Un gré à gré de 17 milliards et des soupçons de surfacturations décelés à la DMCES

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 5 Novembre 2025 à 09:38 modifié le Mercredi 5 Novembre 2025 15:42

De larges zones d’ombre entourent plusieurs marchés passés en 2023 par la Direction de la maintenance, des constructions et des équipements de l’Enseignement supérieur (DMCES).


Selon les révélations publiées par Libération, un audit diligenté par l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) a mis en lumière une série d’irrégularités majeures, allant de soupçons de surfacturation à des marchés attribués sous prétexte “d’urgence”, sans mise en concurrence… et dont l’exécution reste pour le moins incertaine.

Au cœur du dossier, un marché d’un montant global de 17,04 milliards de francs CFA pour l’acquisition d’équipements destinés aux universités publiques. Toujours selon nos confrères, les auditeurs se sont interrogés sur la justification du recours à l’entente directe : des courriers internes font état de “pressions syndicales” et de menaces de perturbation des cours pour justifier la précipitation.

Mais c’est surtout la comparaison des prix qui interpelle. Libération rapporte que certains équipements médicaux auraient été facturés à des niveaux sans commune mesure avec les tarifs du marché :

Tensiomètre électronique : 2 312 600 FCFA contre 50 000 FCFA constatés chez un fournisseur
Fauteuil roulant : 1 543 680 FCFA au lieu de 100 000 FCFA
Brancard : 1 304 410 FCFA contre 100 000 FCFA
Une liste longue comme le bras, illustrant, selon les auditeurs, “des écarts importants” entre les prix proposés et ceux disponibles sur le marché.

Et ce n’est pas tout. D’autres marchés, notamment pour la construction d’un amphithéâtre préfabriqué à l’UCAD (1,53 milliard FCFA), les locaux des classes préparatoires de Thiès (2,57 milliards FCFA) ou encore l’ISEP de Matam (16,3 milliards FCFA), ont été conclus en invoquant une “urgence”. Pourtant, Libération souligne que, malgré ces motifs pressants, les travaux n’avaient pas démarré au moment du passage des auditeurs — ou n’étaient justifiés par aucun document probant.

Dans certains cas, les équipes chargées de l’audit affirment n’avoir reçu aucune preuve d’exécution physique ou financière des travaux, évoquant un manque total de pièces justificatives.

Au total, les constats dressés par les auditeurs dessinent une gestion pour le moins problématique, marquée par des procédures contestées, des montants colossaux et des justifications d’urgence pour des chantiers… restés en suspens.

Les conclusions de ce rapport risquent de faire grand bruit dans un secteur stratégique, déjà sous pression pour améliorer la qualité des infrastructures universitaires. Reste désormais à voir quelles suites donneront les autorités compétentes à ces révélations.






igfm
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