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Iba Der THIAM- Un an déjà

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 3 Novembre 2021 à 11:11

Iba Der THIAM- Un an déjà
Il a très tôt compris et proclamé que la vocation du clergé intellectuel d’un pays c’est d’élever les masses à leur niveau de conscience. Il n’y a pas de secret, la qualité des élites intellectuelles et politiques d’un pays est révélatrice du caractère d’un peuple. Les masses n’accèdent pas à la sagesse de façon collective et spontanée ; c’est la qualité des productions et des comportements des élites qui civilise un peuple. Sa vie et son œuvre sont un défi pour la nouvelle génération d’enseignants et de politiciens. Le défi qu’il a lancé à cette nouvelle génération, c’est d’aimer son pays et de son donner les moyens de l’aimer vraiment. Car aimer son pays, c’est être prêt à le servir, or pour ce faire, il faut être suffisamment bien outillé sur le plan intellectuel et moral. Le patriotisme n’est ni un slogan, ni une pétition de principe, c’est une façon d’être.
 Iba Der a consacré toute sa vie à l’école parce qu’il était un dévot de sa patrie, un passionné du Sénégal. L’engagement politique d’Iba Der pourrait d’ailleurs n’être que le prolongement de son engagement au service de l’école. L’amour qu’il avait pour son pays ne pouvait être contenu dans aucune autre profession. Seul l’enseignement offrait les gages d’expression de mise en valeur de la passion qu’Iba Der avait pour son pays. En véritable fanatique du Sénégal, il savait que l’enseignement est à l’humanité ce qu’est l’agriculture aux plantes. S’il est vrai, comme l’a dit Cicéron, qu’un champ non cultivé peut produire, mais moins que s’il était cultivé, une âme qui n’est pas éduquée, serait-elle la plus noble et la plus riche en potentialités, n’aurait jamais une véritable vertu. 
L’école n’est pas un choix, c’est une nécessité pour tous les peuples : en consacrant toute sa vie à l’école, le professeur Iba Der donnait corps à ses idées humanistes. Il n’est donc pas impossible que son engagement politique soit le fruit d’une prise de conscience que le système éducatif de son pays n’était pas ce qu’il devrait être.
Cet agrégé d’histoire qui a fait tous les ordres d’enseignement (du primaire à l’université) et qui a été à la tête de ce ministère a vécu et œuvré pour l’école. Iba Der Thiam fut l’incarnation des qualités requises pour faire carrière dans l’enseignement. Patience, rigueur, générosité et résilience ont parsemé sa vie professionnelle comme sa vie privée. Son exemple doit être donné aux jeunes : rien n’est impossible quand on a la volonté et l’abnégation. Passer de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur est une preuve de courage, de constance dans la recherche, de capacité à planifier ses objectifs. 
Les témoignages sur son parcours sont unanimes : exemplaire jusque dans l’accoutrement, il cherchait visiblement à inspirer aux élèves le goût de l’école et des études. L’école doit être un lieu où l’enfant voit des symboles qui alimenteront son imaginaire, des icônes qui lui serviront à la fois de boussoles de motivation. Le meilleur enseignant est celui qui est capable de susciter chez ses élèves le désir de devenir au moins enseignant. Pour ce faire, il doit par sa maîtrise, son sérieux et son humanisme apparaître à leurs yeux comme irréprochable. La présence d’une sommité intellectuelle comme Iba Der Thiam (sa maîtrise de la langue, son immense culture, sa disponibilité par partager des connaissances) dans une classe, une école ou une amphithéâtre est en soi une source de motivation, un gage que les études sont socialement utiles.
Théoricien de l’école nouvelle, il voulait faire de l’éducation la principale locomotive du développement de son pays. On ne peut pas bâtir une république forte et moderne sans un système éducatif adossé à des valeurs humanistes et ouvert sur l’avenir. Car comme l’a dit Hannah, l’éducation est « le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité ». Aussi, pensait-elle, « qui refuse d’assumer cette responsabilité du monde ne devrait ni avoir d’enfant, ni avoir le droit de prendre part à leur éducation ». 
Pour revenir à la métaphore de la plante, on peut dire que de la même manière qu’on qualifie les fruits récoltés d’arbres non cultivés de fruits sauvages, on appellera un homme non ou mal éduqué un inculte ou un sauvage. Il n’y a pas d’humanité sans éducation ; la notion d’humanité elle-même est une idée produite par l’éducation. Tout enseignant, tout éducateur est, pour cette raison, un humaniste, un conducteur et par conséquent, un créateur de destinée. Quel jeune élève ou étudiant ne frémissait de révérence à l’évocation du nom du professeur Iba Der Thiam ? Le rêve de tout apprenant dans les années 80 et 90 était de ressembler au professeur Iba Der Thiam. Il était une légende vivante, un mythe qui suscitait l’admiration, l’enthousiasme pour les études et l’émulation.




Pape Sadio Thiam



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