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"Comment peut-on prétendre respecter ses concitoyens lorsqu’on leur chante sur tous les tons que le Sénégal va émerger alors (...)" dixit Decroix et Co

Rédigé par Dakarposte le Mardi 23 Juin 2015 à 22:15

"Comment peut-on prétendre respecter ses concitoyens lorsqu’on leur chante sur tous les tons que le Sénégal va émerger alors  (...)" dixit Decroix et Co
Au cours de leur face à face de ce mardi avec les médias, les opposants réunis dans le "Front Patriotique pour la Défense de la République" (FPDR), n'ont pas raté le pouvoir. Dakarposte.com reproduit in extenso, afin que nul n'en ignore, leur déclaration trempé dans du vitriol.

"Nous aurions aimé vivre un ramadan de paix et de sérénité, dans tous les foyers du pays, des villes comme des campagnes ; un ramadan loin de toutes turpitudes mais, hélas, c’était sans compter avec les toquards qui nous dirigent et qui ont attendu l’avènement de  ce mois béni, mois de pardon et de pénitence, mois où l’on doit particulièrement voler au secours des démunis et des faibles pour détruire, avec une barbarie qui rappelle l’apartheid,  des centaines de maisons que les propriétaires, d’honnêtes citoyens, ont mis de longues années à construire à la sueur de leur front. Les dégâts ainsi enregistrés sont évalués à plusieurs milliards de francs Cfa. L’Etat qui a détruit ces habitations sans décision de justice et sans sommation, a ainsi montré, encore une fois de plus, qu’il n’est pas  un Etat de droit.

 

Outre les pertes matérielles énormes, le traumatisme est profond dans les familles victimes de ce banditisme d’Etat.  Les enfants qui préparaient leurs examens se trouvent dans des situations difficiles sans aucun suivi psychologique.

 

C’est dans cette même logique que s’inscrivent les démolitions et autres déguerpissements opérés tout le long de la route Cices-Nord Foire-Cambérène avec des centaines d’emplois concernés et des milliers de vieillards, femmes et enfants qui en dépendent. Là aussi les victimes crient leur désarroi et dénoncent le « maa tey » de l’Etat.

La semaine dernière, c’était les cantines et tables des marchands ambulants qui brûlaient au Plateau avec, ici aussi, des pertes matérielles immenses.

Comble de scandale, l’Etat ne propose aux victimes aucune alternative !

Si les forfaits évoqués ci-dessus ne concernent que quelques pans du peuple, les coupures d’eau et d’électricité concernent, quant à elles, tout le pays. Personne n’y échappe ; ni les ménages ni les entreprises et on nous bassine les oreilles avec un pse qui n’est que chimère. Comment peut-on prétendre respecter ses concitoyens lorsqu’on leur chante sur tous les tons que le Sénégal va émerger alors qu’on n’est même pas capable de leur fournir l’eau et l’électricité. Si ces deux denrées existaient mais étaient cher, l’on pourrait à la limite trouver méritoire de débattre mais lorsqu’on est dans l’incapacité de satisfaire ce devoir régalien, l’on doit rendre le tablier ou alors, se taire par décence.

Dans les campagnes, alors que la saison des pluies frappe à nos portes, la famine est en train de sévir dans une vingtaine de départements du pays et touchent près de 2 millions de personnes. Les partenaires qui reconnaissent le phénomène et s’en préoccupent, préfèrent parler, par euphémisme, de disette. C’est diplomatiquement plus correct. Mais c’est bel et bien d’une famine grave dont il s’agit.

Le bétail est également décimé notamment dans le Ferlo faute d’aliments de bétail et d’eau.

Quant à la campagne hivernale dont la préparation est systématiquement sabotée par le déficit criard de semences de qualité et l’absence d’intrants à des prix accessibles, son échec est déjà programmé avec des perspectives d’avenir encore plus sombre en termes de santé des humains et du bétail.

Les menaces qui continuent de peser sur l’année scolaire et les grèves dans le secteur de la santé continuent de hanter le sommeil des parents d’élèves et inquiètent tous les Sénégalais.

Le drame récurrent des naufrages et pertes en vies humaines en Méditerranée n’est que le prolongement du drame humain national que constitue l’absence d’emploi des jeunes. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, alors que tous les pays concernés déploient des trésors d’efforts pour publier les listes de leurs ressortissants victimes de ces naufrages, ou tout au moins leur nombre, ici au Sénégal, nous attendons encore de savoir ce qui se passe réellement pour ce qui concerne les Sénégalais perdus en Méditerranée. Apparemment nous attendrons longtemps parce que ne méritant pas, probablement, la transparence que l’on nous promettait naguère.

Sur le plan politique et institutionnel

Le Front patriotique relève la volonté délibérée de Macky Sall de garder le flou et l’opacité la plus totale sur les rendez-vous électoraux qui rythment la vie politique de toute démocratie. Alors que nous ne sommes plus qu’à quelques encablures des échéances de 2017, le Président de la République brouille les pistes sur ses intentions véritables et tient le pays en otage. Mieux ! Non content de vouloir déchirer ses engagements de réduction du mandat, des milieux autorisés de l’APR manœuvrent ferme pour une prorogation du mandat des députés jusqu’en 2019 de façon à éviter qu’en 2017 l’Opposition ne remporte les élections de députés et impose une cohabitation au Président Sall.

A cet égard, le référendum dont il est question risque d’être la farce politique du siècle au motif que loin d’être organisé pour répondre favorablement aux conclusions des Assises nationales et aux recommandations de la CNRI (Commission nationale de réforme des institutions), il servira de prétexte à assouvir les lubies autocratiques de Macky Sall. D’ailleurs, le Président de la République a dit, depuis l’étranger, le peu de cas qu’il comptait faire de ces conclusions et ne cesse depuis lors de le prouver.

 

Il s’y ajoute que le système électoral dans son versant organisationnel est gravement menacé. En effet, les cartes nationales d’identité arrivent massivement à expiration en 2016 alors que le gouvernement garde toujours un silence suspect sur la manière d’envisager la solution à cette question. Les opérations d’inscription sur les listes électorales se font de manière quasi secrète. Aucune publicité n’est  faite à ce sujet comme il est de tradition sous les régimes antérieurs. D’ailleurs, les fraudes sont en cours comme celle détectées récemment à Pikine Nord, Guinnaaw rail, Dalifort, Nioro du Rip, Oréfondé, Agnam Civol, Nguidjilone, etc. Il n’y a pas d’espace de dialogue pouvoir-opposition pour s’assurer que tout se passe normalement.

 

Il en est également de la tutelle des élections (notamment l’élection présidentielle) qui est exercée par le ministre de l’Intérieur qui se trouve être un militant actif et zélé de l’APR. Dans le souci de crédibiliser le système et de lui faire gagner la confiance des acteurs et des populations, le Président Diouf avait, de concert avec son opposition, désigné une personnalité non partisane, un officier général à la retraite, pour organiser les élections présidentielles de février et mars 2000. De son côté, le Président Wade avait nommé un ancien directeur général des élections, homme de consensus, pour organiser l’élection présidentielle de 2012. Le Président Sall aurait dû ne pas attendre d’y être invité pour aller dans le même sens pour préserver la crédibilité du système tout entier comme facteur de paix sociale et de stabilité démocratique. Nous récusons d’ores et déjà le ministre de l’intérieur comme organisateur des élections. Nous interpréterons son maintien à cette fonction d’organisateur des élections comme une entreprise de confiscation de la volonté populaire.

 

Nous avons également noté une frénésie sans précédent dans la détermination du pouvoir à poursuivre sa stratégie de confiscation des libertés démocratiques. Toute manifestation publique est interdite à l’Opposition. Pas de meetings, pas de marches, pas de sit-in ! Des dizaines de militants de l’Opposition et des citoyens sans parti croupissent dans les prisons de Dakar pour avoir tenter d’exercer leurs droits constitutionnels à la manifestation.

 

Il nous souvient – puisque nous sommes le 23 juin aujourd’hui – qu’à cette même date en 2011, une manifestation restée mémorable était organisée pour rejeter ce qui était considérée, à tort ou à raison, comme une dévolution monarchique du pouvoir. Aujourd’hui nous sommes bien servis. Toute la famille au sens africain du terme est dans le coup et prépare les conditions financières et matérielles pour se perpétuer au pouvoir. Les scandales à répétition dans le domaine de la gestion, entrent parfaitement dans cette logique de dévolution familiale du pouvoir.

 

Tous ces actes posés pour violer les droits des gens révèlent un total mépris de l’Etat de droit. L’avis du groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire concernant Karim Wade - dont il demande la libération et l’indemnisation – et qui est traité comme un chiffon de papier en est un autre témoignage. D’ailleurs nous reviendrons très bientôt sur cette question.

 

Sur tous ses fronts nous porterons résolument le combat et appelons d’ores et déjà tout le peuple de notre pays, de l’intérieur comme de la diaspora, à se joindre à nous dans cette entreprise rédemptrice. Nous attendons des femmes et des jeunes qu’ils en soient le fer de lance. Nous avons d’ores et déjà décidé d’organiser une grande manifestation de soutiens aux victimes des mesures anti populaires du régime de Macky Sall. La forme et la date de cet important événement seront communiquées après le mois de ramadan."

 

Dakar ce 23 juin 2015

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