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Perte de gros marchés de la SAR: Le déclin de l’empire Itoc

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 30 Juin 2019 à 11:13

Une véritable alternance s’opère dans le secteur de l’énergie au Sénégal depuis l’entrée dans le capital de la SAR de la société Locafrique. Par son entreprise ITOC, Baba Diao s’était toujours positionné comme un homme incontournable pendant plus de 40 ans. Et avec ADDAX l’autre société de son fils, il a essayé de s’imposer mais face à l’entreprise du jeune Khadim Ba, Baba Diao est en train de filer tout droit vers un déclin vue les capacités financières de son concurrent et l’entrée en matière de l’entreprise Der Mond Oil and Gaz. Itoc qui avait fait de la SAR sa vache laitière perd petit à petit tous ses avantages, son influence et une grande part des marchés dans le secteur de l’énergie. Les appels d’offres lancés récemment, ne lui ont pas été favorables.


Perte de gros marchés de la SAR: Le déclin de l’empire Itoc
Il semble que le duo Itoc/Addax n’a plus les capacités financières de satisfaire les besoins en énergie du Sénégal. Alors que ce secteur stratégie ne devrait guère connaître des tensions qui pourraient impacter sur la sécurité du pays. Or, pendant plusieurs années, Abdoulaye Diao dit Baba Diao Itoc régnait en maitre dans le secteur. Depuis Léopold Sédar Senghor en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et même sous Macky Sall, Baba Diao a toujours contrôlé sans partage le secteur d’approvisionnement en brut et en gaz de la SAR. Il bénéficiait du soutien de tous les Chef d’Etats qui se sont succédé à la tête du pays. Les Chefs d’Etat, les conseillers du président, les Ministres de l’Energie, les Directeurs de la SAR, tous se courbaient sous ses pieds. On se demande si Baba Diao Itoc n’est pas l’homme d’affaires qui avait reçu Thierno Alassane Sall en présence de Farba Ngom qui avait fait la révélation sur la «Tfm » ? 
  
Il était tellement puissant, qu’il pouvait facilement renverser n’importe quel régime politique au Sénégal. Parce que dans un pays, qui contrôle l’énergie détient entre ses mains la stabilité du pays. On se rappelle les émeutes du pétrole du 27 Juin 2011 lorsque Robert Bourgui révélait que Karim Wade avait sollicité l’intervention de l’armée française. Ce jour, Baba Diao qui avait des relations heurtées avec le fils de Me Wade était le seul à pouvoir sauver le régime libéral. Il avait des bateaux en mer qui attendait d’être payés pour décharger et remettre les choses en place. 


L’ancien premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, aux moments de la crise, s’était agenouillé sous les pieds de Diao pour que ce dernier règle la situation. Le patron de Itoc puise ses pouvoirs, dans leur contrôle qu’il a du secteur de l’énergie. Mais depuis un certain temps, le groupe de Baba Diao traverse une crise profonde dont les conséquences pourraient être fatales sur la stabilité du Sénégal si les autorités continuaient à lui décerner l’exclusivité des marchés du brut et du gaz.  Mais avec l’arrivée du nouveau Directeur général Monsieur Serigne Mboup, les choses ont totalement changé dans la gestion de la SAR. La transparence est érigée en mode de gouvernance. En tout cas c’est la remarque faite par l’ensemble des actionnaires. 

Les tarifs de Itoc sa et addax trop chers pour le contribuable sénégalais 
D’ailleurs, pour rappel, c’est faute de consensus que top le management de la SAR avait décidé de lancer un Appel d'offres international.  C’est à la suite de cela que Der Mond oil a gagné avec un différentiel de 1.95 usd/ barrel contre 5,15 sur l'ancien contrat (Addax/Itoc). Le monopole venait d’être brisé. La SAR venait de faire une économie de 3,2 Usd/barrel x 950.000 barrel per cargo soit Usd 3.040.000 per cargo x 3 cargo  soit 4 milliards 560 millions de FCFA. Les coûts appliqués à la SAR par Itoc étaient trop élevés par rapport à ceux de Der Mond plus avantageux. Et leur refus de consensus a été profitable pour la SAR qui a beaucoup gagné dans cet appel d’offres dont les chiffres parlent d’eux-mêmes. Voilà les propositions : l’entreprise Iroko   90 jours 1,65 dollars,  120 jrs  1,70 dollars,  150jrs 1,75 dollars, la société Itoc   90jrs 1,95 dollars,  120jrs, 2.150 dollars  2,50, la société Sahara  90 jrs 3,74 dollars 120 jrs 3,88 dollars 150 jrs 4,03 dollars avec un open crédit 150 jrs à 8 million et le reste en L/C, l’entreprise  Vitol    150 jrs 4,35 dollars, le groupe Der Mond 150 jrs 1,95  dollars avec un open crédit 150jrs, 1,95 dollars avec charge pour l'acheteur. Il a été signalé qu’Abdoulaye Diao avait présenté deux sociétés : Iroko et Itoc, en violation des textes. Cet appel d’offres a permis à la SAR d’économiser plus de 4 milliards en dehors des pénalités qui pourraient être effacées dans le nouveau contrat.  Ces pénalités ont jadis coûté à la SAR plus de  20 milliards de franc CFA. 
  
Dans une note confidentielle de la SAR adressée au Ministre de l’Energie en 2018, peut lire : «Malheureusement, à partir de 2014, le différentiel contractuel n’a pas été mis à jour dans la structure des prix malgré le fait que le Décret 2014-1562 du 3 décembre 2014 fixant les  modalités de détermination des prix des hydrocarbures raffinés prévoit à son article 8  l’application dans la structure des prix du différentiel contractuel issu de l’appel d'offres lancé dans le cadre d'un mandat d'importation de gaz butane». En plus, dans la même note, il est écrit que «depuis lors, une lettre du Ministère de l’Energie fixait ce différentiel à 105US$/Tonne au lieu  de 115US$/Tonne contractuel, faute d’appel d’offres. En conséquence, outre le blocage appliqué sur les prix, un déficit structurel de 10US$/Tonne est directement supporté par la SAR, affectant conséquemment son équilibre financier. Pour rappel, le Conseil d’Administration de la SAR a encore décidé lors  de sa dernière réunion que la SAR reste dans l'activité butane, à condition que celle-ci soit  neutre pour sa trésorerie. 
  
Mais naturellement, le caractère hautement stratégique de ce service public a prévalu et le  Conseil a décidé que le dernier contrat de 440.000 tonnes de 2017 exécuté à 34% au 12 juin  2019 soit maintenu jusqu’à son terme moyennant certains aménagements. L’entreprise de Baba Diao n’a pas pu résister face aux importantes mutations dans le secteur de l’énergie, qui ont fait émerger des séniors ambitieux. Lorsque la nouvelle direction de la SAR a sorti l’entreprise des griffes de Baba avec ses coûts élevés du prix de cession du gaz, Itoc a dû faire face à des dettes dues par exemple au Port de Dakar accentuées par son étouffement financier, ce qui a fait échouer toutes ses manœuvres contre ses concurrents dans le secteur. 



Un rapport de la Cour des comptes de la SAR dit : «selon les procédures en vigueur, tout achat de produit pétrolier doit faire l’objet d’une procédure d’appel d’offres. Sous l’exercice 2018, nous avons relevé que les approvisionnements en produits  pétroliers (pétrole et bru), ont été effectués auprès de deux fournisseurs seulement, sans procédure d’appel d’offres avec au total 10 cargaisons pour un montant global de FCFA 354.092 millions qui s’analyse comme suit : fournisseurs Addax : 267.886 Fcfa pour un nombre de 08 cargos, Sahara 86.206 Fcfa pour un nombre de 02 cargos».  Ainsi, les auditeurs recommandent : «le respect strict de la procédure d’appel d’offres pour une meilleure optimisation des approvisionnements  en pétrole et brut. Par ailleurs, tel que préconisé dans le procès-verbal des délibérations du Conseil d’Administration en date du 17 Avril 2018, de telles décisions devraient soumises à l’avis préalable du Conseil d’Administration ». 


Depuis toujours, cette absence d’appel d’offres dans la passation des marchés a uniquement profité à Addax/Itoc. Dans le contrat N°AP23/SD/C4C/03/01/17, signé par Abdoulaye Diao pour le compte de Itoc et Oumar Diop représentant la SAR, du 03 Janvier 2017 entre la SAR et Itoc SA, pour l’achat et la vente de butane commercial, a été relevé des manquements graves et des termes désavantageux pour l’Etat du Sénégal et le contribuable. 
  
D’ailleurs, c’est à la suite de cela que le Directeur général a été relevé de ses fonctions. Il s’agit d’un contrat avec un surplus de 30 dollars sur chaque tonne. Et pourtant, il est arrivé à Itoc de ne pas livrer, à chaque fois que son fournisseur refuse de décharger le bateau à cause des arriérés. A chaque fois que le pays se heurte à cette situation, ce sont les distributeurs de gaz qui comblent le gap. Alors, le gouvernement avec certains retards de livraisons, a octroyé aux distributeurs la possibilité d'importer  directement 50 % des besoins du pays (environ 140.000 tonnes/an). Cela permet d’éviter des pénuries de gaz qui pourraient avoir des conséquences sociales dans le pays.  


Itoc a toujours eu ce marché signé  dans des conditions nébuleuses sur une quantité de 440.000 tonnes de butane. Rien ne s’oppose à la résiliation de ce contrat devenu caduque pour non-respect de la part de Itoc de certaines conditions, ce qui aurait poussé le gouvernement a lui retiré 50%. La SAR serait donc dans ses droits s’il lui arrivait de dénoncer ledit contrat. 


 Source Dakartimes 



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