça dure on comme ça depuis on ne sait pas trop combien de temps.
Alors, si les autorités étatiques n’y prennent garde, ces salons de massage deviendront, dans un délai très court, une oasis de bonheurs pour celles qui les animent, mais de sérieuses menaces pour la jeunesse du pays, notamment à la gente féminine confrontée au chômage et aux difficultés de toutes sortes. Ces lieux de débauche sont tout aussi dangereux que le terrorisme contre lequel Macky Sall et son régime mobilisent toutes leurs énergies.
avec Actusen
Cheikh Amidou Kane
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