​CONFINEMENT DANS LES PRISONS, SITUATION PRÉCAIRE, MALBOUFFE, COUPURE DE SALAIRES - C’est le ras-le-bol chez les gardes pénitentiaires

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 8 Mai 2020 à 03:40

Les matons sont fâchés. Très remontés par la situation actuelle dans laquelle ils sont, les gardes pénitentiaires, confinés dans les prisons depuis le 25 mars 2020, sans avoir commis ni délits ni crimes, veulent être libérés. Entre situation précaire, malbouffe, coupure de salaires sans compter la non-avancée de leurs statuts, longtemps dénoncée dans les couloirs, ces hommes de tenue menacent de quitter les prisons si jamais ils sont éternellement gardés dans les prisons. Dakarposte, qui a parlé avec certains d’entre eux, transcrit leur ras-le-bol.


Lorsque le patron de l’administration pénitentiaire a pris la décision de tous les confiner dans les prisons, une vague de compassion s’était soulevée à leur endroit. Laisser, leurs femmes, épouses, enfants, papas, mamans, frères, sœurs et amis, pour s’entasser dans les prisons, a été un sacrifice. Oui, dure à prendre, mais ils l’ont fait. Membre de la famille de la grande muette, ils ne pouvaient qu’exécuter l’ordre de leur supérieur. Seulement, ce qui était partie pour être un confinement temporaire  s’éternise. Alors qu’il était question, au début, de vagues d’équipes qui se relèveraient chaque dix jours ou 15 jours, aucun des gardes pénitentiaires «séquestrés» dans les prisons depuis le 25 mars 2020 n’est retourné chez lui.  Pis, le directeur de l’administration pénitentiaire, Jean Bertrand Bocandé, a publié une note de service prolongeant leur séjour carcéral pour 15 jours. Dans cette note du 5 Mai 2020, une possibilité de rotation de brigade de service est soulignée. Sans être affirmatif, le Dap dit qu’il est envisageable d’approcher les services de santé pour avoir un matériel de dépistage du covid-19 afin de permettre de faire rouler les brigades. Mais, pour le moment, les gardes sont dans le tourment. Dans des conditions, dignes de militaires en campagne. 
Leurs salaires charcutés, certains se retrouvent avec 90 mille, 87 mille Francs  Cfa à la fin du mois
Pourtant, beaucoup avaient salué le fait que l’administration pénitentiaire ait donné des primes de 35 mille Francs Cfa à chaque garde pour subventionner leur condition. Seulement, n’ayant pas le droit de sortir, ils sont obligés de se contenter de l’alimentation qui leur est servi dans les prisons. Et, en cette période de ramadan, les gardes reçoivent leur pain  pour la coupure le matin, à l’heure où les pains des prisonniers sont livrés. Et c’est une baguette flasque, élastique, qu’ils arrachent par les dents à l’heure de la coupure. Certains, à l’aide de petits fourneaux se font de petits plats comme de la bouillie de riz ou du "moukhamssa". Sans compter les frittes qu’ils se sont font. Ne supportant donc plus cette situation, ils rouspètent dans les rangs et menacent même de quitter les prisons si jamais cette situation perdure. Pire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le fait de se retrouver, à la fin du mois, avec des ponctions de leur salaire. Pour des raisons inexplicables, leurs salaires ont été charcutés. Ainsi, des agents qui ont fait des prêts bancaires, se sont retrouvés avec la modique somme de …90 mille, 87 mille Francs Cfa à la fin du mois. Une situation précaire pour ces pauvres hommes de tenus qui ont la lourde tâche d’assurer la garde des plus grands caïds et malfaiteurs. Ayant toujours dénoncé en interne leurs statuts qui n’ont pas d’avancement, ils ne peuvent donc plus supporter d’être emprisonnés dans les prisons sans avoir commis ni délits ni crimes, avec des salaires de misères…charcutés. Au Dap, qui a dans un journal de la place, dit étudier la possibilité de rotation, de savoir que sa troupe n’en peut plus. Elle en a marre de cette nouvelle vie qui leur est imposée. Et veulent être relevés. On y reviendra…     
Mamadou Ndiaye
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