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SÉCURITÉ, DÉSENCOMBREMENT, TERRORISME, LOCALES 2O27… - Me Bamba Cissé décline la nouvelle doctrine de l’État

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 11 Décembre 2025 à 13:58 modifié le Vendredi 12 Décembre 2025 - 14:00

Le projet de budget 2026 du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique s’élève à 222,25 milliards FCFA en Autorisations d’Engagement (AE) et 220 milliards FCFA en Crédits de Paiement (CP). Le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, qui a souligné une progression de 7,63 % entre 2025 et 2026, soit 15,5 milliards supplémentaires, reconnait que les besoins demeurent supérieurs aux moyens.


Face aux députés, dans le cadre de l’examen du budget 2026 du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Me Bamba Cissé a livré une intervention dense, axée sur la discipline citoyenne, le civisme, la sécurité publique et la nouvelle orientation du maintien de l’ordre au Sénégal. Saluant la qualité des échanges parlementaires, qu’il a qualifiés de « sereins, respectueux et empreints d’idées profondes », il a adressé ses chaleureuses félicitations aux Forces de défense et de sécurité, saluant « le courage et l’engagement de nos braves hommes et femmes ». Sans oublier la police nationale « pour son professionnalisme et son engagement ». Bamba Cissé a insisté sur la « culture du donnant-donnant » entre l’État et la population. Selon lui, « les citoyens ne peuvent revendiquer des droits sans adopter un comportement responsable ». Et de marteler : « La culture citoyenne n’est pas négociable. Avant de réclamer des droits, il faut se comporter en bon citoyen. Cette exigence s’illustre par des gestes simples : ne pas jeter des déchets dans la rue, ramasser ceux que l’on voit, protéger les espaces publics ». Le ministre, qui a réaffirmé sa volonté de combattre les agressions et la délinquance avec plus de fermeté., annonce des opérations régulières de sécurisation, un renforcement de la coopération police-gendarmerie, des investissements dans les unités territoriales, notamment en périphérie (Gouye, Sébikotane, Tambacounda…).

«Désencombrement et mendicité, une question citoyenne, pas politique»

Le débat budgétaire à l’Assemblée nationale a porté sur le désencombrement des voies publiques et son lien direct avec la sécurité urbaine. Entre occupation anarchique, insécurité routière et tensions liées aux opérations de déguerpissement, les députés ont encouragé le ministre de l’Intérieur et l’ont invité à anticiper.
Pour de nombreux députés, les grandes villes sénégalaises vivent une dérive inquiétante. Les élus décrivent des trottoirs « occupés à 80 % », des axes stratégiques « transformés en marchés spontanés », et des carrefours « livrés au chaos ». « Le piéton n’a plus de place dans la capitale. Celui qui veut marcher doit se frayer un chemin entre étals, charrettes et tas d’ordures » selon les parlementaires qui ont insisté sur les conséquences sécuritaires. « L’encombrement n’est pas seulement un problème d’ordre public, c’est un problème de sécurité humaine ». Si les députés reconnaissent la nécessité du désencombrement, beaucoup dénoncent des interventions brutales ou mal préparées. Certains évoquent des déguerpissements « sans concertation », d’autres parlent « d’effets d’annonce sans suivi ». Un parlementaire résume : « On dégage aujourd’hui, et dans deux semaines tout revient. Où est la politique durable » ? Les élus réclament : des zones de recasement opérationnelles, une stratégie de communication préalable, et une coordination entre communes, police et services techniques.

«Les questions de sécurité publique ne se politisent pas»

Au regard de ces interpellations, le ministre de l’Intérieur a tenu à recadrer le débat, rappelant que « le désencombrement n’est pas un choix, mais une obligation sécuritaire ». Il assure que les opérations menées ces derniers mois ont permis de fluidifier certains axes et de réduire les risques d’accidents, notamment autour des marchés et gares routières. « Nous travaillons progressivement, quartier par quartier, avec les collectivités territoriales. Il n’est pas question d’improviser », explique-t-il. Avant d’ajouter : « nous n’agissons pas contre les populations mais pour leur sécurité ». Selon le ministre, plusieurs mesures structurantes sont déjà engagées : Identification des zones rouges d’encombrement, les services de sécurité auraient établi une cartographie précise des points noirs à Dakar, Thiès, Kaolack et Ziguinchor, renforcement des brigades de circulation et des patrouilles. L’idée est de contrôler les axes stratégiques et lutter contre les occupations illégales répétées, le dialogue avec les commerçants et transporteurs. Le ministre affirme que « la concertation précède désormais chaque opération majeure ».

«L’impact économique des encombrements évalué à 903 milliards F CFA par an»

Le ministre est aussi longuement revenu sur le désordre urbain : occupation des trottoirs, marchés débordants, embouteillages, pollution et risques d’incendie. Pour lui, la situation résulte d’un « laxisme collectif », d'une absence d’horaires de fermeture des marchés, d'étals installés sur les voies publiques et d'un manque d’espaces marchands organisés. Bamba Cissé a rappelé que plusieurs lois permettent déjà de sanctionner ces pratiques, mais qu’il privilégie une approche humaine, en tenant compte de la nécessité de relocaliser et d'accompagner les marchands ambulants avant toute action. Le ministre Bamba Cissé a insisté sur l’impact économique des encombrements, évalué à 903 milliards FCFA par an selon un rapport du CETUD. Il a confirmé que les opérations se poursuivront, appuyées notamment par trois brigades de gendarmerie déployées à Keur Massar. Il insiste : « Les questions de sécurité publique ne se politisent pas. La discipline et l’ordre public sont des conditions du développement. » Le ministre a distingué deux formes de mendicité : la mendicité traditionnelle, ancrée dans certaines pratiques sociales et une mendicité organisée, parfois alimentée par des ressortissants étrangers circulant dans l’espace CEDEAO. Il rappelle que « la mendicité et le vagabondage sont interdits par le Code pénal sénégalais. Chaque État de la CEDEAO conserve son autonomie en matière pénale, malgré la libre circulation ». Et de décliner la nouvelle doctrine sécuritaire : « plus de proximité, plus de discipline collective et une demande forte d’engagement citoyen pour accompagner l’action de l’État seront de rigueur, a conclu le premier policier du Sénégal ».

Démenti formel contre TAS : «Aucune blessure par balle chez les étudiants»

Devant des députés très critiques sur la gestion sécuritaire des campus, le « premier limier du Sénégal » a défendu l’action de la police tout en assurant du respect des libertés publiques. Le ministre de l’Intérieur a tenu à apporter un démenti ferme aux accusations du député Thierno Alassane Sall. Ce dernier évoquait des blessés par balle lors des récents affrontements entre les forces de l'ordre et les étudiants dans les campus universitaires. « En tant que ministre de l’Intérieur, je peux vous assurer qu’il n’y en a pas eu », a déclaré Me Cissé, catégorique. Selon les données officielles communiquées par Bamba Cissé, « des éléments des forces de l’ordre ont été blessés et plusieurs étudiants touchés, mais aucune blessure par balle, aucune bavure policière enregistrée ». Ce que le ministre qualifie même de « première » dans un contexte de crise universitaire. Et de marteler : « Les forces de l’ordre ne sont jamais réquisitionnées pour des interventions impliquant des armes à feu. J’ai donné des instructions fermes en ce sens. Les opérations ont été menées dans le strict respect des règles d’intervention ».

Croisade contre le djihadisme, le vol de bétail, la violence urbaines, le trafic de drogue…

Avec 152,36 milliards FCFA en AE, le programme « Sécurité publique » concentre l’essentiel des ressources. Les députés ont salué les opérations de désencombrement menées à Dakar et dans les grandes villes, rappelant qu’il s’agit d’une action d’ordre public et non de déguerpissements. Colobane, Keur Massar ou encore Guédiawaye sont cités parmi les zones critiques où la circulation était devenue « chaotique ». Les députés ont également alerté sur la montée du risque djihadiste aux frontières, particulièrement vers le Mali ; l’insécurité rurale, marquée par la recrudescence des vols de bétail ; les violences urbaines, agressions, arrachages et trafic de drogue dans plusieurs zones et la nécessité de créer ou réhabiliter de nombreux commissariats (Bignona, Gossas, Mbane, Koumpentoum, Grand-Yoff, etc.). Le ministre a assuré que la surveillance des frontières sera renforcée avec la création d’unités spécialisées, en attendant le déploiement complet de la vidéosurveillance.

Construction de 186 casernes de pompiers d’ici 2035
L’État va aussi dérouler un programme de modernisation et d’extension des infrastructures de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP), qui inclut la construction de 186 casernes, d’ici à 2035. Les casernes de Dahra, Diamniadio, Ndiaganiao et Nioro du Rip seront mises en service d’ici à juillet prochain, a annoncé Mouhamadou Bamba Cissé. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique est en train de faire construire les casernes de Kédougou et de Sokone. Quelques-unes des 186 casernes prévues vont remplacer une partie de celles devenues vétustes, a-t-il dit. M. Cissé déplore l’exiguïté de la caserne de Goudomp, qui doit être agrandie.
Dotée de 43,54 milliards FCFA, la sécurité civile fait l’objet d’un vaste programme de modernisation. Le ministre a annoncé la construction de 186 casernes de sapeurs-pompiers entre 2025 et 2035, un changement d’échelle inédit. Les députés ont relevé la vétusté des infrastructures actuelles, comme à Koumpentoum ou Goudomp, et demandé l’installation de nouveaux postes dans des zones à forte sinistralité (Sindia, Podor, île à Morphil…).

Le programme «Administration territoriale» en déploiement
Les députés ont dénoncé l’état de délabrement de préfectures et sous-préfectures (Kolda, Sédhiou, Bignona, Koumpentoum) ; des incohérences géographiques (préfecture de Pikine… située à Guédiawaye) et un manque criant de moyens logistiques. Ils ont aussi réclamé une rotation plus régulière des préfets et sous-préfets pour éviter « connivences et influences locales ». Le ministre a confirmé que les deux textes essentiels (loi d’orientation de l’administration territoriale et statut du corps préfectoral) sont élaborés mais pas encore finalisés. Un plan stratégique est en cours pour améliorer l’efficacité de la déconcentration.

La gouvernance électorale reçoit 3,95 milliards FCFA

Quant à la gouvernance électorale, elle reçoit 3,95 milliards FCFA en AE. Mais les députés jugent cette enveloppe insuffisante pour préparer les élections territoriales de 2027, d’autant plus que des milliers de cartes d’identité CEDEAO arrivent à expiration. Aussi, leurs préoccupations portent sur la révision des listes électorales, la production suffisante de cartes d’identité, l’ouverture de centres d’enrôlement dans les régions (Kolda, Diouloulou, Dagana, Rufisque…) et à l’étranger (Barcelone, Paris, Arabie Saoudite) et la sécurité des données confiées au prestataire étranger chargé des documents d’identité.
Le ministre a rappelé que 2026 verra le démarrage des préparatifs électoraux, avec la création prochaine d’une structure indépendante de gestion des élections, issue du dialogue national.

Mamadou L.Ndiaye
clounjay@yahoo.fr





Mamadou Ndiaye

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