On le sait, selon la Constitution, c’est le président de la République qui définit la politique extérieure du Sénégal. Mais, compte tenu de sa forte légitimité politique et de son rôle dans l’accession de Pastef au pouvoir, le Premier ministre Ousmane Sonko dispose, de jure comme de facto, d’un poids diplomatique sans commune mesure par rapport à ses prédécesseurs. Comment se traduit ce dédoublement fonctionnel dans la mise en œuvre de la diplomatie sénégalaise depuis mars 2024 ? Il y a d’abord le style. « Nous avons deux personnalités aux styles différents », analyse René Massiga Diouf, journaliste, docteur en Science politique et auteur de l’ouvrage « La diplomatie sénégalaise de Senghor à nos jours : entre rationalité et errance ». Certes, en diplomatie, le style compte, mais ce qui compte le plus, ce sont les ressorts. Et sur ce plan, il note « une forme de répartition des rôles ». Depuis son élection, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a visité plusieurs pays partenaires du Sénégal et participé à de nombreux forums pour y décliner les nouvelles orientations de la diplomatie sénégalaise. De son côté, le Premier ministre Ousmane Sonko a effectué des déplacements en Mauritanie, en Gambie, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, en Sierra Leone et, tout récemment, en Chine. Des déplacements axés sur la diplomatie économique. Cependant, pour René Massiga Diouf, si l’intervention du chef du gouvernement relève de ses prérogatives, la différence de ton et de style entre les deux têtes de l’exécutif peut entraîner une forme « d’illisibilité » du discours. « Le style du Premier ministre est beaucoup plus direct que celui du président de la République et c’est une voix politique extrêmement forte, qui ne s’entoure pas toujours du minimum diplomatique », constate l’analyste.
Recentrage sur l’Afrique
Le tandem Diomaye-Sonko a également impulsé un recentrage de la diplomatie sénégalaise sur l’Afrique. Recevant son homologue congolais, Anatole Collinet Makosso, le 12 juin 2025, à Dakar, Sonko a confirmé cette nouvelle orientation. « Le potentiel de coopération que nous avons avec les pays africains est beaucoup plus important que celui qu’on escompte ailleurs », avait-il déclaré. « Il y a une volonté réelle d’ouverture, de faire en sorte que le Sénégal puisse sortir des partenariats traditionnels qui le liaient aux pays occidentaux. C’est un horizon vers lequel le gouvernement cherche vraiment à se tendre », explique René Massiga Diouf. Toutefois, dit-il, cette volonté se heurte à un certain nombre d’obstacles liés à la réalité du terrain africain, comme on l’a vu sur celui glissant de la Cedeao minée par les divisions. Pour les dirigeants sénégalais, souligne M. Diouf, il est ainsi devenu compliqué de se mouvoir dans ce terrain tout en gardant la stature diplomatique traditionnelle du pays. S’il partage l’idéologie panafricaniste et souverainiste des pays de l’Alliance des États du Sahel (Aes), le Sénégal reste attaché aux valeurs démocratiques.
Ces constats, dit-il, renvoient à un certain nombre de « faiblesses » de la diplomatie sénégalaise dans le contexte instable de l’Afrique de l’Ouest. La deuxième faiblesse est, selon lui, liée au manque de lisibilité de la diplomatie sénégalaise ces dernières années. « Il y a une forme d’embrouille et de manque de rationalité des objectifs par rapport aux moyens », analyse le journaliste, citant les récents échecs de la diplomatie sénégalaise dans des élections à des postes clés au niveau continental ou international. Le dernier exemple en date, c’est la candidature d’Amadou Hott à la présidence de la Banque africaine de développement (Bad). En dépit de ces faiblesses, nuance René Massiga Diouf, la diplomatie sénégalaise reste sur des « ressorts solides », particulièrement les relations de bon voisinage avec les pays de la sous-région. Un marqueur de la diplomatie sénégalaise depuis Senghor et consolidé par ses successeurs.
Le Soleil
Recentrage sur l’Afrique
Le tandem Diomaye-Sonko a également impulsé un recentrage de la diplomatie sénégalaise sur l’Afrique. Recevant son homologue congolais, Anatole Collinet Makosso, le 12 juin 2025, à Dakar, Sonko a confirmé cette nouvelle orientation. « Le potentiel de coopération que nous avons avec les pays africains est beaucoup plus important que celui qu’on escompte ailleurs », avait-il déclaré. « Il y a une volonté réelle d’ouverture, de faire en sorte que le Sénégal puisse sortir des partenariats traditionnels qui le liaient aux pays occidentaux. C’est un horizon vers lequel le gouvernement cherche vraiment à se tendre », explique René Massiga Diouf. Toutefois, dit-il, cette volonté se heurte à un certain nombre d’obstacles liés à la réalité du terrain africain, comme on l’a vu sur celui glissant de la Cedeao minée par les divisions. Pour les dirigeants sénégalais, souligne M. Diouf, il est ainsi devenu compliqué de se mouvoir dans ce terrain tout en gardant la stature diplomatique traditionnelle du pays. S’il partage l’idéologie panafricaniste et souverainiste des pays de l’Alliance des États du Sahel (Aes), le Sénégal reste attaché aux valeurs démocratiques.
Ces constats, dit-il, renvoient à un certain nombre de « faiblesses » de la diplomatie sénégalaise dans le contexte instable de l’Afrique de l’Ouest. La deuxième faiblesse est, selon lui, liée au manque de lisibilité de la diplomatie sénégalaise ces dernières années. « Il y a une forme d’embrouille et de manque de rationalité des objectifs par rapport aux moyens », analyse le journaliste, citant les récents échecs de la diplomatie sénégalaise dans des élections à des postes clés au niveau continental ou international. Le dernier exemple en date, c’est la candidature d’Amadou Hott à la présidence de la Banque africaine de développement (Bad). En dépit de ces faiblesses, nuance René Massiga Diouf, la diplomatie sénégalaise reste sur des « ressorts solides », particulièrement les relations de bon voisinage avec les pays de la sous-région. Un marqueur de la diplomatie sénégalaise depuis Senghor et consolidé par ses successeurs.
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