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30 ans après la "Guerre du Golfe" / « Retour dans le passé » avec un rescapé sénégalais : les familles des victimes toujours dans l’attente d’une réparation.

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 26 Mars 2021 à 05:00

La Guerre du Golfe d'août 1990 à février 1991. Un lointain souvenir pour les plus jeunes. Le Sénégal engagé à côté des belligérants commandé par les États-Unis dépêche 495 hommes. 92 d’entre eux seront tués dans un crash d'un C-130 de l'armée saoudienne. Les familles des victimes réclament toujours de rendre une dernière visite à leurs pères, frères ou fils tués dans ce conflit entre l'Irak et une coalition de 35 États. Dakaractu s’est rendu auprès d’un ancien militaire de retour de cette guerre, mais aussi auprès d’une famille dont le père est à jamais parti.
 
21 mars 2021 journée dédiée aux diambars tués lors de la guerre du Golfe. 30 ans après le drame du crash du Lockheed C-130 Hercules de l'armée saoudienne le 21 mars 1991, les familles des victimes ont initié une marche à la place de l'Obélisque pour honorer la mémoire de leurs héros en exigeant réparation. Ces femmes réunies autour de l'association des veuves de militaires décédés en Arabie Saoudite réclament à l'État leur indemnisation. Leur cri de guerre : le paiement versé par les pays du Golfe aux blessés de guerre ainsi que les 93 diambars décédés lors de ce conflit et que jusqu'à présent aucun suivi n'a été diligenté de la part de l'État. Ce matin, comme chaque matin du 21 mars depuis de longues années, elles se battent pour « un honneur mérité aux diambars ».

Une bataille sur le terrain qui fait suite à celle judiciaire. En effet, trente (30) ans après les malheureux événements, les familles des défunts avaient saisi la justice pour obtenir réparation des préjudices subis et décrier ce qu'elles qualifient de détournement. Quatre-vingt-onze (91) milliards de francs CFA avaient été déboursés par des pays du Golfe pour dédommager les familles des militaires morts en mission. Seulement, ces dernières n'avaient reçu que des miettes de la part de l'État du Sénégal. En langage plus clair, les ayant droits ont perçu précisément zéro virgule cinq pourcent (0,5%), soit une enveloppe de cinq cent (500) millions de francs CFA répartie entre les familles des victimes.

Dans ce combat, des veuves, des orphelins laissés à leur propre sort s'indignent de l'attitude de l'État et réclament une prise en charge plus honorable pour au moins un dernier hommage digne de ce nom aux diambars qui méritent bien cette récompense. « Ce sont des diambars qui sont restés au Golfe dans des cimetières arabes, ce sont des diambars qui se sont battus jusqu'à leur dernier souffle, ce sont des diambars qui sont revenus infirmes »,  explique Ibrahima Macalou un rescapé de la guerre.


« Au-delà de son caractère militaire, cette mission a fait bénéficier au Sénégal des retombées diplomatiques à travers une forte relation désormais avec le Koweït et l’Arabie saoudite, économiques par le soutien financier constant de ces pays, mais surtout la quantité d’équipements militaires acquis à la fin de la guerre qui a beaucoup servi à l’armée pendant près de vingt ans , faisant économiser beaucoup d’argent au Sénégal », explique El Hadj Abdoulaye Diouf, secrétaire général des anciens combattants. Ils comptent poursuivre ce combat pacifiquement jusqu'au bout parce que l'attente aussi longue  qu'elle fut n'est pas de tout repos.

À Golf, où nous l’avons rencontré, cette Cité de la Grande Banlieue Dakaroise qui doit toujours lui rappeler à l’évocation cette guerre maudite qui lui a coûté son mari, Rama Badiane, n'est pas encore au bout de ses peines.

« Je passe de maison en maison pour des locations. Mes enfants ne sont pas soutenus par l'État dans leur cursus scolaire et mon vécu quotidien est similaire à celui des autres veuves. Il existe même des enfants des diambars qui sont devenus fous à force de réclamer leur père », explique-t-elle. L'avenir semble donc incertain et l'horizon très flou pour le jeune Mansaly qui a toujours compté que sur lui. « Je me suis battu tout seul comme un vrai diambar pour m'en sortir et aider ma Mère.je faisais de petits boulots pour payer mes fournitures. Aujourd’hui je suis à trois diplômes Dieu merci ». Explique le jeune orphelin de père.

La guerre du Golfe ou guerre du Koweït a laissé derrière elle beaucoup de dommages collatéraux. Ce conflit qui a fait un lourd bilan de blessés et de morts côté diambars, a disloqué des familles devenues orphelines de leur figure paternelle. Ces femmes qui ont endossé un rôle qu’elles n'ont pas choisi se battent chaque jour au quotidien pour devenir l'héroïne de leur famille. Elles ne souhaitent qu'une seule chose rentrer dans leur fond au nom de ceux qu'elles ont perdu au front. Un ultime honneur à la hauteur de leurs sacrifices.



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