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Comment la solidarité s'est organisée

Rédigé par Dakarposte le Samedi 14 Novembre 2015 à 15:01

Ils s’appellent Pierre, Mayeul, Stéphane, Antonio, Maud, Lola. Ils étaient au Bataclan, au café, au restaurant ou dans les rues lors des attentats qui ont frappé Paris dans la nuit de vendredi à samedi. «Toujours pas de nouvelles de Chloë : dernière fois vue devant le petit Cambodge ! RT Merci.» «On recherche notre amie Suzon qui était au #Bataclan hier soir. Elle a été touchée.» «Quelqu’un a des news de Nathalie, qui bosse en lumière au Bataclan et était au concert hier soir ?» Des visages de femmes et d’hommes recherchés par leurs proches défilent sur le fil du réseau social Twitter. Des photos de gens heureux, souriant, rieurs, postés aujourd’hui par leurs familles et leurs amis ou copains qui n’ont plus de leurs nouvelles… Et qui n’hésitent pas, parfois, à donner leurs propres numéros de téléphones pour obtenir des informations.

Les demandes portent surtout sur les personnes qui étaient présentes au Bataclan. La salle était pleine pour le concert de Eagles of Death Metal et au moins 82 personnes y ont été tuées, selon les chiffres provisoires de samedi après-midi. Des spectateurs qui pour beaucoup n’ont pas encore été identifiés. Samedi à 14 heures, le hashtag #rechercheparis avait déjà été tweeté, et surtout retweeté, 370 000 fois samedi vers 15 heures. Des messages parfois suivis, quelques heures plus tard, d’autres d’annonces, heureuses ou tragiques. «Durement touchée mais vivante apparemment». Ou encore «cette femme va bien, aperçue quand elle montait dans une ambulance, elle était juste sous le choc».

«Amener une petite pierre à l’édifice»
Des comptes se sont créés spécialement pour relayer les disparitions. «Recherche Paris» a notamment été lancé samedi matin par un Yoann et Marine, un couple de Girondins. Ils se relaient pour retweeter des messages ou directement recueillir des demandes qu’ils diffusent ensuite. «On reçoit beaucoup de messages. Celui de cette dame, par exemple, qui était au Bataclan, explique à Libération Yoann, ancien militaire et aujourd’hui manager dans la grande distribution. Elle s’en est sortie, mais elle n’a pas de nouvelle de sa fille. Elle n’est pas sur la liste des personnes disparues, on sait qu’elle a un tatouage, on a posté sa photo et une description.» Le compte, encore peu suivi, est souvent retweeté. «Si on peut aider, à notre mesure, et amener une petite pierre à l’édifice, même si on est loin de Paris…»

Hors de Twitter, un dispositif de prise en charge a été déployé par les autorités. La préfecture de police de Paris a mis en place un numéro d’assistance aux victimes et à leurs proches (0800 40 60 05). Mais en raison de très nombreux appels, ce dernier est parfois difficile d’accès. Sur le site du ministère de l’Intérieur, les personnes souhaitant signaler une disparition peuvent également remplir un formulaire en ligne, de manière à être «recontacté rapidement par un officier de police judiciaire». Les personnes peuvent également y déposer des témoignages anonymes. Face à l’afflux, le site est également en saturation, «mais de nombreuses personnes travaillent à l’entretien du site», assurent les autorités. L’Assistance publique hôpitaux de Paris (AP-HP) a aussi mis en place un numéro pour ceux qui souhaitent des informations sur l’identité des victimes éventuellement hospitalisées à l’AP-HP (01 40 27 40 27). Et sur Twitter, la mairie du XIe arrondissement de Paris communique aussi un numéro spécial d’urgence pour les touristes.

«Finalement, plus de peur que de mal»
«Les secours ont été d’une grande aide et très réactifs», raconte un jeune homme de 29 ans qui a réussi à s’enfuir du Bataclan dès les premiers tirs, et que nous avons pu contacter. Il est ensuite retourné sur les lieux, une fois l’assaut terminé, pour tenter de retrouver ses quatre amis avec qui il assistait au concert et dont il n’avait plus de nouvelles. «Je me suis alors fais enregistrer en tant que victime. Puis j’ai passé des coups de fil et j’ai retrouvé deux de mes amis aussi réfugiés dans le quartier. Ils sont alors conduits en bus au Quai des Orfèvres pour les formalités judiciaires, puis apprennent, en appelant le numéro spécial d’urgence, que les deux autres amis sont hospitalisés. Finalement, plus de peur que de mal. On est à leur chevet. Ça a été compliqué pour se retrouver, mais on est tous en bonne santé», raconte-t-il, encore sous le choc.

Pour d’autres, la situation est bien plus lourde. «Ma femme n’est pas dans la liste des victimes. Mais elle n’avait aucune affaire sur elle, puisque nous les avions laissées aux vestiaires», se désole un père de famille, qui était au Bataclan avec sa femme, mais n’a pas de nouvelles d’elle depuis la fusillade.

Richard Poirot , Amandine Cailhol



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