La grande mosquée de Wakhinane dans le département de Pikine est fermée jusqu’à nouvel ordre, a appris Actunet.ne t. La mesure a été notifiée hier par le sous-préfet de Pikine Dagoudane à l’imam, Ass Mbaye et à la commission qui gère le lieu du culte.
L’État qui en a décidé ainsi, a pris cette précaution pour éviter mort d’homme dans cette mosquée où l’imam est des fidèles se mènent depuis l’année dernière, une guerre sans relâche.
Est-ce l’épilogue du conflit qui oppose depuis mai 2017, dans le département de Pikine, l’imam de la grande mosquée de Wakhinane à la commission de gestion du lieu de culte ? Hier, le sous-préfet de Pikine Dagoudane, Abdoulaye Dieng, flanqué de son adjoint, Moussa Gadio et d’une cohorte d’éléments de la police sont venus procéder à la fermeture de la mosquée.
Celle-ci était depuis plus d’une année au centre d’une tension entre l’imam et des fidèles regroupés dans une commission de gestion de la mosquée. À Wakhiane, les problèmes de la grande mosquée de Pikine Wakhinane ont commencé en 2013, au lendemain du rappel à Dieu de son premier imam, Ibrahima Mbaye.
Elhadji Malick Mbaye, dit Ass, en tant que fils de l’imam disparu, s » Autoproclame imam et remplace son père. Mais si pour la fonction, il ya pas eu à redire, à la grande mosquée de Wakhinane, c’est sa gestion qui a posé problème en ce sens qu’elle oppose l’imam à des fidèles.
En mai 2017, précisément le 7 du mois, une commission est créée pour gérer le lieu de culte. Elle dénie à l’imam Ass le droit de procéder à des quêtes au nom de la mosquée et de prendre des sommes à l’occasion des mariages. Mais c’est sans compter avec ce dernier qui change dès le lendemain, toutes les clés de la mosquée et érige à l’intérieur, une chambre équipée de toilettes où il passe ses journées.
L’imam Mbaye procède également au limogeage du vice imam et de tous les muézins au motif que la mosquée est la propriété de son père.
Les différentes médiations effectuées par les commissaires de Pikine et de Thiaroye n’ont pu régler le problème autour de cette mosquée. La preuve, a-t-on appris, au lendemain de la survenance du conflit, le maire de la ville, Abdoulaye Timbo, celui de Pikine Est, Issa Diop ainsi que le président de l’association des imams de Pikine et des notables ont tenté de rapprocher l’imam et la commission.
Mais en vain. Aucun des accords signés devant le sous-préfet et au cours d’une assemblée générale convoquée par l’imam Ass à son domicile n’a été respecté par ce dernier qui brandit son droit d’héritier pour diriger la grande mosquée de Wakinane où nous avons assisté hier à sa fermeture.
L’imam Eladji Malick Mbaye que Actunet.net a joint sur la mesure et le différend qui l’oppose à la commission n’a pas voulu en parler.
Elle fait partie de ces lieux mythiques de Dakar. Située sur l’ancienne rue Blanchot, son minaret s’élève à 67 mètres de hauteur. La Grande mosquée de Dakar ne passe pas inaperçue. Symbole de la pureté et du raffinement de la foi musulmane, elle renferme les secrets de la grande communauté léboue.
C’est une mosquée française. Bâtie en 1938 sur un ancien cimetière lébou, la Grande mosquée de Dakar fut construite par des architectes français et marocains. D’ailleurs, c’est ce qui fait sa singularité. Inaugurée le 27 mars 1964 par le Roi Hassan II, en présence du Président de la République d'alors, Léopold Sédar Senghor, et d'El Hadji Abdoul Aziz Sy «Dabakh”, elle est née de la volonté de l’administration coloniale qui mettait en œuvre un plan d’urbanisme visant à rénover les vieux bâtiments du Plateau.
La grande mosquée, une affaire de lébous
Il y a deux ans, Pape Alioune Samb, Imam de la Grande Mosquée, déclarait lors du festival culturel de la communauté léboue «que la grande mosquée de Dakar ne sera jamais présidée par un Imam qui n'est pas Lébou». Une réalité assez palpable au sein de la communauté qui a ses racines dans l'histoire même de la Grande mosquée. Vieux Ndiaga Samb, Président du mouvement des jeunes Lébous de Dakar nous plonge dans l’histoire de ce monument culturel intimement lié à celle de la communauté léboue.
«Après la pose de la première pierre, il était surtout question d'envisager le montage financier devant servir à sa construction. Une quête fut ainsi initiée par les dignitaires lébous. Mais, celle-ci n'a pas été fructueuse, malgré les 10 millions de F CFA donnés par le Khalife général des Mourides de l'époque, Serigne Fallou Mbacké. C'est alors que le Maroc a pris en charge tout le financement de la mosquée et a dépêché sur les lieux un architecte français du nom de Gustave Collet qui devait, sur les ordres du roi Hassan II, construire la mosquée sous la forme d'une architecture islamique. Les travaux ont ainsi été lancés le 3 mai 1961», se souvient le vieux Ndiaga, âgé aujourd'hui de plus de 80 ans
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Peu de temps après, un problème éclate au sein de la direction de la grande mosquée. La question de l'imamat est au cœur des débats. Deux camps s'affrontent. Finalement, Amadou Lamine Diène sera désigné. «A l’inauguration de la mosquée, Serigne Abdoul Aziz Sy “Dabakh” a été sollicité par les Lébous pour diriger la prière en présence de Léopold Sédar Senghor et du roi Hassan II», raconte le vieux Ndiaga.
«Dans tous les cas, cette tradition de succession d'Imams lébous à la tête de la mosquée n'est pas prête de disparaître. Dans le milieu lébou, l'héritage se transmet toujours de père en fils ou de l'oncle au neveu. Il sera donc très difficile qu'une personne n'appartenant pas à la communauté dirige la grande mosquée. Si la Grande mosquée de Dakar est léboue, il y a bien au Sénégal des mosquées toucouleurs, layènes, niassènes ou mourides. Certes, la mosquée est la maison de Dieu, mais elle est érigée par des hommes et des femmes à la sueur de leur front. La Mosquée de Dakar est la propriété des lébous», persiste-t-il.
Qui n’est pas lébou, n’est pas Imam
Pour Ndiaga Samb, on devient Imam de la grande Mosquée de Dakar par mérite. «C’est un titre qui appartient à aucune famille, mais il faut être un érudit pour être désigné par ses pairs», explique le président du mouvement des jeunes lébous. «Le premier critère est qu’il faut maitriser le Coran. Ensuite, vient celui de l’âge. Il faut aussi être lébou, de parents issus de la collectivité et capables de lire le coran et les différents œuvres qui expliquent les règles islamiques», précise encore Ndiaga. «Il faut aussi savoir que Dakar appartient aux Lébous, et la grande Mosquée est construite sur des terres appartenant à la collectivité léboue, donc l’Imam de la grande Mosquée de Dakar doit être forcément Lébou», insiste-il.
En tout cas, depuis son inauguration en 1964 à nos jours, la Grande Mosquée de Dakar a connu trois Imam Ratib, tous des lébous. Il s’agit d’El Hadj Amadou Lamine Diène, El Hadj Maodo Sylla et Alioune Moussa Samb. Ils sont tous les trois de proches parents.
El Hadj Amadou Lamine Diène : le Premier de la classe
Il est installé à la tête de la grande Mosquée de Dakar en 1964. El Hadj Amadou Lamine Diène a dirigé les prières de la rue Blanchot, actuelle rue Moussé Diop, jusqu’à sa mort. Selon le vieux Ndiaga Samb, c’était une personne respectueuse qui, durant toute sa vie, n’a fait qu’apprendre le coran et l’enseignait à ses disciples.«Un vrai talibé Cheikh. Amadou Lamine Diène était un homme cultivé, poli, sérieux et honnête», témoigne-t-il. Il fut remplacé par son neveu, El Hadji Maodo Sylla, après son décès en 1976, un jour de Korité.
El Hadji Maodo Malick Sylla : La voix d’or
Né le 7 septembre 1930 à Dakar, fils de Mbaye Sylla et d’Aby Diène, sœur de feu El Hadji Amadou Lamine Diène, le premier Imam ratib de Dakar, El Hadji Maodo Malick Sylla, était le président de l’Association des Imams et Oulémas du Sénégal et Cadi au tribunal musulman de Dakar. Deuxième Imam ratib de Dakar, il avait succédé à son oncle El Hadji Amadou Lamine Diène en 1976. Il a rempli avec bonheur son rôle de prédicateur et de guide dans toutes ses dimensions.
Il a été rappelé à Dieu dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 septembre 2001, à la suite d'une longue maladie, à l'âge de 71 ans. Il a été inhumé dans l'intimité familiale au cimetière musulman de Yoff. Il a étudié le Saint Coran auprès d'illustres marabouts entre Mbour, Bargny et Mbao et de son oncle maternel El Hadji Amadou Lamine Diène. Son érudition était sans conteste.
Selon les témoignages de ses pairs lébous, «Maodo Sylla était un homme intègre, cultivé, très raffiné, respectueux, et qui savait également comment faire respecter tout le monde». Il a été instruit par son oncle El Hadji Mouhamed Lamine Diène. Sa voix d'or aura marqué des générations.
El Hadji Alioune Moussa Samb : Le véridique
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Imam Ratib depuis 2001, El Hadji Moussa Samb est né vers 1946. Il est aussi issu de la collectivité léboue. Il est porté à la tête de la grande Mosquée après une intense bataille entre Abdoulaye Makhtar Diop et Pape Ibrahima Diagne Bassirou, les deux grands Serigne autoproclamés de Dakar. Il a été nommé comme 1er adjoint (Naïm) de Maodo Sylla, le 12 janvier 1979 à l’âge de 37 ans avant de le remplacer après sa mort en 2001. Selon son cousin, Ndiaga Samb, l’actuel imam est un homme véridique. «Je le vois très rigoureux et strict. Il est cultivé, aime échanger, dialoguer et est très intègre. Il est éduqué de la même façon que les toucouleurs et les sérères», témoigne-t-il.
Auteur: Seneweb.com