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Ciel voilé sur Air Sénégal : cinq avions, 38 milliards et une turbulence nommée Omnipol

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 28 Mai 2025 à 10:47 modifié le Mercredi 28 Mai 2025 - 12:49

Parmi les nombreux chantiers de « moralisation » ouverts par le tandem Sonko-Diomaye, l’un des plus explosifs se joue à 10 000 mètres d’altitude : celui de l’acquisition controversée de cinq avions tchèques L410-NG par Air Sénégal. Derrière les apparences d’un projet stratégique pour le désenclavement des régions, c’est une transaction à 38 milliards de francs CFA que l’Inspection générale d’État (IGE) passe aujourd’hui au crible, avec l’appui du cabinet Affirmative-Afrique.
Une enquête révélée dans les colonnes de L’Observateur, qui évoque sans détour une opération nébuleuse entre injonctions politiques, montage financier complexe et suspicions de contrat léonin.

Une commande qui plane sous les radars

Officiellement, la commande des cinq appareils L410-NG auprès de la société tchèque Omnipol SA devait répondre à une logique claire : renforcer le réseau domestique d’Air Sénégal dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE) et du vaste programme de réhabilitation des aéroports régionaux (PRAS). En 2023, après la réouverture de plusieurs plateformes aéroportuaires (Saint-Louis, Cap-Skirring, Kédougou…), la compagnie nationale ambitionnait de couvrir l’ensemble du territoire.

Mais comme le rapporte L’Observateur, la réalité derrière cette acquisition pourrait bien être toute autre. Le contrat, évalué à 59 millions d’euros (près de 39 milliards de FCFA), inclut la livraison des avions, la formation de 35 techniciens et pilotes, des moteurs de rechange, et un package d’équipements au sol. Jusque-là, tout semble conforme. Mais ce sont les conditions de passation du marché, le choix du prestataire et le montage financier qui intriguent fortement les enquêteurs.

Une mission « express » à Prague… et un contrat en pilote automatique

À l’époque, le ministre Doudou Ka, désormais en exil en France, s’était envolé avec une délégation de 11 personnes à Prague pour « affiner » les termes du contrat. Selon des documents confidentiels obtenus par L’Observateur, le projet de financement était structuré autour d’un crédit commercial de 15 % d’avance et d’un crédit acheteur à l’exportation pour les 85 % restants, garanti par deux banques tchèques. Un schéma classique… mais ficelé avec une rapidité qui interpelle.

Car à peine quelques mois plus tard, le 7 décembre 2023, alors que Doudou Ka avait été promu ministre de l’Économie, l’accord de financement est signé dans une ambiance de précipitation. L’Observateur révèle que tous les feux étaient mis au vert sans réelle contre-expertise indépendante, malgré une situation financière déjà critique d’Air Sénégal.

Une compagnie à l’hémorragie financière… et des appareils inadaptés

L’Observateur met en lumière une contradiction de taille : alors que la compagnie affiche des pertes mensuelles de 80 millions FCFA sur les lignes domestiques et un déficit global de 3,5 milliards FCFA, la décision est prise de retirer les ATR 72-600 — pourtant rentables sur certaines routes — pour faire place aux nouveaux avions tchèques.

Mais ces fameux L410-NG, loin d’être la solution miracle, sont jugés inadaptés aux réalités opérationnelles locales. Pis encore, ils souffrent de problèmes techniques à répétition et alourdissent les charges d’exploitation. Ce constat accablant a poussé le nouveau ministre Me Antoine Mbengue, dans une lettre adressée à la DCMP, à recommander leur vente urgente, dénonçant une opération imposée sous pressions politiques.

L’œil de l’État : audit tous azimuts et soupçons de surfacturation

Depuis le 30 avril, l’IGE multiplie les vérifications sur les plans technique, opérationnel et financier, dans ce qui s’apparente à un audit en règle d’un héritage explosif laissé par le régime précédent. Derrière le vernis des « ambitions nationales », les enquêteurs cherchent à déterminer si des irrégularités, des conflits d’intérêts ou même des détournements ont pu avoir lieu.

Car le contrat Omnipol, bien que légalement formalisé, pourrait dissimuler des clauses abusives ou des surfacturations masquées, selon des sources proches de l’enquête citées par L’Observateur. Pour les nouvelles autorités, dissiper l’opacité autour de cette affaire est devenu une priorité, tant les enjeux financiers que politiques sont colossaux.




























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