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Barthélémy Diaz : Une tête brûlée

Rédigé par Dakarposte le Mardi 15 Novembre 2016 à 08:13

Avec Dakarmatin


Barthélémy Diaz : Une tête brûlée
Son nom dégage une témérité. Sa fougue est déraisonnable. Il est anticonformiste.Son courage est démesuré. En politique, il est une hydre aux pattes armées de griffes. Fils de son père, Jean-Paul Diaz, chef de Parti, redoutable polémiste et entier en tempérament, Barthélémy Diaz a bien hérité de celui-ci. Mais il fait et dit plus que lui. Il peut êtresacerdotal avec les uns et atroce avec les autres. 

Sa fougue l’a poussé, un 22 décembre 2011, a dégainé contre d’impertinents nervis qui ont eu le toupet d’assaillir la Mairie qu’il dirige et il y a eu mort d’homme. La  polémique qui s’en suivit a abouti à la levée de son immunité parlementaire de député socialiste. Mais qui est Barthélémy Diaz, ce jeune homme politique intrépide, forcené et imprudent, qui n’hésite jamais à se jeter au feu ?

 Une divine coïncidence fait qu’il s’appelle Barthélémy Diaz, un nom qui renvoie à l’explorateur portugais qui, au 15ème siècle, a découvert  le Cap de Bonne Espérance, un promontoire rocheux sur la côte de l’Atlantique de l’Afrique du Sud.Et ilfallait de la folie pour y arriver. Maisle portugais Bartholomé Dias(1450-1500) y arriva.

La folie téméraire de cet explorateur est bien en Barthélémy Diaz du Sénégal, Responsable politique socialiste et Maire de Mermoz-Sacré- Cœur, dont le nom et l’action ont fait l’actualité ces derniers mois.

Quand il s’engageait en politique au Parti Socialiste après sa défaite en 2000, beaucoup de ses proches, renseigne un habitant de Sicap Baobab, pariaient qu’il n’irait pas loin. Mais en un temps record, il franchit, avec le mouvement Convergence Socialiste qu’il mit en selle, le cap comme l’explorateur portugais qui, en 1488, réussit l’impressionnante prouesse de franchir le Cap de Bonne Espérance avec des moyens rudimentaires tels que la boussole.

Mais le Barthélémy Diaz du Sénégaldu 21ème siècle, n’apas,  comme Bartholomé Diaz du 15ème siècle, de boussole. Il avance plutôt avec les forces de sa conviction, trottine avec les instincts de sa fougue, parle avec la texture d’un tempérament de vitriol, défend ses idées avec hargne, explose contre son adversaire et quand il est dans un état irascible, il menace, frappe ou dégaine.

En fait, Barthélémy Diaz n’a peur de rien ni de personne. C’est congénital. Il ne connait pas l’abdication. Il ignore la capitulation. Les Socialistes le savent et il leur a beaucoup apporté quand ils furent dans l’opposition.

Dans un combat politique, si les soldats sont mille, il en est. S’ils sont cent, il en fait partie. S’il en demeure dix, il est en tête et s’il n’en reste qu’un, c’est lui.Mais souvent, il dérape.

Une fougue démesurée

Barthélémy Diaz est ce qu’on peut appeler un « boy Dakar ». Rien de la capitale sénégalaise ne lui est étranger. Il est à l’aise aussi bien dans un espace de cocagne que dans un taudis. Il peut composer facilement avec n’importe qui, du pacha au mendiant, du boutiquier au vendeur de « café Touba ».

Mais il a un esprit trop yankee. Son long séjour académique aux Etats-Unis où il faut tuer ou être tué et où le port d’arme est un fait naturel, a amplement façonné sa personnalité.

Si sa fougue est atavique, c’est parce que dans sa famille, la veulerie n’est pas permise. Son père,Jean- Paul Diaz, n’a peur de ne rien dire. Il est d’une liberté innée. Il n’hésite pas à assener ses vérités à son interlocuteur, dût-il être un Napoléon.

Sa mère, Christiane Lopez, ancienne capitaine de l’équipe nationale de Basket-ball féminin et championne en 1973aux Jeux panafricains de Lagos,est enseignante à la retraite.Quand elle fut Censeur au Lycée Kennedy, sa seule ombre faisait trembler d’effroi : son autorité était forte et ses principes rigides.

Barthélémy Diaz est donc fils d’un homme au tempérament explosif et naturel et d’une femme à la personnalité forte et imposante.

L’addition de l’héritage génétique paternel et de l’héritage génétique maternel a fait de lui ce qu’il est avec un surplus indomptable et démesuré.À la moindre contradiction, il peut exploser de rage et hurler de colère. Il a l’âme d’un leader et pour lui, il faut de la folie et de l’audace pour s’imposer.

En politique, mieux vaut être avec lui que contre lui : contre l’adversaire, il est offensif et enflammé. Il ne lui fait aucun cadeau et ne lui donne aucun répit.Mais, il ne regarde jamais le rétroviseur, ce qui lui fait cogner à tort. Il s’éparpille et fait mille choses à la fois. D’ailleurs, il exerce sa profession, siège à l’Assemblée nationale, assume les fonctions de Maire et s’occupe de sa famille, des responsabilités plurielles et accaparantes.

Des qualités qui sont des défauts.

Barthélémy Diaz est dynamique. Mais il est impulsif. Il est tenace. Mais il n’a pas le sens de la mesure.Il considère qu’il détient la vérité et se fie seulement à ses instincts et à son jugement, pouvant ainsi commettre des erreurs ou se tromper. Ses atoutssont immenses. Mais il est hyperactif.

L’aspect instable de sa personnalité lui fait commettre des bourdes. Il donne plus de temps à son énergie incontrôlée sans se concentrer sur ce qui est plus important à faire et qui peut lui rapporter gros. Ses humeurs sont emportées. Sa hargne  ne fait que lui porter préjudice. Il ne peut la contenir. Il a de la conviction, mais son émotivité devient pour lui un désastre capable d’anéantir les liens, meme solides, qu’il entretient avec certains.

Il est un homme d’action et de terrain. Mais il a le défaut de vouloir agir seul pour fonctionner à son gré. Il est plus réactif qu’actif. Il n’aime pas qu’on l’instruise ou qu’on lui donne des ordres, étant têtu. Quand il prend un élan, rien ne l’arrête et ne peut l’arrêter.

Un parcours politique à succès

Qu’on l’aime ou pas, Barthélémy Diaz est un jeune homme grandiose qui ne laisse personne indifférent. Il ne peut vivre sans un objectif précis à atteindre vaille que vaille. Mais il décide seul, même s’il se montre ambitieux et précoce à assumer les responsabilités.

Il a un parcours politique sans échec. Dès son adhésion au PS, il crée le mouvement Convergence socialiste et mène un combat atroce contre le régime de Wade et une lutte tenace pour l’élargissement des bases du Parti Socialiste. Il réussit ainsi à faire adhérer de nombreux jeunes à l’appareil politique de Colobane. Sa popularité et le charisme qu’il dégageait auprès des jeunes socialiste, lui font accéder à la tête des Jeunesses socialistes. Il donne alors un nouveau souffle à l’action et au militantisme politique juvénile.

En 2009, il se présente pour la première fois pour diriger la Commune de Sacré-Cœur Mermoz et gagne à l’applaudimètre, devenant à l’époque le plus jeune Maire du Sénégal.

Puis, en 2012, il est investi pour les Législatives. Il s’investit ardemment dans sa cité et dans le reste de la Capitale. Il passe alors député.

Etant aussi Maire, il mène une bataille acharnée pour les cités de Karack, Baobab, Mermoz et Sacré-Cœur qui relèvent de son autorité : refus de l’occupation anarchique, des panneaux publicitaires et mise en valeur de terrains inoccupés, entre autres. Ses actes de Maires ont alimenté des litiges. Mais il a toujours affronté les situations jusque même devant la Justice.

Mais ce qui est certain est que jusqu’ici, dans le domaine politique et face à des enjeux électoraux, il s’en sort toujours victorieux. Un paradoxe par rapport à sa personnalité si controversée et à sa témérité dérangeante qui lui a valu une levée de son immunité parlementaire !

Pape Ndiaye



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