Les langues se délient. Après l’exclusion de Khalifa Sall et de ses proches, certaines informations sont portées sur la place publique. Le maire de la Médina, Bamba Fall, a soutenu que le bureau politique du Parti socialiste, qui a prononcé l’exclusion de Khalifa Sall et 64 autres responsables, était l’un des grands bénéficiaires de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
Bamba Fall a cité nommément Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général national du parti, Mame Bounana Sall, responsable des jeunes socialistes, comme ayant été des bénéficiaires directs. Selon le proche de Khalifa Sall, l’écrasante majorité des membres du bureau politique bénéficiait des largesses de cette caisse d’avance. « La peur ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je suis un téméraire et j’ai des preuves de tout ce que je dis. Les noms que j’ai cités, soit j’étais témoin, soit le maire de Dakar me l’a dit. Les 80% des membres du Bureau politique du Parti socialiste en ont bénéficié », a tonné Bamba Fall.
Le maire de la Médina a, par contre, lavé à grande eau l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, qui avait, selon lui, des relations autres que financières avec Khalifa Sall. « Elle avait de bonnes relations avec Khalifa Sall. C’est une grande amie à moi », témoigne-t-il. Avant de rajouter que «des membres de l’Alliance pour la République (APR) avaient aussi bénéficié de la générosité de l’actuel maire de Dakar».
L’affaire dite de la Caisse d’avance est dans sa phase de vérité. Le Juge de la deuxième chambre est saisi par l’ordonnance du Doyen des juges d’instruction, qui a trouvé des charges convaincantes, à l’endroit des présumés.
En effet, d’après Les Echos, dans sa livraison de ce jeudi, le Juge Samba Sall a pour sa part de vérité, dégagé en touche, les arguments brandis par Khalifa Sall, selon lesquels c’est une pratique trouvée sur place. Cet argument ne saurait prospérer, selon le magistrat instructeur. Les percepteurs, quant à eux, ont aussi, selon toujours le juge, apporté aide et assistance au maire de Dakar, en mettant à sa disposition 30 millions par mois, en se contentant des simples pièces produites et sans même jeter un coup d’œil sur les signatures. En claire, d’après le Doyen des juges d’instruction, Khalifa Sall, le directeur administratif et financièr (Daf) ainsi que tous les autres agents prévenus dans cette affaire ne sont pas exempts de tout reproche, bien au contraire. Aussi, dans son ordonnance de renvoi, le Doyen des juges a trouvé des charges suffisantes contre Yaya Bodian, comptable de la Division administratif et financière qui a soutenu, «sans être crédité par Mbaye Touré, avoir recours à cette pratique, sur instruction de ce dernier, qui lui demandait d’établir les mandats de payements et les pièces justificatives y afférentes destinées à la gestion de la Caisse d’avance». Ce qui représente, selon le juge Samba Sall, un aveu clair, tout comme Khalifa et Mbaye Touré ne peuvent se prévaloir de l’argument consistant à dire que c’est une pratique qu’ils ont trouvé sur place. «Cela ne saurait prospérer», de l’avis de Samba Sall. Le magistrat instructeur ajoute : «en droit, un comportement illégal même prolongé ne peut être une cause d’exonération de responsabilité». En tout, dira le juge d’instruction, dans les colonnes du canard de Front de Terre : «en se comportant de la sorte, les présumés complices ont apporté toute l’assistance nécessaire à Khalifa et Mbaye Touré dans les faits de détournements de deniers publics, et d’escroquerie portant sur des deniers publics. Actusen |