La polémique sur la sécurité le 14 juillet à Nice n'en finit pas de rebondir. Ce dimanche, le témoignage d'une policière municipale niçoise, accusant le cabinet du ministère de l'Intérieur d'avoir effectué des pressions sur elle pour influencer son rapport sur le dispositif de sécurité, a provoqué une vive réaction du gouvernement. Ce lundi, Bernard Cazeneuve a, comme annoncé précédemment, porté plainte pour diffamation contre cette dernière. Metronews fait le point sur cet imbroglio.  

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 La policière municipale niçoise maintient ses accusations
La cheffe du Centre de supervision urbain (CSU) de Nice, qui centralise les images des nombreuses caméras de vidéosurveillance, Sandra Bertin dit avoir "eu affaire à une personne pressée" lui demandant un compte-rendu du dispositif policier déployé ce soir-là "et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points". 

"J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", accuse Sandra Bertin, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale de Nice et cosignataire d'une lettre ouverte déplorant le manque de considération du gouvernement pour la police municipale. Des accusations que Sandra Bertin a maintenues dimanche, et elle entend désormais entraîner des poursuites : ce lundi, son avocat a déposé un signalement auprès du procureur de Nice. 

L'Etat se défend et accuse la droite
Le Premier ministre a dénoncé ce lundi une "polémique politique visant à déstabiliser le gouvernement". Il a pointé du doigt la responsabilité des élus locaux et en particulier celle de Christian Estrosi (LR) : "dans la nuit du 14 juillet, l’ancien maire de Nice a commencé la polémique", assure Manuel Valls, en comparant cette "violence politique" à celle de Donald Trump. 

Le ministre de l'Intérieur, qui a porté plainte pour diffamation contre la policière ce lundi, se dit victime d'une "campagne de vilenies et de calomnies" après les accusations portées par Sandra Bertin. Il jette aussi la pierre sur la droite niçoise, Estrosi en tête : "Ça fait dix jours que nous sommes confrontés à des attaques, des insinuations, des mensonges", a-t-il dénoncé. D'une même voix, le ministre de l'Intérieur, le Premier ministre mais aussi François Hollande ont appelé à attendre les conclusions de la justice pour faire la lumière sur cette affaire. 

 Qui a "fait pression" sur  Sandra Bertin ?
Dimanche soir, la policière municipale a réaffirmé que la personne dont elle a subi des pressions lui avait "confirmé être du cabinet du ministère de l'Intérieur". Sandra Bertin a également annoncé qu'elle dévoilerait "très prochainement" son identité, répondant à Bernard Cazeneuve, qui l'invitait à "donner le nom" pour "lever l'ambiguïté".

 

 

"Aucun membre de mon cabinet n'a été en contact avec Sandra Bertin", a rebondi Bernard Cazeneuve,  dimanche soir sur le plateau du 20 Heures de France 2. Mais selon un courriel que metronews s'est procuré ce lundi, Sandra Bertin n'aurait toutefois pas eu affaire à un membre du cabinet du ministre. Le rapport de la policière aurait en effet été adressé à une commissaire de police travaillant à l'état-major de la direction centrale de la sécurité publique.

 Le DGPN dédouane le ministère de l'Intérieur
Dimanche après-midi, le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, a dédouané Bernard Cazeneuve. "Les polémiques et les manipulations qui portent atteinte à la police nationale, à ses dirigeants et à son ministre doivent cesser", avait exhorté le préfet. "Nous confirmons donc en tout point les propos du ministre selon lesquels à aucun moment ni son cabinet ni lui-même n'ont eu à intervenir dans le cadre de cette remontée classique et traditionnelle d'informations", a insisté le préfet. Le DGPN menace de porter plainte à son tour, "ne pouvant accepter qu'il soit porté atteinte à la réputation des fonctionnaires de la police nationale".

Estrosi se défend d'avoir "instrumentalisé" la policière
Bernard Cazeneuve accuse implicitement Christian Estrosi, ex-maire, actuel premier adjoint chargé de la sécurité et président de la région Paca, d'être responsable de la polémique. "Les accusations indignes de ce jour s'inscrivent dans la suite des polémiques virulentes que certains élus de Nice ont souhaité entretenir puis alimenter chaque jour depuis le terrible attentat du 14 juillet", a dénoncé le ministre.

Des accusations "scandaleuses", a répliqué Christian Estrosi. "Avec Philippe Pradal, [maire de Nice], nous rejetons les accusations scandaleuses du ministre d'instrumentalisation des propos d'un agent dans un contexte aussi terrible", rétorque l'élu sur Twitter. Et assure que la municipalité a découvert dans le JDD les propos de la policière municipale Sandra Bertin. Désormais, relève Nice Matin , la municipalité de Nice soutient la policière.
METRONEWS