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L'ONU demande une enquête indépendante sur la mort de Mohamed Morsi

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 19 Juin 2019 à 00:42

L'ex-président égyptien Mohamed Morsi a été enterré mardi au Caire. Il est mort la veille, après un malaise au tribunal. Ses conditions de détention sont pointées du doigt. L'ONU et des ONG internationales réclament une enquête.


Au lendemain de la mort de Mohamed Morsi, qui a été enterré, mardi 18 juin, à Medinat Nasr, un quartier de l'est du Caire, le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a réclamé une enquête "minutieuse et indépendante".

"Toute mort soudaine en prison doit être suivie d'une enquête rapide, impartiale, minutieuse et transparente menée par un organe indépendant, afin de faire la lumière sur la cause du décès", a déclaré Rupert Colville, porte-parole du Haut Commissariat aux droits de l'Homme.

L'ancien président égyptien issu des Frères musulmans est mort lundi à l'âge de 67 ans, après une audition devant un tribunal du Caire, "à cause d'un arrêt cardiaque", selon la télévision d'État.

"Le tribunal lui a accordé le droit de parler pendant cinq minutes (...) Il est tombé sur le sol dans la cage des accusés (...) et a été immédiatement transporté à l'hôpital" où il est décédé, a indiqué le parquet général égyptien dans un communiqué. "Il est arrivé à l'hôpital à exactement 16 h 50 et il n'y avait pas de nouvelles blessures visibles sur le corps", a-t-il précisé.

"D'autres détenus nous ont fait signe qu'il n'avait plus de pouls"

Mohamed Morsi, en détention depuis juillet 2013, comparaissait lundi au sein du complexe pénitentiaire de Tora, dans le sud de la capitale égyptienne.

Interrogé par l'AFP, l'un de ses avocats, Abdelmoneim Abdel Maksoud, a déclaré : "Nous n'avons même pas pu le voir au tribunal à cause des parois de verre blindé [du box] insonorisé. Mais d'autres détenus nous ont fait signe qu'il n'avait plus de pouls".

"Je l'ai vu emporté sur une civière dans le complexe judiciaire" de la prison de Tora, a-t-il ajouté, précisant que ni lui, ni la famille du président défunt ne savait vers quel hôpital il avait été emmené.


Les Frères musulmans dénoncent un "assassinat"

Dans un message posté sur Facebook, Ahmed Morsi, le fils de Mohamed Morsi, a confirmé la mort du président déchu.

Le Parti de la liberté et de la justice de Mohamed Morsi, le bras politique des Frères musulmans, a évoqué un "assassinat", dénonçant dans un communiqué de mauvaises conditions de détention dont "le but était de le tuer à petit feu".

En mars 2018, une commission britannique indépendante avait condamné son maintien à l'isolement 23 heures par jour, dans des conditions de détention pouvant "relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant".

"Le refus d'un traitement médical de base auquel il a droit pourrait entraîner sa mort prématurée", avait déclaré devant le Parlement britannique le député Crispin Blunt, président de cette commission.

Erdogan qualifie Morsi de "martyr"

Le chef de l'État turc, Recep Tayyip Erdogan, allié de l'ancien président islamiste, lui a rapidement rendu hommage en le qualifiant de "martyr". L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a lui exprimé "sa profonde tristesse".

Selon Jonathan Schanzer, du cercle de réflexion Foundation for Defence of Democracies (FDD), "étant donné les circonstances, Mohamed Morsi sera considéré comme un martyr. Et les théories du complot autour de sa mort vont certainement prospérer".

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a demandé aux autorités une "enquête immédiate" sur la mort de Mohamed Morsi, qualifiée de "profondément choquante".

L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a également réagi. Sa directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson, a dénoncé sur Twitter "l'échec du gouvernement à lui accorder des soins médicaux adéquats, encore moins des visites de sa famille".



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