OUSMANE SONKO : «NOUS AVONS LES MOYENS DE NOUS VENGER, MAIS NOUS AVONS CHOISI LA JUSTICE»
Le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar a servi, hier, de cadre à la commémoration des martyrs des dramatiques événements politiques survenus entre 2021 et 2024 au Sénégal. Un moment intense de recueillement devenu, au fil des témoignages, un véritable torrent d’émotions. Les proches des victimes se sont succédé à la tribune pour retracer leur douleur. Le Président de Pastef et Premier Ministre, Ousmane Sonko, a délivré un message très fort. Le Président de Pastef a aussi martelé : «Après 2024, personne ne pourra m’empêcher de participer à une élection. Je suis candidat à la Présidentielle de 2029».
S’exprimant hier devant ses militants, Ousmane Sonko a abordé un débat de la plus haute importance pour sa carrière politique : la Présidentielle de 2029. Et le leader du Pastef-Les Patriotes, qui a affiché sa ferme intention de se présenter à cette élection, assure qu’il sera bel et bien candidat : « Personne ne pourra m’en empêcher ». Le Premier Ministre a déclaré : « Après 2024, personne ne pourra m’empêcher de participer à une élection… ». Cette sortie intervient alors que la question de son éligibilité a été longuement débattue suite à sa condamnation pour diffamation dans l’affaire PRODAC qui l’oppose à Mame Mbaye Niang, un ancien Ministre de Macky Sall
«Nous savons où nos bourreaux habitent, mais nous ne prendrons jamais cette voie»
Ousmane Sonko dit reconnaître la douleur laissée par les violences politiques passées, tout en réaffirmant la ligne de son parti : privilégier la justice institutionnelle plutôt que toute forme de représailles. Le Président de Pastef a déclaré : « Nous avons les moyens de nous venger et nous savons où nos bourreaux habitent, mais nous ne prendrons jamais cette voie. »
Pour Sonko, cette phrase n’est pas une menace, mais un rappel de la retenue que le parti revendique depuis le début des épreuves traversées. Il a insisté : « Jamais personne, au sein de Pastef, n’a réclamé la vengeance. Nous demandons simplement que justice soit faite et qu’elle le soit dans les règles. »
Reconnaissant l’existence de frustrations légitimes parmi les victimes et leurs familles, Sonko a mis en garde contre ceux qui cherchent à exploiter ces sentiments pour créer des divisions internes : « Vos frustrations sont immédiatement récupérées par nos adversaires. Mais nous ne pouvons pas laisser cela compromettre notre cohésion. »
Le Premier Ministre a rappelé que l’État suit des procédures et que les décisions prises en Conseil des ministres visent à assurer une prise en charge juste et transparente des martyrs. « La justice se fera », dit-il.
Sonko assure qu’aucune personne, quel que soit son rang, ne pourra empêcher que la justice aboutisse : «Je vous rassure : personne n’a dit que justice ne se ferait pas. Et personne ne peut l’empêcher. »
«Nous avons besoin de magistrats sérieux, pas de comploteurs»
Ousmane Sonko a aussi longuement abordé la question de la justice, qu’il considère comme l’un des chantiers les plus sensibles et les plus urgents de l’État pendant la journée des martyrs. Il a insisté sur la nécessité d’assainir le corps judiciaire pour garantir des procédures crédibles et protéger la démocratie. « Le pays a été piégé, surtout dans le domaine de la justice », dit-il.
Selon le Chef du Gouvernement, les lenteurs et frustrations exprimées par une partie des militants trouvent leur origine dans l’état du système judiciaire actuel. « Nous avons hérité d’un pays piégé dans tous les domaines, et surtout dans la justice. Tant que la justice ne change pas, aucune autorité, même animée de la meilleure volonté, ne pourra faire ce que vous espérez aussi vite ». Il rappelle que le fonctionnement de la justice est régi par des procédures strictes et des organes spécifiques, rendant impossible toute action instantanée ou arbitraire.
Le leader du Pastef estime qu’une partie des dysfonctionnements vient de la composition actuelle de la magistrature. « Il faut assainir la justice. Certains magistrats doivent être remplacés. Nous avons besoin de magistrats sérieux, compétents, patriotes ». Il précise toutefois que ces changements ne relèvent pas du ministre de la Justice seule. « Même Yassine Fall, malgré sa détermination, ne peut pas décider seule. Les nominations et les mutations se décident au niveau du Conseil supérieur de la magistrature ».
Ousmane Sonko rappelle que la recherche de justice pour les victimes nécessite des enquêtes méthodiques. « On peut citer des noms, mais il faut des preuves à chaque niveau : ceux qui ont commis des abus, ceux qui ont ordonné, ceux qui ont couvert. Il n’y a pas de décision judiciaire qui se décrète ». Il met en garde contre les attentes irréalistes : la réforme de la justice est complexe, mais incontournable. Pour Sonko, la refondation de la justice est indispensable pour restaurer la confiance des citoyens. « Nous voulons une justice forte, impartiale et respectée. Une justice où les magistrats peuvent prendre des décisions sans crainte, ni pression, ni calcul », dit-il.
Il conclut en appelant à la patience et au soutien : la réforme sera progressive, mais déterminante pour la stabilité du pays.
«Certains alliés détournent les frustrations populaires pour me faire porter le chapeau»
Ousmane Sonko a poursuivi son discours d’avertissement, s’adressant à ses militants sur les dangers des manipulations politiques et de la démagogie. « Si nous ne changeons pas, nous ne pourrons pas dépasser un mandat », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une action stratégique et réfléchie. « Les hommes politiques ont peur du chantage moral » dit-il. Pour Sonko, la plupart des acteurs politiques traditionnels sont paralysés par la peur du scandale ou du jugement public, et basculent trop souvent dans la démagogie : « Beaucoup sont dans la peur et dans le calcul. Nous, nous avons une ambition, et nous ne devons jamais oublier les raisons pour lesquelles nous luttons depuis le début. »
L’ancien Maire de Ziguinchor a mis en garde contre ceux qui cherchent à détourner les frustrations populaires à des fins politiques personnelles : « Certains cherchent à changer le narratif, à faire croire que les jeunes sont sortis lutter pour autre chose que la République. Certains prétendent que j’aurais des responsabilités sur ce qui s’est passé pendant les manifestations. Ce n’est pas vrai. Ils veulent me mettre dans le même sac que ceux qui étaient là pour se frayer un boulevard. »
Il appelle à la vigilance et à la lucidité : « Ils instrumentalisent vos combats et vos frustrations. Nous devons rester attentifs et ne pas nous laisser entraîner dans ce piège ».
Ousmane Sonko a également évoqué la mobilisation étudiante : « Les étudiants ont toujours manifesté, même sous les anciens régimes. Mais ces régimes finissaient par s’endetter pour régler la situation. Nous devons tirer les leçons de ces pratiques, sans répéter les mêmes erreurs. »
Pour lui, il faut garder le cap politique, protéger les engagements du mouvement et éviter de se laisser manipuler par des intérêts souterrains. Il appelle ses militants à l’unité, à la vigilance et à la responsabilité dans l’action politique.
Quand une veuve interpelle le Président Diomaye
Parmi tous les témoignages, celui de Mme Sarr, veuve d’un manifestant tué, a bouleversé l’assistance. Enceinte de seulement deux mois au moment du drame, elle a pris la parole la voix tremblante, en larmes, mais avec une détermination qui a saisi la salle. Dans un geste aussi fort que symbolique, elle a choisi de s’adresser directement au chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, dans sa langue maternelle, le sérère : « Vous tenez aujourd’hui votre bébé dans vos bras. Moi, le père de mon enfant a été tué alors que j’étais enceinte de deux mois. Je réclame justice pour que mon enfant puisse comprendre un jour pourquoi son père est mort. Il me posera la question, et je voudrais pouvoir lui répondre. La balle est dans votre camp. »
Après ces mots, le silence s’est imposé. Un silence lourd, déchirant, presque insupportable, suivi de sanglots étouffés dans l’assistance. En quelques phrases, Mme Sarr venait de donner un visage, une voix et une histoire à la douleur collective de nombreuses familles.
Au-delà de l’hommage rendu aux martyrs, cette commémoration a pris la forme d’une interpellation nationale. Les proches des victimes ne réclament plus seulement des cérémonies ou des discours. Ils demandent la vérité. Ils réclament justice. Ils veulent des enquêtes transparentes, des responsabilités établies et, enfin, une reconnaissance officielle de leur souffrance.
Car pour beaucoup, le deuil reste impossible tant que la vérité demeure floue. Impossible quand les enfants grandissent sans père, quand les mères vieillissent sans réponse, quand les tombes se referment sur des questions sans justice. Et désormais, comme elle l’a si justement dit, la balle est dans le camp de l’État.
Blaise Diagne
Le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar a servi, hier, de cadre à la commémoration des martyrs des dramatiques événements politiques survenus entre 2021 et 2024 au Sénégal. Un moment intense de recueillement devenu, au fil des témoignages, un véritable torrent d’émotions. Les proches des victimes se sont succédé à la tribune pour retracer leur douleur. Le Président de Pastef et Premier Ministre, Ousmane Sonko, a délivré un message très fort. Le Président de Pastef a aussi martelé : «Après 2024, personne ne pourra m’empêcher de participer à une élection. Je suis candidat à la Présidentielle de 2029».
S’exprimant hier devant ses militants, Ousmane Sonko a abordé un débat de la plus haute importance pour sa carrière politique : la Présidentielle de 2029. Et le leader du Pastef-Les Patriotes, qui a affiché sa ferme intention de se présenter à cette élection, assure qu’il sera bel et bien candidat : « Personne ne pourra m’en empêcher ». Le Premier Ministre a déclaré : « Après 2024, personne ne pourra m’empêcher de participer à une élection… ». Cette sortie intervient alors que la question de son éligibilité a été longuement débattue suite à sa condamnation pour diffamation dans l’affaire PRODAC qui l’oppose à Mame Mbaye Niang, un ancien Ministre de Macky Sall
«Nous savons où nos bourreaux habitent, mais nous ne prendrons jamais cette voie»
Ousmane Sonko dit reconnaître la douleur laissée par les violences politiques passées, tout en réaffirmant la ligne de son parti : privilégier la justice institutionnelle plutôt que toute forme de représailles. Le Président de Pastef a déclaré : « Nous avons les moyens de nous venger et nous savons où nos bourreaux habitent, mais nous ne prendrons jamais cette voie. »
Pour Sonko, cette phrase n’est pas une menace, mais un rappel de la retenue que le parti revendique depuis le début des épreuves traversées. Il a insisté : « Jamais personne, au sein de Pastef, n’a réclamé la vengeance. Nous demandons simplement que justice soit faite et qu’elle le soit dans les règles. »
Reconnaissant l’existence de frustrations légitimes parmi les victimes et leurs familles, Sonko a mis en garde contre ceux qui cherchent à exploiter ces sentiments pour créer des divisions internes : « Vos frustrations sont immédiatement récupérées par nos adversaires. Mais nous ne pouvons pas laisser cela compromettre notre cohésion. »
Le Premier Ministre a rappelé que l’État suit des procédures et que les décisions prises en Conseil des ministres visent à assurer une prise en charge juste et transparente des martyrs. « La justice se fera », dit-il.
Sonko assure qu’aucune personne, quel que soit son rang, ne pourra empêcher que la justice aboutisse : «Je vous rassure : personne n’a dit que justice ne se ferait pas. Et personne ne peut l’empêcher. »
«Nous avons besoin de magistrats sérieux, pas de comploteurs»
Ousmane Sonko a aussi longuement abordé la question de la justice, qu’il considère comme l’un des chantiers les plus sensibles et les plus urgents de l’État pendant la journée des martyrs. Il a insisté sur la nécessité d’assainir le corps judiciaire pour garantir des procédures crédibles et protéger la démocratie. « Le pays a été piégé, surtout dans le domaine de la justice », dit-il.
Selon le Chef du Gouvernement, les lenteurs et frustrations exprimées par une partie des militants trouvent leur origine dans l’état du système judiciaire actuel. « Nous avons hérité d’un pays piégé dans tous les domaines, et surtout dans la justice. Tant que la justice ne change pas, aucune autorité, même animée de la meilleure volonté, ne pourra faire ce que vous espérez aussi vite ». Il rappelle que le fonctionnement de la justice est régi par des procédures strictes et des organes spécifiques, rendant impossible toute action instantanée ou arbitraire.
Le leader du Pastef estime qu’une partie des dysfonctionnements vient de la composition actuelle de la magistrature. « Il faut assainir la justice. Certains magistrats doivent être remplacés. Nous avons besoin de magistrats sérieux, compétents, patriotes ». Il précise toutefois que ces changements ne relèvent pas du ministre de la Justice seule. « Même Yassine Fall, malgré sa détermination, ne peut pas décider seule. Les nominations et les mutations se décident au niveau du Conseil supérieur de la magistrature ».
Ousmane Sonko rappelle que la recherche de justice pour les victimes nécessite des enquêtes méthodiques. « On peut citer des noms, mais il faut des preuves à chaque niveau : ceux qui ont commis des abus, ceux qui ont ordonné, ceux qui ont couvert. Il n’y a pas de décision judiciaire qui se décrète ». Il met en garde contre les attentes irréalistes : la réforme de la justice est complexe, mais incontournable. Pour Sonko, la refondation de la justice est indispensable pour restaurer la confiance des citoyens. « Nous voulons une justice forte, impartiale et respectée. Une justice où les magistrats peuvent prendre des décisions sans crainte, ni pression, ni calcul », dit-il.
Il conclut en appelant à la patience et au soutien : la réforme sera progressive, mais déterminante pour la stabilité du pays.
«Certains alliés détournent les frustrations populaires pour me faire porter le chapeau»
Ousmane Sonko a poursuivi son discours d’avertissement, s’adressant à ses militants sur les dangers des manipulations politiques et de la démagogie. « Si nous ne changeons pas, nous ne pourrons pas dépasser un mandat », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une action stratégique et réfléchie. « Les hommes politiques ont peur du chantage moral » dit-il. Pour Sonko, la plupart des acteurs politiques traditionnels sont paralysés par la peur du scandale ou du jugement public, et basculent trop souvent dans la démagogie : « Beaucoup sont dans la peur et dans le calcul. Nous, nous avons une ambition, et nous ne devons jamais oublier les raisons pour lesquelles nous luttons depuis le début. »
L’ancien Maire de Ziguinchor a mis en garde contre ceux qui cherchent à détourner les frustrations populaires à des fins politiques personnelles : « Certains cherchent à changer le narratif, à faire croire que les jeunes sont sortis lutter pour autre chose que la République. Certains prétendent que j’aurais des responsabilités sur ce qui s’est passé pendant les manifestations. Ce n’est pas vrai. Ils veulent me mettre dans le même sac que ceux qui étaient là pour se frayer un boulevard. »
Il appelle à la vigilance et à la lucidité : « Ils instrumentalisent vos combats et vos frustrations. Nous devons rester attentifs et ne pas nous laisser entraîner dans ce piège ».
Ousmane Sonko a également évoqué la mobilisation étudiante : « Les étudiants ont toujours manifesté, même sous les anciens régimes. Mais ces régimes finissaient par s’endetter pour régler la situation. Nous devons tirer les leçons de ces pratiques, sans répéter les mêmes erreurs. »
Pour lui, il faut garder le cap politique, protéger les engagements du mouvement et éviter de se laisser manipuler par des intérêts souterrains. Il appelle ses militants à l’unité, à la vigilance et à la responsabilité dans l’action politique.
Quand une veuve interpelle le Président Diomaye
Parmi tous les témoignages, celui de Mme Sarr, veuve d’un manifestant tué, a bouleversé l’assistance. Enceinte de seulement deux mois au moment du drame, elle a pris la parole la voix tremblante, en larmes, mais avec une détermination qui a saisi la salle. Dans un geste aussi fort que symbolique, elle a choisi de s’adresser directement au chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, dans sa langue maternelle, le sérère : « Vous tenez aujourd’hui votre bébé dans vos bras. Moi, le père de mon enfant a été tué alors que j’étais enceinte de deux mois. Je réclame justice pour que mon enfant puisse comprendre un jour pourquoi son père est mort. Il me posera la question, et je voudrais pouvoir lui répondre. La balle est dans votre camp. »
Après ces mots, le silence s’est imposé. Un silence lourd, déchirant, presque insupportable, suivi de sanglots étouffés dans l’assistance. En quelques phrases, Mme Sarr venait de donner un visage, une voix et une histoire à la douleur collective de nombreuses familles.
Au-delà de l’hommage rendu aux martyrs, cette commémoration a pris la forme d’une interpellation nationale. Les proches des victimes ne réclament plus seulement des cérémonies ou des discours. Ils demandent la vérité. Ils réclament justice. Ils veulent des enquêtes transparentes, des responsabilités établies et, enfin, une reconnaissance officielle de leur souffrance.
Car pour beaucoup, le deuil reste impossible tant que la vérité demeure floue. Impossible quand les enfants grandissent sans père, quand les mères vieillissent sans réponse, quand les tombes se referment sur des questions sans justice. Et désormais, comme elle l’a si justement dit, la balle est dans le camp de l’État.
Blaise Diagne


OUSMANE SONKO : «PERSONNE NE POURRA M’EMPÊCHER D’ÊTRE CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE DE 2029»
