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LA SAR À LA FAMILLE 'BÂ ' ? / Quand Bâ Khadim bat ses cartes pour s'accaparer de 51% des parts de la Société ! Que risque le Sénégal si la Sar échouait entre des mains inexpertes ?

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 26 Juin 2019 à 16:18

Dans sa livraison numéro 3050 du 23 Juin dernier , " Jeune Afrique '' , à travers un article intitulé '' Le Sénégalais Locafrique s'offre la SAR '', renseigne qu'à la fin de ce mois-ci, l'homme d'affaires  Khadim Bâ devrait parvenir à contrôler 51% du tour de table (moyennant 70 millions d’euros) de la très stratégique Société africaine de raffinage (SAR). Le montant a déjà été mobilisé ''.  

Réputée inexpérimentée dans le domaine des hydrocarbures, Locafrique avait, en effet, réussi en 2017 à racheter les 34% de parts de Ben Laden Group au niveau de la SAR. En son temps, elle avait dégagé, suite à des montages financiers, une somme de 10 milliards de francs Cfa. Ce qui lui permettait d'avoir un pied dans le Conseil d'administration aux côtés de Total et du groupe Nigérian Sara. Aujourd'hui, Khadim Bâ semble décider à rehausser ses appétits prétextant de l'augmentation mécanique de ses parts eu égard aux clauses. 

Seulement, ce contrat hérité de Ben Laden Group date de plus de 10 ans et n’avait jamais su répondre aux exigences qui lui auraient permis de bénéficier de cette augmentation mécanique. L'État du Sénégal, au vu de l'ampleur des exigences de Ben Laden (monopole des importations et augmentation de la marge de soutien ) n'a jamais accepté. Aucun ministre y compris ceux du régime de Wade qui a amené Ben Laden au Sénégal n'y a donné une suite favorable.  Pourtant, les rumeurs (qui semblent ne pas être gratuites) annoncent que les 51 % sont en passe d'être acquises. Le cas échéant, la Société Africaine de Raffinage serait à la solde de la famille '' Bâ '' et plus précisément à celle de Khadim, très mal barré ces derniers mois.  L'homme d'affaires est réputé '' englouti '' dans une querelle familiale inouïe qui l'oppose à son père. Un différend qui avait même fini d'atterrir sur la table des juges.   

En effet, entre Amadou Bâ, patron de Carrefour Automobiles et son fils Khadim Bâ, actionnaire de la société africaine de Raffinage, le différend ne porte pas que sur du business. À l'instar d'une anguille sous roche, il y aurait un problème familial jusque-là expressément tu et nous nous garderons d'en parler. Il nous revient, quand même, que Khadim et son paternel ont décidé d'ester en justice pour solder leurs comptes. D'ailleurs, le père aurait déjà déposé deux plaintes. L'une a été déposée à la Section de Recherches pour '' cession frauduleuse des actions de Locafrique '' et l'autre sur la table du   Doyen des Juges pour '' faux et usage de faux en écritures de commerce'' et les graves accusations du fils contre son père ne sont que la partie visible de l'iceberg d'une famille déchirée. En termes plus clairs, pour laver un linge sale de famille, les Bâ n'ont pas hésité à se traîner dans la boue. Cette manière de faire, c'est à dire qu'un fils puisse aller porter plainte contre son père n'est pas Sénégalais. Quand un fils travaille à provoquer la faillite de son paternel ou se bat à l'envoyer en prison, c'est qu'il y a réellement problème. Quand un père se met aussi à salir la peau de son fils jusqu'à risquer de lui faire perdre sa crédibilité, c'est qu'il y a là une colère folle, incontrôlable. 

UN DIKTAT DÉJÀ ENCLENCHÉ 

Dans le secteur des affaires proprement dites, Khadim Bâ ne semble guère éviter la gestion clanique. Déjà a-t-il fini de menacer plusieurs sociétés de casser leurs contrats. En effet, l'enquête que nous avons menée révèle que plusieurs entreprises satellites à la SAR sont tout près de passer à la trappe.  En s'adjugeant les 51% de la SAR, Bâ réussira son pari de s'approprier la société et serait en mesure d'exercer un diktat sur les autres partenaires. D'ailleurs ce diktat est déjà en branle. En octroyant à sa sœur Khadidiatou Bâ,  boss de Dermond Oil and Gas, un marché de 180 milliards, l'homme d'affaires prouve qu'il est déjà en train de dérouler  sa feuille de route qui le mènera à gérer, sans partage. 


Dans le contexte actuel qui sert au Sénégal de période de préparation à une phase d'exploitation du pétrole n'est-il pas hasardeux de laisser le business du pétrole entre les mains d'une famille ? D'une famille comme celle des '' BÂ '' qui entretient parfois des accointances avec des hommes politiques qui traînent des casseroles ?  


C'est le cas de cet ancien ministre de l'énergie réputé s'être empêtré dans des scandales pétroliers ahurissants. '' Jeune Afrique '' le cite nommément. Samuel Sarr ne paraît pas être le meilleur partenaire à impliquer dans des histoires de pétrole au Sénégal. Mody Niang, qui se garde de prononcer son nom, estime que l'ancien ministre de l'énergie Sénégalais '' sent le soufre. ''  J'ai de la peine à prononcer son nom. '' Il le traitera ensuite de brigand à travers un cinglant réquisitoire dont ces phrases qui suivent sont extraites. '' Le rapport de l'IGE a passé en revue de nombreux actes illustratifs de mal gouvernance financière, y compris, en particulier, ceux qui avaient cours à la Société africaine de Raffinage (SAR), avec les ‘’hauts faits d’armes’’ de l’ancien Ministre de l’Energie et ancien ‘’conseiller financier’’ du vieux président-politicien (...). Le même Rapport de l’IGE précise que la Société a importé en 2008 une cargaison de  122 222 tonnes de pétrole brut auprès du fournisseur Arcadia Petroleum Limited (APL), qui l’a expédié à partir du Nigeria, à bord du « M/T OLINDA ». On se rappelle que cette cargaison contenait une énorme quantité d’eau mélangée au pétrole et a été, de surcroît, importée par la SAR « dans des conditions marquées par bien des irrégularités, manquements et autres dysfonctionnements ».  Mody Niang de signaler que sous Samuel Sarr la cession des marchés s'est généralement faite nébuleusement rappellant ''  l’importation de la cargaison ‘’Olinda’’ qui, dit-il, n’avait fait l’objet d’aucun appel d’offres, ni de l’application des dispositions du Code des Marchés publics alors en vigueur, ni de l’application de la procédure interne d’appel à la concurrence de la SAR. 

 Le brigandage organisé par l’ancien Ministre de l’Energie aura donc fait perdre à la SAR, pour chaque baril de brut, la différence entre les 6,15 dollars payés à APL et les 3,3 dollars US de l’offre de vente faite par TOTAL. Cette perte « calculée en appliquant les mêmes paramètres que pour déterminer la valeur-facture de l’ensemble de la cargaison », équivaut à deux milliards cent soixante-quatorze millions huit cent soixante-quinze mille cent quatre-vingts trois (2 174 875 183) francs CFA. 

Au total, quatorze (14) cargaisons (9 en 2008 et 5 en 2009) ont été importées exactement dans les mêmes conditions et auprès du même fournisseur, pour une valeur globale de quatre cent quatre-vingt-quinze milliards trois cent soixante-cinq millions (495 365 000 000) de francs CFA soit un surcoût total de 29 milliards de F CFA pour les 14 cargos livrés . C’est énorme ! Cette affaire est loin, très loin d’être classée sans suite ''. Il signale que le fournisseur APL avait été choisi « sur simple instruction de Samuel qui dans une lettre '' demandait que « la SAR ne fasse pas d’appel d’offres pour son approvisionnement en pétrole brut, invoquant un contrat de gouvernement à gouvernement ‘’G to G’’ supposé lier le Nigeria au Sénégal, dans le domaine de la fourniture de pétrole brut ». Or, ce contrat ‘’G to G’’ n’existait nulle part à la SAR et était inconnu de tous les responsables de la Société comme du successeur de ce dernier. '' 

QUE RISQUE LE SÉNÉGAL DANS UN CONTEXTE PAREIL ? 

Dans ce jeu où les maîtres sont en terrain conquis, l'heure ne devient-il pas grave quand on sait que pour beaucoup moins, le Cameroun a sombré dans la précarité. En effet, au Cameroun, la SONARA, qui est la Société Nationale de Raffinage, a  connu le 30 mai dernier un désastre qui pourrait à jamais plomber son fonctionnement. Implantée sur 54 hectares avec une capacité théorique productive  de 2,1 millions de tonnes de pétrole brut/ an, la SONARA avait fini d'avoir l'ambition de générer jusqu'à 3,5 millions de tonnes par an quand subitement l'irréparable se produisit. En effet, elle a été victime d'un violent incendie provoqué par des négligences internes.  

Cette situation tant redoutée qui a prévalu au Cameroun, pourrait-elle épargner le Sénégal ? Qu'en sera-t-il de la sécurité des populations surtout quand on sait que les exploitations se feront dans une zone comme Mbao, habitée par des populations ? Que de questions dont les réponses ne sauront être données que par un ÉTAT RESPONSABLE.  

Le choix de Ben Laden de l’époque avait au moins été guidé par leur compétence en raffinage. Il faut rappeler que la Sar n’est pas un établissement financier et reste une usine pétrochimique par essence dangereuse. 


Ce qui semble être ahurissant dans cette affaire, c'est que nul n'en parle alors que la situation est suffisamment compliquée. De son temps, le ministre Mansour Elimane Kâne avait senti le danger venir. C'est la raison pour laquelle, jamais,  il n'a accepté d'accorder ces augmentations de parts de capital à des novices capitalistes sans expérience technique du raffinage sortis de nulle part.





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