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TROISIEME MANDAT- Macky instaure la peur

Rédigé par Dakarposte le Samedi 2 Novembre 2019 à 10:50

A l’Alliance pour la République, la question sur le possible troisième mandat du président Macky Sall hante désormais le sommeil de beaucoup de responsables. Plusieurs cadres fuient la question comme l’on fuirait la peste.


Désormais, avant d’aller dans une cérémonie, certains hauts responsables du gouvernement devront prier pour ne pas rencontrer des journalistes indélicats qui les interpellent sur la question du mandat. Un véritable tabou dans la galaxie Apr (Alliance pour la République, parti au pouvoir).

Hier, pour faire cet article, ce fut la croix et la bannière. Si ce n’est un refus poli, ce fut tout simplement des téléphones qui sonnaient dans le vide, après un premier appel de prise de contact. Sitor Ndour, d’emblée, précise : ‘’Je ne me prononce pas sur cette question. Je respecte la discipline de parti.’’ Pourtant, quelques instants plus tôt, une information a circulé sur les réseaux sociaux, lui prêtant des propos selon lesquels il aurait défendu le droit de l’actuel président à un troisième mandat. Furax, il fulmine, étonné : ‘’Dis-moi dans quel site tu as vu ça, je leur colle un procès dans le c… C’est archi-faux ! Moi, je suis un militant discipliné. Quand le parti prend une position, je l’épouse. Même si ce n’était pas mon point de vue. Je considère que cela vient de mes adversaires. Je dirais même de mes ennemis. S’ils sont identifiés, je porte plainte contre eux.’’

Après vérification, il s’avère que l’actuel président du Conseil d’administration de la Saed, membre du Secrétariat exécutif national de l’Apr, avait tenu ces propos au mois de mars, bien avant la fatwa du chef. Informé, il s’indigne : ‘’C’est vraiment très malhonnête. Je dois rappeler que ce débat s’était posé, bien avant que le président ne prête serment. En son temps, tout le monde avait suivi ma position. Depuis lors, je n’en ai parlé nulle part.’’

Mais c’est quoi donc cette directive du président Sall qui a déjà fait pas mal de victimes ? ‘’Ce n’est pas une directive du président, mais du parti’’, rectifie, d’emblée, l’ancien directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar. Avant de préciser : ‘’Un parti a besoin d’ordre. Nous sommes dans une armée républicaine, avec un président Macky Sall qui a eu un premier bilan positif. Ce qui lui a valu un second mandat. Nous devons travailler pour qu’il ait un second bilan positif pour mettre le Sénégal sur les rails du développement. C’est cela la position du parti qui nous interdit de parler de cette question. On n’a pas de temps pour des débats inutiles et improductifs.’’

Le Frn et le Pds aphones

Il n’empêche, d’éminents responsables comme le ministre conseiller Moustapha Diakhaté et Sory Kaba ont nagé à contre-courant. Disant à qui veut les écouter que leur mentor n’a pas droit à un nouveau mandat. La réplique n’a pas du tout tardé du côté du parti au pouvoir. De voix autorisées comme celles du directeur du quotidien national ‘’Le Soleil’’ se sont élevées pour s’insurger contre de telles démarches. Pour Sitor Ndour, ceux qui en parlent, bravant les consignes, sont simplement des militants indisciplinés. Pour le cas Diakhaté, il peste : ‘’Je ne suis pas d’avis qu’il a été sanctionné à cause de cette question. Il l’a été parce qu’il rame dans une direction inverse aux intérêts du parti et à ceux du gouvernement. Il ne peut pas être un ministre conseiller et aller dans une direction contraire à celle du gouvernement. Cette sanction, il la mérite amplement.’’

Moins tranché sur le cas de Sory Kaba, il dit : ‘’Je pense que c’est une erreur de sa part. Je n’ose pas dire qu’il a un agenda caché ou que quelqu’un est derrière lui, car je n’en suis pas certain. Mais il a eu des propos qu’on peut juger de malheureux, car le parti avait déjà pris une position. Je ne sais pas maintenant s’il était au courant de cette position du parti.’’

Cela dit, M. Ndour nie toute menace du chef de l’Etat allant dans le sens de couper la tête à quiconque se prononcerait sur la question. ‘’Le président ne l’a jamais dit. Vous savez, on prête beaucoup de choses au président de la République. Mais personne ne peut sortir un enregistrement où il a fait une déclaration dans ce sens’’.

Par ailleurs, souligne-t-il, sans se faire prier, ‘’les responsables, dans le parti, qui ont des ambitions présidentielles, n’ont qu’à se dévoiler. Pour moi, c’est tout à fait légitime que les gens aient des ambitions. Mais ce qui est loyal et honnête, c’est que ces derniers restituent les charges étatiques dont ils bénéficient. Et qu’ils se déclarent au grand jour, qu’ils déroulent au vu et au su de tout le monde leur calendrier’’.

Bien que membre de la majorité présidentielle, le député Théodore Chérif Monteil, Président de l’Union citoyenne Bunt Bi, ne se fixe pas de sens interdit. Interpellé sur le droit ou non du président Sall à candidater pour 2024, il tranche net : "La durée du mandat du président de la République est de 5 ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Voilà ce que dit l'article 27 de la Constitution. Un mandat reste un mandat, qu'il soit de 7 ou de 5 ans. Aucun constitutionnaliste ne peut interpréter le texte jusqu'à justifier la possibilité d'une candidature du président Macky Sall en 2024.’’

Toutefois, le député de la majorité parle de diversion de la part de ceux qui agitent la question. Il déclare : ‘’Je pense que ceux qui agitent la question sont, soit pas sérieux, soit ils veulent divertir les Sénégalais. Sincèrement, je ne pense pas que le président Macky Sall ait le temps de penser à ça, vu toutes les urgences qui l'interpellent dans ce deuxième et dernier mandat.’’

Ainsi donc, M. Monteil retient qu’aucun juriste sérieux ne peut se baser sur la Constitution pour défendre l’hypothèse d’une possible nouvelle candidature. ‘’Sauf s'il arrive à prouver que ce qui s'est passé entre 2012 et 2019, ce n'était pas un mandat’’, ironise le parlementaire.

Mais, au-delà de cette controverse au sein du régime, ce qui étonne le plus certains Sénégalais, c’est le mutisme des partis de l’opposition sur cette question. Comme sur tant d’autres questions qui agitent la sphère publique. Ce depuis que Macky Sall a appelé au dialogue national pour les uns, depuis son rapprochement avec Wade pour le Parti démocratique sénégalais. Joint par téléphone, Mayoro Faye, responsable du parti libéral, décline : ‘’Nous sommes un parti très organisé, maintenant. Et le parti n’a pas encore arrêté sa position sur ce débat.’’

Réuni hier au siège de Bokk Guiss Guiss, le Front de résistance nationale a fait fi de tout le tollé suscité par cette controverse, ignorant totalement la question et les limogeages qu’elle a provoqués.









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