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L'histoire de la franc-maçonnerie au Sénégal

Rédigé par Dakarposte le Mardi 28 Août 2018 à 07:50

L'histoire de la franc-maçonnerie au Sénégal

Dans son édition de cette semaine (26 août au 1 septembre), Jeune Afrique a consacré quatre pages et une oreille de sa Une à une enquête sur la franc-maçonnerie au pays de Serigne Touba, Baye Niass, El Hadji Malick Sy... Avec cet avertissement : "Au Sénégal l’ombre des ‘Frères’ déchaîne les passions."

Les "Frères", ce sont les francs-maçons. Abdoulaye Ndao, frère (biologique) du religieux, et le sociologue Malick Ndiaye les soupçonnent d’avoir orchestré une "cabale" contre Imam Alioune Ndao, poursuivi pour terrorisme et finalement acquitté. "Cette décision est un message aux francs-maçons", jubilait Abdoulaye Ndao le 19 juillet dernier, jour du verdict favorable au Kaolackois.

Sept mois plus tôt, l’Ong Jamra était aux avant-postes de la lutte contre la tenue, les 2 et 3 février au King Fahd, des Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (Rehfram), "le rendez-vous annuel de la franc-maçonnerie africaine", précise JA, qui a intitulé son enquête "Franc-maçonnerie : Un Tabou sénégalais".

Cinq loges locales

Selon l'hebdomadaire panafricain le Sénégal compterait cinq antennes du Grand Orient de France (GODF), lesquelles se réuniraient clandestinement. Mais l’implantation de la première loge remonterait à 1781 à Saint-Louis.

Vice-président de Jamra, Mame Makhtar Guèye, qui s’est confié à Jeune Afrique, affirme que la franc-maçonnerie constituait, au départ, "un idéal relativement noble", "un espace fraternel et philanthropique". À l’en croire, c’est à partir de 1773 qu’elle a commencé à dévier vers "l’athéisme et le libertinage".

"À cette époque, rembobine Guèye, une scission au sein de la Grande Loge de France a donné naissance au Grand Orient de France, qui a supprimé de son dogme toute référence à l’existence de Dieu et à l’immortalité de l’âme."

À partir de cet instant, la franc-maçonnerie n’était plus la bienvenue au pays de la Téranga. "Le Sénégal est un pays de tolérance, nous sommes jaloux de notre coexistence interreligieux entre chrétiens et musulmans, souligne le responsable de Jamra. Mais la franc-maçonnerie, au Sénégal, a été créée par l’une des branches les plus antireligieuses et islamophobes qui soient, laquelle entend promouvoir une société sans Dieu. Nous n’accepterons pas que les francs-maçons viennent remettre en cause les acquis de Serigne Touba et de nos autres grandes figures !"

Administrateur du groupe Avenir communication, le journaliste Madiambal Diagne ne partage pas ce point de vue de Mame Makhtar Guèye. JA a revisité sa chronique publiée à la suite de l’annulation des 26es Rehfram où il juge "cette tendance de ces dictateurs de la bonne conscience, regrettable et condamnable".

"Améliorer l’humanité"

"Surpris par ces accès d’intolérance, le porte-parole du GODF, Michel Cicile, a préféré temporiser dans les colonnes de JA : "Nous sommes respectueux des lois des pays où nous intervenons et nous ne remettons pas en cause l’arrêté préfectoral d’interdiction qui se voulait une mesure d’apaisement, destinée à éviter des troubles."

Cicile rejette cependant les griefs des organisations comme Jamra, assurant que le GODF se borne "à réfléchir et à travailler sur tout sujet qui pourrait contribuer à améliorer l’humanité", à "défendre la liberté de ne pas avoir de religion, la liberté des femmes, la laïcité, etc.".

L’arrêté du préfet interdisant les rencontres à caractère maçonnique a été abrogé quelques jours après son adoption. Ce n’est pas pour autant que les francs-maçons sénégalais pourraient librement s’afficher dans leur pays et y organiser leurs "tenues" (réunions).

À preuve, rapporte JA, Mame Makhtar Guèye a révélé qu’un officiel sénégalais lui a confié, après le rétropédalage du préfet, "qu’il ne s’agissait pas de déployer le tapis rouge (aux "Frères"), mais d’abroger un arrêté qui limitait les libertés publiques. Il m’a dit qu’abrogation ne signifiait pas autorisation".

Conclusion du vice-président de Jamra : "Les francs-maçons savent qu’au Sénégal le terrain ne leur est pas favorable."

Cette enquête est disponible (pour les abonnés) sur le site de Jeune Afrique.




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