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Audition de Khalifa Sall: le soutien timide des maires

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 23 Février 2017 à 07:56

Audition de Khalifa Sall: le soutien timide des maires
Contrairement à l’affaire Bathélémy Dias où les Maires sont restés aphones, les va-et-vient de Khalifa Sall à la Dic, dans le cadre d’une enquête relative à la gestion de la caisse d’avance, ne plaisent pas du tout aux Maires du Sénégal.

L’Association, dans une déclaration rendue publique hier, n’a pas hésité à se solidariser de l’Edile de Dakar qui court droit vers des ennuis judiciaires.

Consciente de cet état de fait, l’Association a, dans sa déclaration, souhaité faire bénéficier aux Maires de la même immunité que les députés afin de mieux les protéger dans l’exercice de leurs responsabilités.

Une demande qui, sans nul doute, obéit à l’esprit de la décentralisation. Car, les collectivités locales ne peuvent pas être autonomes, compétitives sur le plan économique si ceux qui les dirigent sont à la merci du pouvoir central qui, pour des raisons politiques partisanes, peut à tout moment s’en prendre à eux.

Entendons-nous bien, il ne s’agit nullement de promouvoir une quelconque forme d’impunité qui n’est pas admissible en démocratie où personne n’est censé être au-dessus des lois. Il s’agit simplement de rendre les poursuites plus difficiles avec l’onction nécessaire de l’Assemblée nationale qui doit avoir un droit de regard sur les cas concernés des élus qui ont sollicité et obtenu les suffrages de leurs concitoyens, au même titre que le Président de la République.

Les affaires Bathélémy Dias et Khalifa Sall ont montré que les Maires n’ont ni une protection personnelle physique de la part de l’Etat, ni une immunité.

Ils restent alors, à bien des égards, des citoyens ordinaires.

Or, la décentralisation dont le Maire est le talon d’Achille, ne saurait être parachevée dans sa dynamique de transfert de pouvoirs aux citoyens que si les Maires jouissent de l’autorité nécessaire à l’exercice de leurs prérogatives.

C’est pourquoi nous sommes en phase avec l’Association des maires, même si par ailleurs, à l’état actuel de notre Assemblée, l’immunité ne protège personne. Elle ne fait que retarder les choses.

Tant qu’en effet la majorité mécanique parlementaire se fera un plaisir d’exécuter les instructions directes ou indirectes reçues des différents régimes qui se sont succédé, l’immunité sera un vain mot. Car, il suffira que le procureur transmette le dossier afin de la levée d’untel, pour qu’il en soit ainsi.

Nous venons ainsi de prendre conscience, une fois de plus, de l’importance d’avoir un Parlement digne de ce nom, pour la sécurité de tous.

Si des raisons politiciennes sous-tendent les poursuites, il ne faudrait pas attendre de l ‘Assemblée de chercher à protéger qui que ce soit.

C’est pourquoi, la déclaration du Vice-Président de l’Ams, aussi louables qu’elle soit, nous semble devoir être rangée parmi les pétitions de principe, les déclarations de bonne volonté pour étaler sa bonne foi.

L’Ams met d’ailleurs un bémol à son soutien. Elle déclare que si la gestion est transparente, il n’y aura pas de quoi fouetter un chat. Cela veut dire qu’elle a pris le parti de ne pas voir le caractère sélectif du transfert du dossier et le contexte de chasse aux sorcières contre Khalifa et ses proches comme Bamba Fall et Barth’.

C’est pourquoi, ce pas étonnant qu’elle n’ait entamé aucune action précise de nature à soutenir vraiment un des leurs, le Maire de la capitale, en proie à la toute-puissance de l’autorité de tutelle qui lui montre ses biceps.

Mieux, le débat sur la caisse d’avance intéresse en premier les Maires qui devraient savoir qu’en cas de condamnation de Khalifa, la jurisprudence fera d’autres victimes bien ciblées parmi les plus récalcitrants d’entre eux.

L’Ams devrait alors plancher sur le débat de fond concernant cette question et donner une position ferme quant au maniement de ces fonds.

Certes, on ne peut lui reprocher de laisser faire la justice, mais elle ne saurait ignorer que le propre d’une justice digne de ce nom, est d’être impersonnelle et générale.

Assane Samb
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