« Un grand commis de l’Etat, je le suis »
D’emblée, le chef du Gouvernement a tenu à beaucoup insister sur les qualités administratives qui sont les siennes et qui doivent l’être aussi pour tout agent de la haute administration : la loyauté, la discrétion et l’engagement sans réserve pour le bon accomplissement de la mission qui est la sienne.
Son accession au niveau le plus élevé de l’Administration (à savoir le poste de Directeur Général des Impôts et Domaines), il dit ne la devoir qu’à la compétence et à l’efficacité dont il a partout fait preuve dans l’accomplissement des tâches qui lui étaient régulièrement confiées. Et chemin faisant, sur un air d’orgueil savamment modulé, Amadou BA a martelé que si Macky Sall l’a confirmé à la direction de la DGID, alors qu’il était au poste sous le magistère de son prédécesseur Abdoulaye Wade, c’est incontestablement parce que le patron de l’APR avait une claire conscience qu’il pouvait compter sur lui en tant que grand commis de l’Etat pour poursuivre correctement le travail au niveau de ce service si stratégique dans le fonctionnement de l’Etat.
Dans la foulée, M. le Premier ministre lâche une confidence non négligeable : « Un jour, Farba Ngom est venu me voir à mon bureau et m’a passé au téléphone Macky opposant. Ce dernier m’a prodigué pas mal de conseils et, après, m’a clairement fait comprendre que s’il venait à remporter les prochaines élections, il allait faire de moi son ministre de l’Economie et des Finances. Il a respecté sa parole, mais la décision ne tombe qu’en 2013, un an donc après son arrivée au pouvoir… »
La philosophie du PSE : une leçon trop bien sue !
Amadou BA a rappelé quel rôle important il a joué dans la conceptualisation du PSE et que c’est un tableau de bord de la gouvernance de Macky Sall qu’il s’est vite approprié avec une rigueur et un dévouement insoupçonnés. Dans le sens de cette confidence, il utilisera d’ailleurs cette illustration fortement imagée : « Si l’on devait faire un examen pour voir qui connait mieux la philosophie du PSE, si je ne suis pas premier, je serai sûrement deuxième… »
L’APR guerre de succession et la conceptualisation de la priorité aux militants authentiques du Parti
Abdou Mbow, honorable député, a naguère soutenu l’hypothèse selon laquelle le privilège de succéder à Macky Sall à la tête de l’Etat doit revenir à un militant authentique de l’APR. Et si Maimouna Ndour Faye a voulu savoir ce qu’Amadou BA pensait de ce postulat c’est parce que, comme tous les observateurs, elle sait que le propos du responsable politique de Thiès, clivant et partiel à souhait, visait avant tout à montrer à l’actuel Premier ministre sa vraie place, qui n’est autre que celle d’un militant de la dernière heure, qui n’a intégré les rangs du parti qu’après le temps des saignées, des sacrifices et de toutes les autres épreuves liées à la conquête du pouvoir. Pourtant malgré tout, l’homme jouit d’une influence incommensurable dans la vie et la massification du parti et a souvent eu les faveurs des pronostics quant à une éventuelle succession du « Macky » à la tête de l’Etat. Une éventualité dont certains caciques de l’APR authentique ne veulent point entendre parler ; attitude que le concerné apprécie avec un détachement et une lucidité déroutants. Il pense que la question de l’authenticité du militantisme est une philosophie sectariste dont le parti n’a pas besoin en ce moment ; que ce parti a plutôt besoin de tout le monde. Et que pour se pérenniser, on a besoin d’œuvrer dans la concorde et la mutualisation de nos forces… »
L’Invité de MNF : la vitrine pour vendre une image toute faite de successeur idéal du « Macky » ?
Cette émission n’était-elle pas faite pour se construire aux yeux du maitre des choix et du peuple une image de profil idéal ? En tout cas, tout porte à le croire, et pour cause.
A la fin de l’émission, la journaliste a commenté avec le sourire l’accueil populaire qui a été accordé à l’invité aux alentours des locaux de la chaine. L’intéressé, dans sa réaction, a semblé laisser croire que c’était là une marque de sympathie spontanée. Ce qui peut être vrai.
Mais, connaissant l’infinie palette de stratégies du type politicien pour se construire l’image souhaitée du moment, on peut bien se permettre d’en douter. Une telle attitude pourrait être d’autant plus compréhensible que la journaliste est plusieurs fois revenue sur l’engouement sans nul autre pareil que l’annonce du passage du Premier ministre à l’émission a suscité.
Evidemment, le contexte actuel et le fait que la parole publique de l’homme soit plus ou moins rare peuvent bien justifier un tel intérêt. Mais toute proportion gardée, cela pourrait-il nous empêcher de rappeler que les monstres politiques, s’ils le veulent, peuvent aussi fabriquer de l’intérêt autour de leur personne ?
Le Premier ministre a aussi beaucoup fait allusion à la famille du président, avec laquelle il n’a jamais cessé de communiquer, même aux heures où les langues pendues prêtaient à Amadou BA un profond mécontentement, suite à son éviction, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Il a ouvertement encensé la famille du président, en rappelant notamment quelle sympathique attitude la femme et le fils du président ont affiché à son égard durant cette traversée du désert. Cette peinture très positive et très sympathique de la famille du Président ne pourrait-elle pas être perçue comme une façon bien intelligente de les pousser à défendre sa cause contre celle de ses autres « rivaux » auprès du maitre des choix ?
A ces légitimes sources d’interrogations s’ajoute le fait qu’Amadou BA a eu tout au long de ses réponses des points de vue mesurés et très prudents sur les caciques du parti avec lesquels il est potentiellement en concurrence. Mieux encore, il a intelligemment laissé entendre que lui, il a une qualité extraordinaire que tous les autres semblent ne pas avoir : la discipline. Cette discipline de militant qui doit prédisposer un bon administré à toujours laisser le chef décider de ce que nous devons être, sans pression aucune, comme le lui avait un jour rappelé le vénéré Khalife Général des Mourides Serigne Mountakha. Un conseil qu’il dit avoir bien entendu et qui le conforte à ne jamais faire comme ses rivaux, qui ont presque tous dit clairement qu’ils voulaient succéder au « Macky ».
Succéder à Macky Sall, pour sûr, est une envie qui habite Amadou BA, ne serait-ce que parce que, comme il le ressasse à souhait, mieux que quiconque, il a l’étoffe pour poursuivre et achever la philosophie programmatique de son leader. Mais comment ne pas aussi se rappeler que cet homme n’a pas pu gagner dans la circonscription des Parcelles ? Comment aussi ne pas prêter l’oreille à certaines mauvaises langues qui ne cessent de chuchoter que l’homme n’est pas aussi représentatif qu’il le laisse paraitre et qu’il n’a pas en vérité de base politique ?
njaydakarposte@gmail.com
Mamadou Ndiaye, Dirpub dakarposte.com
D’emblée, le chef du Gouvernement a tenu à beaucoup insister sur les qualités administratives qui sont les siennes et qui doivent l’être aussi pour tout agent de la haute administration : la loyauté, la discrétion et l’engagement sans réserve pour le bon accomplissement de la mission qui est la sienne.
Son accession au niveau le plus élevé de l’Administration (à savoir le poste de Directeur Général des Impôts et Domaines), il dit ne la devoir qu’à la compétence et à l’efficacité dont il a partout fait preuve dans l’accomplissement des tâches qui lui étaient régulièrement confiées. Et chemin faisant, sur un air d’orgueil savamment modulé, Amadou BA a martelé que si Macky Sall l’a confirmé à la direction de la DGID, alors qu’il était au poste sous le magistère de son prédécesseur Abdoulaye Wade, c’est incontestablement parce que le patron de l’APR avait une claire conscience qu’il pouvait compter sur lui en tant que grand commis de l’Etat pour poursuivre correctement le travail au niveau de ce service si stratégique dans le fonctionnement de l’Etat.
Dans la foulée, M. le Premier ministre lâche une confidence non négligeable : « Un jour, Farba Ngom est venu me voir à mon bureau et m’a passé au téléphone Macky opposant. Ce dernier m’a prodigué pas mal de conseils et, après, m’a clairement fait comprendre que s’il venait à remporter les prochaines élections, il allait faire de moi son ministre de l’Economie et des Finances. Il a respecté sa parole, mais la décision ne tombe qu’en 2013, un an donc après son arrivée au pouvoir… »
La philosophie du PSE : une leçon trop bien sue !
Amadou BA a rappelé quel rôle important il a joué dans la conceptualisation du PSE et que c’est un tableau de bord de la gouvernance de Macky Sall qu’il s’est vite approprié avec une rigueur et un dévouement insoupçonnés. Dans le sens de cette confidence, il utilisera d’ailleurs cette illustration fortement imagée : « Si l’on devait faire un examen pour voir qui connait mieux la philosophie du PSE, si je ne suis pas premier, je serai sûrement deuxième… »
L’APR guerre de succession et la conceptualisation de la priorité aux militants authentiques du Parti
Abdou Mbow, honorable député, a naguère soutenu l’hypothèse selon laquelle le privilège de succéder à Macky Sall à la tête de l’Etat doit revenir à un militant authentique de l’APR. Et si Maimouna Ndour Faye a voulu savoir ce qu’Amadou BA pensait de ce postulat c’est parce que, comme tous les observateurs, elle sait que le propos du responsable politique de Thiès, clivant et partiel à souhait, visait avant tout à montrer à l’actuel Premier ministre sa vraie place, qui n’est autre que celle d’un militant de la dernière heure, qui n’a intégré les rangs du parti qu’après le temps des saignées, des sacrifices et de toutes les autres épreuves liées à la conquête du pouvoir. Pourtant malgré tout, l’homme jouit d’une influence incommensurable dans la vie et la massification du parti et a souvent eu les faveurs des pronostics quant à une éventuelle succession du « Macky » à la tête de l’Etat. Une éventualité dont certains caciques de l’APR authentique ne veulent point entendre parler ; attitude que le concerné apprécie avec un détachement et une lucidité déroutants. Il pense que la question de l’authenticité du militantisme est une philosophie sectariste dont le parti n’a pas besoin en ce moment ; que ce parti a plutôt besoin de tout le monde. Et que pour se pérenniser, on a besoin d’œuvrer dans la concorde et la mutualisation de nos forces… »
L’Invité de MNF : la vitrine pour vendre une image toute faite de successeur idéal du « Macky » ?
Cette émission n’était-elle pas faite pour se construire aux yeux du maitre des choix et du peuple une image de profil idéal ? En tout cas, tout porte à le croire, et pour cause.
A la fin de l’émission, la journaliste a commenté avec le sourire l’accueil populaire qui a été accordé à l’invité aux alentours des locaux de la chaine. L’intéressé, dans sa réaction, a semblé laisser croire que c’était là une marque de sympathie spontanée. Ce qui peut être vrai.
Mais, connaissant l’infinie palette de stratégies du type politicien pour se construire l’image souhaitée du moment, on peut bien se permettre d’en douter. Une telle attitude pourrait être d’autant plus compréhensible que la journaliste est plusieurs fois revenue sur l’engouement sans nul autre pareil que l’annonce du passage du Premier ministre à l’émission a suscité.
Evidemment, le contexte actuel et le fait que la parole publique de l’homme soit plus ou moins rare peuvent bien justifier un tel intérêt. Mais toute proportion gardée, cela pourrait-il nous empêcher de rappeler que les monstres politiques, s’ils le veulent, peuvent aussi fabriquer de l’intérêt autour de leur personne ?
Le Premier ministre a aussi beaucoup fait allusion à la famille du président, avec laquelle il n’a jamais cessé de communiquer, même aux heures où les langues pendues prêtaient à Amadou BA un profond mécontentement, suite à son éviction, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Il a ouvertement encensé la famille du président, en rappelant notamment quelle sympathique attitude la femme et le fils du président ont affiché à son égard durant cette traversée du désert. Cette peinture très positive et très sympathique de la famille du Président ne pourrait-elle pas être perçue comme une façon bien intelligente de les pousser à défendre sa cause contre celle de ses autres « rivaux » auprès du maitre des choix ?
A ces légitimes sources d’interrogations s’ajoute le fait qu’Amadou BA a eu tout au long de ses réponses des points de vue mesurés et très prudents sur les caciques du parti avec lesquels il est potentiellement en concurrence. Mieux encore, il a intelligemment laissé entendre que lui, il a une qualité extraordinaire que tous les autres semblent ne pas avoir : la discipline. Cette discipline de militant qui doit prédisposer un bon administré à toujours laisser le chef décider de ce que nous devons être, sans pression aucune, comme le lui avait un jour rappelé le vénéré Khalife Général des Mourides Serigne Mountakha. Un conseil qu’il dit avoir bien entendu et qui le conforte à ne jamais faire comme ses rivaux, qui ont presque tous dit clairement qu’ils voulaient succéder au « Macky ».
Succéder à Macky Sall, pour sûr, est une envie qui habite Amadou BA, ne serait-ce que parce que, comme il le ressasse à souhait, mieux que quiconque, il a l’étoffe pour poursuivre et achever la philosophie programmatique de son leader. Mais comment ne pas aussi se rappeler que cet homme n’a pas pu gagner dans la circonscription des Parcelles ? Comment aussi ne pas prêter l’oreille à certaines mauvaises langues qui ne cessent de chuchoter que l’homme n’est pas aussi représentatif qu’il le laisse paraitre et qu’il n’a pas en vérité de base politique ?
njaydakarposte@gmail.com
Mamadou Ndiaye, Dirpub dakarposte.com