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Trois bonnes raisons d’enterrer Sénégal Air Sa

Rédigé par Dakarposte le Mardi 11 Octobre 2016 à 12:16

Trois bonnes raisons d’enterrer Sénégal Air Sa

Le directeur du Contrôle interne de gestion aux Aéroports du Sénégal (Ads), Pape Diéry Sène, ne comprend que le Sénégal préfère protéger les compagnies nationales qu’il crée, et qui meurent au bout de quelques années, au lieu de profiter à fond de ses droits de trafic en ouvrant son ciel aux grosses écuries.

« On est au Sénégal dans une situation rocambolesque, dénonce-t-il. On ne peut pas depuis des années maintenant continuer à protéger une compagnie qui végète, pour utiliser un terme médical. Elle naît, on prend des mesures de protection pour lui assurer le trafic. Quelque temps après, elle meurt ; une autre va renaître, etc. Depuis 2008, le Sénégal est dans cette situation-là avec les multiples Air Sénégal qu’on crée. »

Conséquence ? « Le système aéroportuaire est dans une situation de stagnation, alors que tous nos voisins sont en train de connaître des croissances de trafic supérieures à leur taux de croissance démographique. Ce qui devrait être plus ou moins la règle. Mais ici au Sénégal, quand vous regardez l’amplitude entre le taux de croissance général et la croissance du trafic, nous sommes à des proportions anormales. Cela veut dire qu’il y a problème. »

D’Air Sénégal à Sénégal Airlines

Le gouvernement a créé au mois d’avril dernier Sénégal Air S.A. Cette nouvelle compagnie, mise sur pied sur les cendres de la défunte Sénégal Airlines, dispose d’un capital de 40 milliards de FCFA. Même s’il ne lâche pas la phrase, Pape Diéry Sène semble défendre que la priorité soit ailleurs que dans le lancement d’une nouvelle compagnie nationale. Et quatre arguments plaident en sa faveur.

Premièrement, les expériences passées se sont toutes soldées par un échec : Air Sénégal, Air Sénégal International et Sénégal Airlines. Cette spirale de ratés n’est visiblement pas près de se casser à cause des nombreuses difficultés qui plombent le transport aérien en Afrique.

Parmi celles-ci, il y a la question de la connectivité. « Si vous voulez acheter un billet pour une destination africaine, vous avez un temps de réponse qui dure. Vous perdez énormément de temps, souffle le directeur du Contrôle interne de gestion aux Ads. Un vol que vous aurez pu faire en un seul jour, vous êtes obligé de le faire en trois-quatre jours. »

À en croire Pape Diéry Sène, cette situation est le fruit de la non-application de la « Décision de Yamoussoukro », qui ouvre le ciel africain sans restrictions à toutes les compagnies du monde. « Alors ce qui se pose maintenant, c’est qu’on tergiverse, parce qu’il y a des pays qui s’évertuent à protéger leur compagnie, regrette-t-il. Et ce qui se passe finalement, c’est que ces petites compagnies-là sont dans une situation de rente. Elles n’arrivent pas à développer le trafic aérien. Du côté des aéroports, on en souffre terriblement, parce que nous sommes obligés de nous mettre aux normes internationales. »

L’aéroport d’Accra, un exemple pour Dakar

Deuxièmement, avoir une compagnie aérienne dans son pays n’est pas la condition sine qua non pour le rayonnement d’un aéroport. La preuve par l’aéroport de la capitale du Ghana. « Accra n’a pas de compagnie aérienne. Le développement du trafic est tel qu’il a dépassé Dakar parce qu’il laisse les gens venir. Nous ne pouvons pas exploiter les droits de trafic, il faut permettre aux autres de le faire. Si vous avez quelqu’un qui veut faire Dakar-Rio, pourquoi ne pas lui donner les droits de trafic ? »

Troisième raison de ne pas hâter la mise en place d’une compagnie nationale : la floraison des compagnies nationales en Afrique. Pape Diéry Sène éclaire : « On a essayé d’avoir des compagnies sous-régionales. Mais vous avez vu, des gens se sont précipités pour avoir leur compagnie nationale. Certaines ne répondent même pas aux règles minimales de l’Ohada. »

Quatrièmement, souligne le directeur du Contrôle interne de gestion aux Ads, « la vocation du Sénégal est d’être une plaque tournante. C’est ça les perspectives déclinées dans le cadre du PSE et c’est l’ensemble des perspectives d’ordre stratégique qui ont été assignées au système de transport aérien ».

Pour toutes ces raisons, il apparaît clairement que le Sénégal doit accorder la priorité plus à l’exploitation de ses droits de trafic qu’à la création d’une nouvelle compagnie aérienne nationale. Le gouvernement a pris l’option inverse, mais tarde à matérialiser son initiative. Ce qui fait que les droits de trafic restent en jachère. (Source : Enquête)
 

Auteur: seneweb




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