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Malick Gakou Coordonnateur de Manko Wattu Senegaal « Macky Sall n’est pas prêt à organiser des élections démocratiques et transparentes»

Rédigé par Dakarposte le Lundi 5 Décembre 2016 à 10:30



Même s’il reconnait que le « minimum de consensus obtenu est un pas dans la bonne direction », Malick Gakou n’en demeure pas moins convaincu que le président de la République veut faire un forcing pour avoir un nouveau mandat. Dans cette interview exclusive, le coordonnateur du Front Manko Wattu Senegaal revient sur les points d’achoppement dans les discussions entre le pouvoir et l’opposition, évoque la gestion de nos ressources naturelles, donne les raisons de son absence lors de la rencontre au Palais… Entretien.

Par Ahmed Bachir Ndiaye

L’audience de l’opposition  avec le Président de la République Macky Sall a eu lieu en votre absence. Qu’est ce qui explique cela ?
Dans le cadre de mes activités professionnelles, j’avais une programmation internationale déjà retenue bien avant l’invitation du Président de la République. C’est ce qui justifie mon absence à cette importante audience.
Alors pourquoi le Grand Parti n’était pas représenté dans la délégation ?
Le Grand Parti était bien présent à travers la délégation qui nous a représentés. Je profite de l’occasion pour féliciter et remercier, au nom de la conférence des leaders, les Membres dûment mandatés et qui se sont acquittés de la mission avec célérité, rigueur et détermination. 
Que dire alors de toute cette polémique sur la composition de la délégation ?
Je ne vois pas l’intérêt d’une polémique autour de la délégation, d’autant plus que chaque Membre du Front pouvait valablement nous représenter à cette audience. La conférence des leaders du 25 novembre 2016 a donné mandat au Coordonnateur de désigner une délégation. Ce que j’ai fait en toute responsabilité en désignant celle-ci dans un esprit d’efficience et d’efficacité par rapport à nos objectifs en matière de transparence du processus électoral et sur la base des principes retenus par notre mémorandum sur la question.
N’est-ce pas plutôt un problème de leadership ?
Je rappelle, toujours à ceux qui feignent de l’oublier, que notre Front n’est pas une coalition électorale et le socle de notre combat c’est notre plateforme pour la démocratie, les libertés et la sauvegarde des ressources naturelles du pays. Donc il n’est point nécessaire d’y incarner un leadership quelconque ou de  le  subir.
Nous avons mis nos intérêts partisans de côté et nous nous sommes retrouvés pour la défense exclusive des intérêts supérieurs de la Nation. Aucun besoin de leadership ne peut s’incarner dans Manko. 
Ce faisant, nous sommes ensemble d’égale dignité et devront rester soudés sur les questions vitales qui engagent l’avenir de la Nation. Notre Front restera toujours debout dans cette trajectoire.
Quels enseignements tirez-vous de cette audience avec le Président Macky Sall?
Je voudrais dire, avec force et pertinence, qu’il est impératif, dans une démocratie qui se respecte, d’avoir un dialogue permanent entre les acteurs politiques sur les questions fondamentales qui engagent l’avenir de la Nation. D’où l’importance qu’il convient de donner à cette rencontre de haut niveau pour  aborder dans un esprit consensuel, les perspectives électorales du pays.
A cet égard, le minimum de consensus obtenu est un pas dans la bonne direction. Cependant, il faut retenir que nous sommes très loin de la fin du combat politique de l’opposition pour obtenir du pouvoir des élections sans contestations au Sénégal.
Pourquoi le choix d’Abdoulaye Daouda Diallo pour organiser les élections pose problème à l’opposition ?
Ce n’est pas la personne d’Abdoulaye Daouda Diallo qui nous intéresse dans ce domaine. C’est sa qualité de Membre de l’Alliance pour la République (Apr)  et de Ministre en charge des élections qui pose problème. A ce titre, nous sommes convaincus qu’il ne pourra pas assurer au processus électoral, toute la transparence requise et garantir les équilibres nécessaires pour des élections dont les  résultats seront incontestables. Il nous faut une autorité indépendante pour l’organisation des élections au Sénégal. On ne peut pas quand même moins faire que la Gambie ?
Est-ce à  dire que vous n’êtes pas satisfait de l’audience ?
Le Président Macky Sall n’est pas prêt à organiser, au Sénégal, des élections libres, démocratiques et transparentes conformément aux recommandations des assises nationales. Il fera tout pour faire du forcing, afin d’obtenir un second mandat. Tout dans sa démarche politique l’indique assez clairement et peu importe les moyens d’y parvenir, seul le résultat compte pour lui mais également pour ses partisans. Cela est à la fois inacceptable et inadmissible. L’opposition doit faire face et fera face à cette perspective en porte à faux avec les principes de base d’une démocratie et d’une République des valeurs auxquelles  nous sommes, viscéralement, attachés.
Donc vous êtes toujours dans une posture de combat ?
Bien évidemment nous restons dans notre logique d’actions et d’engagements pour la fiabilité du processus électoral. C’est pourquoi, nous allons encore marcher le 21 décembre prochain pour protester contre toutes perspectives de confiscation de la volonté populaire et d’organisation d’une mascarade électorale.
Si l’opposition et les Forces vives de la Nation ne sont pas capables de contraindre le Président Macky Sall à respecter le consensus indispensable à la tenue d’élections démocratiques au Sénégal, notre pays va sombrer dans des violences post-électorales et cette situation peut conduire à de sérieuses menaces  pour la paix sociale et la cohésion nationale.
A ce propos où en êtes-vous avec le dossier du Pétrole et du gaz ?
Nous avons adressé au Président Macky Sall une correspondance qui indique clairement nos préoccupations relativement à la gestion des hydrocarbures et l’attribution des permis octroyés à Frank Timis et cela bien avant celle sur les élections. Depuis, nous attendons sa réponse.
Dans tous les cas, nos avocats sont en train de finaliser le dossier de notre plainte et nous allons informer l’opinion nationale et internationale de la suite que nous comptons réserver à cette affaire. On ne peut nous endormir sur cette question vitale pour l’avenir de la Nation et des générations futures. Comme sur le dossier électoral, le Président à l’obligation de nous répondre et il nous répondra d’une manière ou d’une autre pour l’histoire. Manko ne va jamais au plus grand jamais ranger ce dossier dans les tiroirs de la politique politicienne.
Le Président vient de mettre sur pied le Cos/pétrogaz… Est-ce une manière de régler le contentieux avec l’opposition sur la question ?
Le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos/pétrogaz) est un instrument de propagande même si on ne peut douter de la valeur intrinsèque de son Secrétaire permanent, M. Ousmane Ndiaye dans ce domaine.
Ce gouvernement a un problème avec la transparence. Celle-ci ne s’accommode pas d’institutions à la solde d’un pouvoir. C’est hélas juste une institution de plus pour renforcer l’armada de communication et de propagande du régime mais les Sénégalais ne sont pas dupes. Ils ont les yeux grands ouverts et le moment venu, ils manifesteront leur courroux. 
Dans ce dossier, nous parlons des conditions d’attribution des permis et le gouvernement nous parle de conformité des contrats et maintenant de gestion transparente du futur. On nous dit  tout sauf l’essentiel et pour nous, il s’agit plutôt de la défense des intérêts supérieurs  du Sénégal pour assurer à notre grand pays, les gages de sa pérennité dans un monde en profonde mutation.
Hélas tout est devenu politicien dans ce pays. Un Etat politicien qui aspire à une société politicienne pour assouvir un besoin inexpugnable de pouvoir juste pour le pouvoir et sans perspectives viables pour le Peuple. C’est tout simplement triste et hilarant.
Vous reconnaissez avec moi que la baisse annoncée du prix de l’électricité est un pas en avant…
Il faut arrêter ce cirque du gouvernement. Décidemment, rien ne peut freiner la volonté inébranlable du pouvoir de prendre les Sénégalais pour des demeurés. L’énergie est la base de toute production moderne. Le prix de l’électricité et celui de tout ce qui touche à l’énergie devraient baisser depuis que le prix du baril du pétrole est passé de 100 à 40 dollars Us.
Aujourd’hui, la seule baisse acceptable de l’électricité c’est de diviser au moins par deux la facture du « Gorgorlu ». Mais, un an après la baisse vertigineuse du coût de l’électricité, on va attendre Noel pour nous saupoudrer en tintamarre d’une baisse de celle-ci comme ce gouvernement sait bien le faire dans une tragicomédie de mauvais goût et le 31 décembre prochain est certainement, le jour idéal pour une escroquerie politique acrobatique.
Il faut arrêter, dans ce registre, la privatisation déguisée de la Senelec. La lente privatisation de la production est l’illustration la plus parfaite de l’incurie de ce gouvernement en matière de production et de politique énergétique.
N’êtes-vous pas trop critique à l’égard du gouvernement ?
C’est pitoyable de voir comment on met en jachère le futur de notre pays à travers cette mise en scène ubuesque. Les effets d’annonce n’y feront rien. Ce gouvernement a baissé les bras et gère avec hilarité et de manière déconcertante les perspectives de développement économique et social du pays au lieu de le remettre au travail. Pour ce faire, il faut savoir travailler et ne pas exceller dans l’art du voyeurisme sans impact sur le  bien-être et la qualité de vie des populations.
Cela nous révolte et nous rend abasourdis de peine pour ce peuple meurtri du Sénégal qui vit dans la précarité absolue et surtout pour sa vaillante jeunesse étranglée par le chômage endémique du fait de l’inefficacité du Plan Sénégal émergent (Pse). 
Revenons au Front. Bientôt la fin de votre mandat, quel bilan en tirez-vous ?
Il appartient à la Conférence des leaders de tirer le bilan de ma coordination. Mon  mandat de Coordonnateur expire le 14 décembre 2016. Avant cette date, la Conférence des leaders choisira le nouveau Coordonnateur qui doit me succéder. Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis d’accomplir ma  mission avec responsabilité et hauteur.
Je tiens à remercier très sincèrement mes pairs pour leur confiance et leur soutien pour la satisfaction de tous les désidératas liés à l’exercice de mon mandat. Je vais continuer au nom du Grand Parti à contribuer, de toutes mes forces et avec un engagement de tous les jours, à la matérialisation des objectifs de notre plateforme.
Quelle est votre position par rapport au combat des magistrats sur les mutations que le pouvoir veut introduire au niveau de  la Cour Suprême? 
Cette situation est une marque de fabrique de la volonté de l’exécutif de mettre le Sénégal sous le joug des volontés de son chef. Cette vision du pays est totalement en porte à faux avec les aspirations profondes des Assises nationales pour une République des valeurs où chaque pouvoir joue son rôle en harmonie avec les principes intangibles de la séparation des pouvoirs et de leur indépendance. Du reste, il faut en finir avec l’ère des Présidents Ndinki Ndanka avec une présidence hypertrophiée  qui asphyxie la démocratie et gangrène la République.
Le référendum du 20 mars dernier aurait dû régler cette question fondamentale de l’indépendance de la justice. Nous soutenons fortement le combat des magistrats du Sénégal dans ce dossier et leur marquons  notre solidarité agissante. De toute façon, l’époque des « Présidents Dieu » à la Ceausescu est révolue et le Peuple Sénégalais se tiendra debout pour dire « Non » à toute tentative de vassalisation des vertus cardinales de notre société de dignité, de patriotisme et de valeurs. 



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