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MORT VIOLENTE DU FRANÇAIS JEAN-PIERRE DACHET - Les cambrioleurs risquent la perpétuité

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 21 Mai 2021 à 00:45

Souleymane Djiba, Mamadou Diop et Fatoumata Chérif Ba ont fomenté et mal exécuté le cambriolage du domicile de Jean-Pierre Dachet, en avril 2018. Le Français a trouvé la mort, au moment des faits. Le trio risque la réclusion criminelle à perpétuité.


30 avril 2018. Le cadavre de Jean-Pierre Dachet est découvert chez lui, à Yoff, par sa domestique. Ses cris ameutent le bailleur qui saisit les gendarmes. Les enquêteurs trouvent la victime, âgée de 60 ans, couchée sur le ventre. Ils constatent des bleus sur ses mains et des narines ensanglantées. Plus tard, le rapport d’autopsie conclut à une mort par asphyxie mécanique due à une suffocation nasale et buccale.

En menant les investigations, les gendarmes relèvent qu’un numéro a essayé de contacter, à 13 reprises, le défunt, la veille de la découverte du cadavre. Ils ne tardent pas à localiser la propriétaire de ce numéro qui se trouve, en ce moment-là, dans les locaux du tribunal de grande instance de Dakar. Il s’agit de la nommée Fatoumata Chérif Dia.

Arrêtée et conduite à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane, la jeune fille, alors âgée de 20 ans, soutient qu’elle ignorait le décès de Jean-Pierre Dachet qu’elle connaissait parfaitement. Mais elle avoue avoir participé au cambriolage de son domicile, avec les nommés Mamadou Diop dit ‘’Modou Diop’’ et Souleymane Djiba. Elle renseigne qu’il n’était pas convenu de tuer Dachet qui était son amant. D’après elle, celui-ci la faisait chanter, à cause d’une dette qu’elle avait contractée auprès de lui.

Elle révèle aux enquêteurs qu’elle avait été forcée de payer la créance par des rapports sexuels. D’ailleurs, une décharge corroborant l’existence de cette dette a été retrouvée chez la victime. Et le document stipulait qu’elle devait verser un montant, à chaque fois qu’elle recevait la pension alimentaire de sa fille. Mais Fatoumata avait précisé que ce n’était pas l’argent qui intéressait le défunt.

C’est ainsi, dit-elle, qu’elle s’en était ouvert à sa copine Mame Oulimata Camara. Celle-ci lui avait conseillé de déposer plainte ou d’en parler à ses parents.

Comment le plan a foiré

Fatoumata avait confié aux enquêteurs avoir refusé cette solution, avant d’en parler à son ami Modou Diop qui lui a conseillé de voler les biens de son maître-chanteur. Ce qu’elle a accepté. Le jour des faits, Modou est venu, accompagné de Souleymane Djiba qu’elle voyait pour la première fois. Elle et sa copine Mame Oulimata devaient distraire le Français, pendant que les autres commettaient le vol.

Mais, le plan a foiré. Car, armés d’arrache-clous, Modou Diop et Djiba, qui étaient venus à bord d’un taxi, ont surgi de nulle part, alors que les deux copines venaient à peine d’arriver. Mame Oulimata a pris la fuite, laissant derrière elle sa chaussure et son sac. Fatoumata, elle, s’est réfugiée dans une pièce de la maison.

‘’Quelques minutes après, Modou m’a rejointe et m’a demandé l’emplacement du coffre que je lui ai indiqué. On a emporté son ordinateur, ses cartes visas, le coffre et d’autres objets’’, avait-elle confié au juge d’instruction. Avant d’ajouter qu’après le vol, ses acolytes et elle ont passé la nuit en ville où le partage du butin a été fait. 

Alpagués et entendus à leur tour, Souleymane Djiba et Modou Diop finirent par passer aux aveux. Ne voulant pas collaborer au début, ils se sont inclinés devant les éléments matériels qui les incriminaient.

En effet, sur le ruban adhésif qui avait permis de bâillonner la victime se trouvaient les empreintes de Souleymane Djiba. Et chez lui, les gendarmes avaient saisi un flacon de parfum Hugo Boss qui appartenait au défunt.

La fouille de la chambre de Modou Diop avait, elle, permis aux enquêteurs de saisir un arrache-clou soigneusement dissimulé dans son sac-à-dos.

Ils avaient révélé aux gendarmes qu’ils avaient jeté dans le canal 4 les cartes visas et autres effets personnels de Jean-Pierre Dachet. Des objets qui ne seront jamais retrouvés par les enquêteurs.

Souleymane Djiba et Mamadou Diop contestent avec véhémence les faits

Après trois ans de détention préventive, ils ont été jugés, hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Au parloir, Fatoumata Chérif Camara, qui a comparu pour association de malfaiteurs et complicité de vol commis la nuit avec violence ayant entraîné mort d’homme, a réitéré les déclarations qu’elle avait tenues à l’enquête et lors de son face-à-face avec le magistrat instructeur. Il en est de même pour Mame Oulimata Dia qui est jugé pour association de malfaiteurs et de recel de bien provenant du vol.

D’après cette dernière, les 15 mille francs CFA qu’elle avait reçus de son amie Fatoumata étaient le paiement d’une dette qu’elle lui devait. D’ailleurs, contrairement à ses coaccusés, elle a comparu libre, car étant sous contrôle judiciaire. 

Les deux jeunes demoiselles ont été constantes dans leurs déclarations depuis l’enquête préliminaire. Tout le contraire de Mamadou Diop et Souleymane Djiba. Accusés d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec violence ayant entraîné mort d’homme et usage de moyens de locomotion, ils ont contesté avec véhémence les faits. Ils ont juré à la barre ne pas connaître les filles. ‘’J’ignore de quoi parlent ces filles. Je ne les ai jamais vues. Si je suis ici, c’est parce que je suis vendeur de chanvre indien’’, a déclaré Djiba qui a été une fois condamné à 8 ans d’emprisonnement ferme.

Mieux, il a soutenu qu’il n’a pas été auditionné à la gendarmerie et que le juge d’instruction ne lui a demandé que sa filiation. Son coaccusé, moins bavard, a dit qu’il ne connaît que Fatoumata Chérif Dia. Il a précisé qu’ils ont un ami en commun qui se trouvait en prison, au moment des faits.

Le parquet requiert la réclusion criminelle contre Djiba, Diop et Fatoumata Chérif Ba

Malgré leurs dénégations, le maître des poursuites a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre eux. Cette même peine a été requise contre Fatoumata Chérif Camara.

En ce qui concerne Mame Oulimata Dia, le représentant du ministère public a demandé son acquittement pour le chef de recel de bien provenant de ce vol et de la condamner pour association de malfaiteurs. Pour la peine, le substitut du procureur a requis à son encontre 5 ans d’emprisonnement ferme. 

Maitre Bamba Cissé, le représentant de la partie civile, a ajouté que les faits sont établis à l’encontre des accusés qui ont tué avec froideur Jean-Pierre Dachet, avant de s’emparer de ses biens. Il a réclamé, pour le compte des trois héritiers du défunt, la somme de 300 millions de francs CFA.

Dans leurs plaidoiries, les conseils des accusés ont, tour à tour, essayé de tirer d’affaires leurs clients. En effet, Me Fall, avocat de Mame Oulimata Dia, qui s’est félicité de l’attitude de sa cliente qui a toujours coopéré durant toute la procédure, a sollicité son acquittement. Selon lui, sa cliente ignorait l’entreprise délictueuse de ses coaccusés. Les avocats de Souleymane Djiba, Modou Diop et Fatoumata Chérif Camara ont, eux, imploré la clémence de la chambre. 

L’affaire mise en délibéré, le verdict sera prononcé le 2 juin prochain. 

Par ailleurs, l’émotion était au rendez-vous dans la salle 4 du tribunal de Dakar. Alors que les avocats de la défense faisaient leurs plaidoiries, la mère de Fatoumata Chérif Dia, affectée par la peine requise par le parquet à l’encontre de sa fille, a fondu en larmes. A ses côtés, sa petite-fille, qui ignore que c’est sa mère qui répond de ses actes, a essuyé avec délicatesse les larmes de celle qu’elle appelle ‘’maman’’. 
































Enquête Quotidien



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