Thiès – Attribution des titres de propriété : Mbour 4 attend toujours l’État

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 1 Mars 2023 à 20:57 modifié le Mercredi 1 Mars 2023 21:14

«Nous sommes toujours dans le désarroi, malgré la promesse ferme du président Macky Sall, qui a insisté pour que nos parcelles nous soient remises dans la semaine qui a suivi sa tournée économique à Thiès, qui a été une occasion de remise symbolique d’une vingtaine de titres de propriété aux habitants du quartier de Mbour 4», se plaint le Collectif des habitants de Mbour 4 Extension Authentique. Qui constate que «malgré cela, les autorités de Thiès ont décidé de ne pas nous donner nos parcelles nues, alors que ces terrains occupent plus de 70% de cette zone».


Ce sont, au total, 3309 titres de propriété à usage d’habitat qui ont été régularisés. Une régulation qui a fait l’objet d’une déclassification de la forêt classée, initialement implantée dans cette partie de la cité, à travers un nouveau lotissement. Et selon le chef de l’Etat, «les autres titres de propriété restants seront prochainement remis aux ayants droit par le chef de l’exécutif régional». Lequel Gouverneur avait bien fait savoir que «les bénéficiaires de terrains sur le lotissement de Mbour 4 seront recasés sur des parcelles qui ont été déjà immatriculées». Les Thiessois se rappellent que ce sont des dizaines de constructions jugées irrégulières, érigées sur une partie de la forêt classée de Thiès, qui avaient été détruites par la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos), en janvier 2021, provoquant un grand tollé médiatique. Depuis, le Collectif de Mbour 4 Extension Authentique s’est beaucoup battu pour permettre aux familles impactées de disposer de parcelles régularisées.

Lors d’un point de presse tenu ce dimanche 26 février 2023, ledit collectif a tenu à informer l’opinion sur «quatre inquiétudes». Le porte-parole du jour, Mamadou Kor, a indiqué que «le pré-recensement de 2018, qui a été fait à l’époque par le collectif, sur autorisation du Gouverneur et du Préfet d’alors, n’est pas pris en compte par les autorités actuelles. Après la remise symbolique de 20 titres de propriété à usage d’habitat à des gens de Mbour 4 par le Président Macky Sall, les autorités chargées de poursuivre les remises nous ont dit que nos terrains nus ne sont pas pris en compte». Et de se demander : «Pourquoi ces autorités demandent-elles à d’autres citoyens de déposer des demandes d’attribution de parcelles sur le site Mbour 4 alors qu’il y a des populations déjà installées sur les lieux et à qui le président de la République a attribué ce site de 135 hectares et le site de recasement de 176 hectares ?» Les autres interrogations étant : «Pourquoi divise-t-on les anciennes parcelles de 300 mètres carrés pour attribuer des terrains de 150 mètres carrés, alors qu’il y a un site de recasement ?»

Le Collectif de Mbour 4 Extension Authentique a lancé, au cours de ce face-à-face, un appel au président de la République pour qu’il sache que «les populations qui ont occupé Mbour 4 depuis des années et en faveur de qui (plus de 70% des occupants) une partie du déclassement de la zone est faite, courent aujourd’hui le risque de ne pas se voir attribuer leurs terrains». Des personnes qui se disent «tyrannisées» et qui continuent de hurler leur désespoir face à cette «situation désolante et inadmissible» afin que toute les disposions soient prises pour le respect des instructions du Président Macky Sall.

Une vieille doléance
On se rappelle que les impactés de Mbour 4 Extension, dans la commune Thiès-Ouest, victimes d’opérations de démolition de plus de 300 constructions dites irrégulières, bâties dans la forêt classée, menées par la Dscos, s’étaient mobilisés, le mardi 29 juin 2021, pour rappeler au président de la République Macky Sall, en visite à Thiès, sa promesse. Les responsables du Collectif pour la défense des intérêts des 2500 occupants de la zone réclamaient alors «la libération de certains de leurs membres, toujours entre les mains de la justice», et «la régularisation des personnes victimes de démolition et détentrices dans la forêt classée de Mbour 4, d’une notification d’attribution ou d’un acte de vente de parcelle». Ces impactés ont estimé que l’«affaire Mbour 4 Extension» est «la plus grande escroquerie foncière dans la ville de Thiès». L’équipe municipale d’alors avait morcelé de manière clandestine le site de la forêt classée de Thiès et remis des titres d’attribution illégaux aux bénéficiaires, qui ont ensuite engagé des travaux de construction. Un scandale foncier qui a été révélé au grand jour en octobre 2014, suite à une première opération de démolition, ordonnée par l’équipe municipale de Thiès-Ouest fraîchement élue, pour l’érection d’un marché central aux poissons. Depuis, les quelques 2500 pères de famille occupant ce site livrent un impitoyable combat pour leur régularisation.

La promesse du chef de l’Etat
Le 18 décembre 2017, lors de la cérémonie de lancement des travaux du projet Keur Momar Sarr 3 (Kms-3), le président de la République avait accédé à la demande des populations du quartier Mbour 4, promettant le déclassement de la zone (67 ha) à l’effet de régulariser ceux qui étaient affectataires du lotissement et qui, du fait d’être installés dans la forêt classée, n’avaient pas la possibilité d’accéder à une autorisation de construire. «C’est lui-même, Macky Sall, qui, en réponse aux doléances des attributaires de parcelles de Mbour 4 Extension, les avait encouragés, déclarant : «Je voudrais vous rassurer et vous dire que vos préoccupations seront prises en charge. J’ai demandé au Gouverneur de la région de Thiès de prendre les disposions nécessaires pour vous affecter les terrains sur lesquels vous avez déjà édifié vos maisons. Considérez que votre problème a trouvé solution, vous pouvez dormir tranquilles.».» A partir de cette déclaration, certains occupants ont fait des prêts bancaires, d’autres ont sacrifié leurs maigres ressources pour se procurer un toit décent.

Malheureusement, beaucoup de gens se sont engouffrés dans cette brèche pour continuer à occuper le reste de la forêt classée. Et les services de l’Administration, notamment la Dscos, n’ont cessé de signifier à qui doit l’entendre que ladite zone n’est pas encore propre à toute forme de construction. Des sommations ont été servies, et au même moment, des communiqués ont été régulièrement diffusés pour rappeler la réglementation afférente à l’occupation du sol, à la construction… Mais les gens ont toujours fait la sourde oreille.


























Le Quotidien
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