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Présidentielle au Sénégal : qui tirera profit des parrainages ?

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 13 Juillet 2023 à 12:43 modifié le Vendredi 14 Juillet 2023 - 01:04

Si le filtrage des candidatures s’est assoupli, il ne bénéficiera pas pour autant à chacun. Difficile de savoir qui, à ce jeu de chaises musicales, pourra s’asseoir en février 2024…


Présidentielle au Sénégal : qui tirera profit des parrainages ?
Samedi 1er juillet, une imposante délégation d’élus locaux est reçue par Macky Sall au palais de la République. À 48 heures d’une allocution télévisée lors de laquelle ce dernier doit abattre ses cartes, 472 maires sur les 558 que compte le pays et 39 présidents de conseil départemental (sur 46) sont venus tenter l’opération de la dernière chance. Tous sont signataires d’une pétition appelant le chef de l’État à se présenter en 2024 pour un « second quinquennat ». Mais le 3 juillet, dans la soirée, mettant fin à un long suspense, Macky Sall décevra les attentes de son fan-club en annonçant qu’il ne remettra pas son mandat en jeu.

Si la tentative des élus locaux a échoué, elle n’en préfigure pas moins le rapport de forces déséquilibré qui s’annonce à quelques mois d’une présidentielle ouverte, où la majorité devra se trouver un candidat novice pour porter ses couleurs et où certains ténors de l’opposition empêchés en février 2019, comme Khalifa Sall et Karim Wade, devraient faire leur grand retour.

À la faveur du dialogue national qui s’est tenu en juin, un consensus s’est en effet dégagé sur un point essentiel qui avait produit à l’époque des retombées funestes. En vertu de la loi sur les parrainages citoyens adoptée en 2018, de nombreux candidats s’étaient en effet retrouvés recalés lors de la dernière présidentielle. Face à Macky Sall, qui briguait alors un second mandat, seuls quatre challengers avaient pu concourir.

Système assoupli

En février 2024, le filtrage se trouvera assoupli. Car aux parrainages citoyens s’ajouteront deux autres voies d’accès à la compétition. D’un côté, il suffira d’être parrainé par 8 % des effectifs de l’Assemblée nationale, soit 13 députés sur 165 ; de l’autre, un candidat sera admissible s’il obtient la caution de 20 % des élus issus des instances exécutives territoriales, soit 120 parrains à trouver parmi les 558 maires et 46 présidents de conseil départemental. Comme dans l’ancien système, chaque parrain ne pourra apporter son soutien qu’à un seul candidat.


« En 2018, la société civile avait déjà proposé un système de parrainage optionnel qui intégrerait les députés et les conseillers territoriaux parmi les parrains possibles, en plus des électeurs inscrits, rappelle Ndiaga Sylla, le directeur général du cabinet d’expertise électorale Ceelect. Ce système vient d’être acté par la commission politique du dialogue national, même si l’on peut regretter que le nombre de signatures ne soit pas déterminé de manière raisonnable et proportionnée. »
Qui pourra espérer tirer profit de ce new deal ? L’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel) est d’ores et déjà assurée d’obtenir son ticket, même dans l’hypothèse où l’unité affichée depuis 2012 par les trois principaux membres de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) volerait en éclats. Si la mouvance présidentielle – dont l’ossature repose sur l’APR, le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des forces de progrès (AFP) – a vu sa majorité absolue fondre lors des législatives de juillet 2022, elle totalise tout de même 82 députés, ce qui lui garantit non seulement de pouvoir parrainer son futur candidat sans l’ombre d’une inquiétude, mais aussi de jouer au faiseur de roi.

En dents de scie

L’APR est toutefois le seul parti de la coalition à tirer son épingle du jeu. Car le PS et l’AFP se trouvent, eux, dans une position plus inconfortable puisque le premier ne dispose que de 5 députés et le second, de 2. Mais l’on pourrait imaginer que Macky Sall, même en cas de candidature autonome de l’un ou l’autre de ses vieux alliés, voire des deux, saurait se montrer magnanime.
Pour Idrissa Seck, en revanche, les choses paraissent mal engagées. Après un compagnonnage en dents de scie au sein de BBY, il en a claqué la porte en avril 2023 afin de se porter précocement candidat. Dans la foulée, deux de ses lieutenants (les ministres des Sports, Yankhoba Diatara, et de l’Élevage, Aly Saleh Diop) ont quitté le gouvernement, tandis que l’unique députée de Rewmi, Mariétou Dieng, a rendu son tablier.

Avec seulement six maires dans son escarcelle, aucun président de conseil départemental et plus aucun député, le président de Rewmi, qui s’était classé second au premier tour de la présidentielle de 2019, devra donc compter exclusivement sur les parrainages citoyens. Au vu du nouveau ratio adopté lors du dialogue national, il lui faudra donc engranger au moins 44 559 parrainages – soit 0,6 % du fichier électoral. À moins, bien sûr, que les rapports cordiaux qu’il semble conserver avec Macky Sall ne lui permettent d’espérer un soutien de la part de l’APR, dont la manne en matière d’élus pourrait bénéficier à d’autres qu’à son propre candidat.

Jeu ouvert pour l’opposition

Dans les rangs de l’opposition, le jeu semble légèrement plus ouvert. Avec 25 députés, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) n’ont rien à craindre en matière de parrainages parlementaires. L’obstacle qui se dresse sur leur chemin tient plutôt à la situation judiciaire encore incertaine de leur candidat, Ousmane Sonko, qui vient d’être condamné à deux ans de prison ferme au terme d’un procès par contumace.

Khalifa Sall, lui aussi, dispose d’une assurance, bien que sa marge de manœuvre soit plus étroite : les 14 députés de Taxawu Sénégal lui garantissent en effet de pouvoir échapper à la contrainte fastidieuse – et toujours incertaine, en cas de doublon avec d’autres candidats – des parrainages citoyens. Ce qui n’est pas le cas du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), qui avait créé la surprise en 2019 lorsque son candidat, Issa Sall, avait recueilli 4,07 % des suffrages. Ce parti fondé en 1998 par le guide spirituel de la confrérie moustarchidine, Serigne Moustapha Sy Al Makhtoum, ne dénombre en effet que 11 députés et ne pourra compter sur un parrainage par les élus locaux.

Quant au Parti démocratique sénégalais (PDS), il est lui aussi à l’abri du besoin. La coalition Wallu Sénégal, dont le parti d’Abdoulaye Wade et de son fils Karim – candidat déclaré à la présidentielle – était le pivot lors des dernières législatives, dispose en effet d’un stock confortable de 24 députés.

Négociation miraculeuse

Pour tous les autres candidats, à moins d’une négociation miraculeuse avec l’un des rares partis disposant d’un excédent de députés ou de présidents de conseil départemental par rapport à leurs propres besoins, il faudra donc en revenir à la règle des parrainages citoyens, en vigueur en 2019. Avec ses imperfections, que le dialogue national n’a pas toutes réglées.

« Pour le parrainage citoyen, il a été décidé de réduire le nombre minimum de signatures à 0,6 % des électeurs inscrits, rappelle Ndiaga Sylla, du Ceelect. Mais les acteurs du dialogue national ne semblent pas avoir tenu compte de l’évolution récente du fichier électoral, avec plus de 300 000 nouvelles inscriptions enregistrées au cours de la dernière révision exceptionnelle, en mai. Chaque candidat devra donc collecter près de 45 000 parrainages citoyens, un chiffre qui me paraît exorbitant et pas si éloigné des 53 000 parrainages exigés lors de la présidentielle de 2019 », rappelle l’expert électoral.

Dans l’entourage d’un candidat de l’opposition, on laisse par ailleurs entendre que le nouveau système, certes plus ouvert sur le papier, pourrait donner lieu à des stratagèmes destinés à compliquer la tâche des candidats réduits à solliciter le parrainage citoyen. Rien n’empêche en effet ceux qui bénéficient d’un quota d’élus suffisant d’avoir recours, en parallèle, à ce système plus fastidieux. Ce faisant, ils assècheraient le réservoir d’électeurs susceptibles d’être sollicités par leurs concurrents moins bien lotis, les doublons étant prohibés.














Jeune Afrique (Par Mehdi Ba)

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