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Analyse
En a-t-on vraiment fini avec Jammeh ?
Le scénario est trop lisse pour être vrai ! Yaya Jammeh qui promettait de réaliser son plus gros raz de marrée électoral, a été littéralement battu par un illustre inconnu. Adama Barrow – c’est son nom - n’aura donc fait qu’une bouchée de l’intraitable boucher de Banjul.  Surgi de nulle part il y a à peine deux mois, cet ancien garde du corps reconverti dans l’immobilier a recueilli en effet 45,6 % des suffrages contre 36,7 % pour Jammeh qui pensait pourtant faire de ce scrutin du 1er décembre une simple promenade de santé. 

Mais là n’est pas la surprise. Car, à moins d’être des souffre-douleur contents de leur sort, l’on voyait mal les Gambiens ne pas saisir à la volée l’occasion qui leur était offerte de se débarrasser, enfin, de celui qui a régné en tyran sur la Gambie pendant 22 longues années.

Ce qui est en revanche surprenant et imprévisible, c’est que l’homme fort de Kanilaï puisse accepter un verdict des urnes qui ne lui est pas favorable. Et pourtant, Jammeh l’a fait. Il s’est même montré étonnamment fair-play, n’hésitant pas à appeler son tombeur pour reconnaître sa défaite. « Je n’ai aucune arrière-pensée et vous souhaite tout le meilleur », a-t-il assuré à son successeur dans un échange téléphonique diffusé à la télévision nationale. Et de rappeler,  s’adressant  directement au peuple gambien : « J’ai toujours dit que si mon adversaire avait une voix de plus que moi, je respecterais votre vote. »

Seulement voilà,  tout cela est trop beau pour être vrai. Accroché à son fauteuil comme une huitre à son rocher, Jammeh ne peut s’avouer vaincu d’une manière aussi facile sans avoir une idée derrière la tête. Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1994, il a été élu pour la première fois en 1996, puis réélu tous les cinq ans et s’apprêtait  enchaîner avec un cinquième mandat à la tête de la Gambie. Démontrant ainsi sa soif inextinguible de pouvoir.

Son refus d’accepter la présence d’observateurs étrangers avait même fait craindre sa confiscation du vote en cas de défaite. Et pour cause, ni l’Union européenne, ni la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’avaient reçu son feu vert pour envoyer des observateurs. Seule l’Union africaine a pu envoyer six experts électoraux, sans recevoir en revanche l’autorisation de mandater un seul observateur. Preuve que le désormais ex-Président gambien ne voulait pas que les choses se passent dans la transparence et qu’il n’était guère disposé à accepter une éventuelle défaite.

Qu’est-ce qui a pu donc l’amener à faire contre mauvaise bon cœur ? Jammeh a-t-il voulu éviter une effusion de sang devant la forte mobilisation du peuple gambien à le faire partir pour ne pas corser un dossier suffisamment noirci par 22 années de dérives autocratiques ? A-t-il voulu permettre juste une petite parenthèse démocratique  pour se donner un peu de répit face à la forte pression de la communauté internationale et de la société civile gambienne ? Avec bien sûr l’espoir de revenir plus tard comme l’a déjà fait Denis Sassou Nguesso au Congo. Lui qui se réfugia d’abord dans son village d’Oyo, au nord du pays, après sa défaite électorale en 1992 face à Pascal Lissouba. Avant de s’installer avenue Rapp, à Paris, d’où il lança sa reconquête du pouvoir par les armes en 1997 avec l’appui militaire de l’Angola.

Hélas, ce scénario-là n’est pas à exclure de la part de Jammeh qui n’a pas lâché le pouvoir de gaieté de cœur. Loin de là. Or, pour éviter qu’il ne fasse comme Sassou, il faudra d’abord l’empêcher de faire de son fief de Kanilaï un sanctuaire. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

Il faudra aussi opérer une vaste purge dans l’Armée pour en extirper les officiers et hommes de troupe de son clan. Une opération non seulement risquée mais presque impossible tellement l’Armée lui est très majoritairement favorable. Et, signe inquiétant, ses chefs se sont d’ailleurs montrés moins enclins à accepter le résultat des urnes.

Il se murmure même que le Général Saul Badgie et le Général de brigade Umpa Mendy seraient stationnés à «State House». Comme le seraient aussi Borra Colley et Musa Savage dans le fief de Jammeh à Kanilai. Un dispositif d’autant plus inquiétant qu’il a tout d’une veillée d’arme depuis que tous ces officiers se sont sentis trahis par Jammeh pour avoir accepté sa défaite. Ce qui n’exclut pas que les deux mois de transition puissent être mis à profit pour orchestrer un coup d’Etat qui remettrait tout à plat. Et, à défaut d’être en première ligne pour ne pas s’attirer l’hostilité de la communauté internationale, Jammeh pourrait être bien avisé de mettre en avant un de ses officiers. Lequel officier hériterait alors du pouvoir, mais en étant simplement son homme de paille.

Or, cette sombre perspective est d’autant plus probable que Jammeh n’a pas eu de son successeur la garantie de ne pas être l’objet de poursuites pour tout le mal qu’il a fait en 22 ans de règne. Contrairement à ce qu’avait relayé dans un premier temps la presse, le nouvel homme fort de Banjul n'a pas en effet exclu de traduire Yaya Jammeh devant la Cour Pénale Internationale (CPI) que dirige sa compatriote Fatou Bensouda. Adama Barrow a même tenu à apporter ces précisions, non sans s'offusquer que " la presse ait dénaturé " ses propos. A l'en croire, la Gambie fera tout pour reprendre sa place au sein des institutions internationales, y compris la CPI. Et le tombeur de l’homme de Kanilaï de préciser que son action ne vise pas les personnes en tant que telles, mais à ce que justice soit rendue au peuple gambien. « Je n'ai jamais dit que Jammeh ne sera pas traduit devant la justice, c'est la presse qui a déformé mes propos ", a-t-il martelé.

En voilà donc une donne qui change tout et qui pourrait amener Jammeh, réputé imprévisible, à changer de fusil d’épaule. Sous la pression, bien sûr, de ses officiers qui ne veulent pas perdre leurs privilèges, encore moins payer pour leurs exactions. Faisons donc comme Saint Thomas : attendons de voir Jammeh partir pour y croire vraiment !

Vive la démocratie!
On connaît désormais le candidat de la Droite et du Centre à la présidentielle de mai prochain en France. Surprenant vainqueur du 1er tour, le 20 novembre dernier, François Fillon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a remis ça face à son grand rival et maire de Bordeaux, Alain Juppé, ce 27 novembre.

Ces primaires ont peut-être révélé le nom du prochain Président de la France, vu les difficultés de la Gauche, le faible taux d’opinions favorables à Hollande et la peur que suscite l’extrême droite. Aussi, le résultat est-il important. Mais la façon dont elles se sont déroulées ne l’est pas moins.

Ouvertes, transparentes et régulières, elles me confortent personnellement dans l’idée que la célèbre formule de Churchill est à prendre avec des pincettes. Non ! La démocratie n’est pas « le meilleur des systèmes à l’exception de tous les autres ». Elle est tout simplement le meilleur des systèmes, à condition qu’elle fonctionne correctement. Et c’est manifestement le cas avec ces primaires inédites de la Droite et du Centre.

Ils étaient sept au départ à briguer les suffrages des militants-électeurs. En l’occurrence, Alain Juppé, François Fillon, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Frédéric Poisson et Jean-François Copé. Chacun d’eux a joué sa carte à fond, exposant et défendant sa vision de la France pour rallier le maximum de suffrages à son nom. Aprement disputé, le 1er tour verra Fillon pointer en tête avec 44,1 % des voix, reléguant le favori des sondages Alain Juppé à 16 points (28,6 %) et éliminant surtout Nicolas Sarkozy avec à peine 20,7 % des voix. Qui l’eut cru ?

On a donc eu droit à une de ces surprises dont la démocratie a le secret. Et ce fut aussi le cas récemment aux Etats-Unis avec l’élection inattendue de Donald Trump. Toutefois, de tels dénouements ne semblent possibles qu’en Occident où la démocratie fonctionne à plein régime. Ils sont, en revanche, inimaginables sous nos tropiques où règne la « démocrature ». Entendez une démocratie en version tropicale, plus formelle que réelle et souvent entachée par la propension à la dictature. Bref, une démocratie en trompe-l’œil qui convient hélas aussi bien au camp du pouvoir qu’à l’opposition qui fustige certes son attitude, mais ne fait rien en revanche pour promouvoir la démocratie en son sein.

La grosse désillusion qu’ont connue tour à tour Hillary Clinton et Alain Juppé, après avoir été les favoris des sondages, est donc inimaginable sous nos cieux. Tout comme la mésaventure de Sarkozy qui, en dépit de son statut d’ancien Président, a essuyé un sévère camouflet. Or, peut-on imaginer Abdou Diouf ou Abdoulaye Wade, deux de nos anciens chefs d’Etat encore en vie, se faire battre à plate couture à des primaires organisées par leurs familles politiques respectives.  Bien sûr que non.

« Notre victoire découle de cette vague qui a brisé tous les scénario écrits d’avance », s’est même exclamé hier soir François Fillon dès les premiers résultats qui l’ont donné vainqueur de ces primaires avec plus de 66% des suffrages. Que c’est beau de voir la démocratie s’exercer pleinement et déjouer ainsi tous les pronostics !

Dommage qu’on en soit pas encore là malgré toute la rhétorique qu’on nous sert sur notre prétendue démocratie. Le principe même de la tenue de primaires pour désigner un candidat à une élection présidentielle n’est pas dans nos habitudes. Le Parti socialiste s’y est essayé en 2006, mais sans succès.

A l’époque, trois candidats avaient souhaité conduire les troupes socialistes à la présidentielle du 25 février 2007, en l’occurrence Ousmane Tanor Dieng, Mamadou Diop et Robert Sagna. Mais, après avoir reçu les dossiers de candidature, le Conseil d’orientation avait privilégié la recherche du consensus plutôt que le vote. C’est ainsi que l’ancien Maire de Dakar Mamadou Diop avait fini par lâcher du lest alors que son collègue de Ziguinchor, Robert Sagna, préférait bouder. Ils avaient donc fini par laisser la voie libre à Ousmane Tanor Dieng, alors Premier Secrétaire, comme le voulaient le Conseil d’orientation et les sages du parti. Et l’expérience tourna court.

Bis repetita à l’occasion de l’élection du Secrétaire général du Parti socialiste en mai 2014. Voulant en découdre à la régulière avec Ousmane Tanor Dieng, Aïssata Tall Sall verra le Secrétaire à la vie politique, Khalifa Sall, mettre un coup d’arrêt à la compétition au nom, disait-il, de « l’intérêt supérieur du parti ».

Toutefois, le Parti socialiste n’est pas la seule formation politique du pays à se montrer allergique à la compétition interne. Pour preuve, cet ersatz d’élection primaire ayant conduit au choix de Karim Wade comme candidat du Pds à la prochaine présidentielle. On a eu droit à un vrai cinéma, un scénario écrit d’avance sous la dictée du Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade. Le Bureau politique du 21 mars 2015 s’était ainsi transformé, à sa demande, en congrès extraordinaire et 257 délégués sur 268 avaient porté leur choix sur Wade fils. Mais pour sauver les apparences, 8 candidats s’étaient déclarés dont Serigne Mbacké Ndiaye, Aïda Ndiongue et Habib Sy qui se retireront tous les trois au profit de Karim Wade. 
Quant aux autres candidats (Amadou Kane Diallo, Mountaga Guéye, et Ahmadou Seydi), ils ne faisaient franchement pas le poids. En somme, il s’est agi de prétendues « primaires » orchestrées par le Pape du Sopi qui espérait ainsi tirer d’affaire son fils à la veille de son verdict devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).

Ces primaires-là qui ont eu lieu chez nous n’ont donc rien à voir avec les celles qui viennent d’être bouclées en France et dont l’exemplarité appelle au moins quatre autres observations.

Primo : le choix du candidat de la Droite a donné lieu à plusieurs débats télévisés dont trois entre les sept candidats du 1er tour et un dernier entre les deux qualifiés du second tour. Lequel débat a d’ailleurs battu tous les records d’audience avec rien moins que 8,4 millions de téléspectateurs. C’est donc en connaissance de cause que les électeurs ont choisi leur candidat préféré. Contrairement à ce qui se passe ici où, faute de débat, on se livre à des attaques personnelles plutôt qu’à la confrontation des idées et des programmes.

Deuxio : ces primaires ont été si transparentes que les perdants ont non seulement vite reconnu leur défaite, mais ont aussitôt exprimé leur soutien à l’un des qualifiés du second tour sans aucun marchandage contrairement à ce qu’on voit sous nos tropiques. Tertio : après que la Droite et le Centre ont placé la barre très haut,  la Gauche se fait un point d’honneur de ne pas faire moins.  "Cet exercice nous oblige, à gauche, à réussir notre primaire", dixit Manuel Valls qui n’exclut pas de se présenter face à François Hollande dont il est le chef du Gouvernement. Lequel Hollande, bien qu’étant le chef de l’Etat sortant, pourrait d’ailleurs passer par ces primaires pour briguer l’investiture du Parti socialiste. Alors qu’il faut être vraiment fou pour imaginer un seul instant Macky Sall passer par des primaires pour valider sa candidature à sa propre succession.

Quatro : quelle belle image pour boucler ces primaires que cette poignée de main symbolique entre Fillon et Juppé au siège de la Haute Autorité !

Il faut donc se rendre à l’évidence : comparée à ce qu’on a vu de ces primaires de la Droite et du Centre en France, notre démocratie est juste formelle et a encore un long chemin devant elle.  

Oui, Mme l’Envoyée spéciale, Macky Sall sait comment gagner les élections
Il n’en paie pas la mine. Et pourtant, Macky Sall est le plus politique des quatre chefs d’Etat que le Sénégal ait connus. Senghor était une redoutable bête politique. Diouf, pas du tout. Wade a semblé pouvoir rivaliser par moments avec Senghor. Mais Macky Sall, visiblement, les dépasse tous.

Non pas qu’il soit le plus rusé, encore moins le plus stratège. Mais il est des quatre celui qui ne pose aucun acte sans penser au préalable au gain politique qu’il peut en tirer. En somme, il le plus calculateur et ne fait jamais rien pour rien.

Aujourd’hui, sa seule préoccupation est de bâtir sa victoire en 2019 bien avant le moment de vérité. Pour preuve, après avoir identifié ses adversaires potentiels, il s’emploie quotidiennement à les fragiliser, voire à les anéantir, l’un après l’autre.

Très tôt, il a coupé Idrissa Seck de ses principaux lieutenants. Et non content de faire le vide autour du président de « Rewmi », il a débauché et/ou promu des responsables politiques thiéssois, leur donnant ainsi les moyens d’aller à l’assaut de son fief de la Cité du rail.

Après avoir pratiquement muselé  le redoutable leader de « Rewmi », il est également parvenu à résoudre l’équation Karim Wade. Du moins, pour l’instant. S’apercevant de l’extraordinaire popularité de Wade fils en prison, il a su trouver à travers l’appel au pardon des guides religieux un bon prétexte pour lui accorder sa grâce. Avant de le contraindre à l’exil au Qatar pour une durée indéterminée.

Auparavant, il avait réussi à refreiner l’ardeur des libéraux les plus radicaux dont les responsables des jeunesses libérales, Bara Gaye et son successeur Toussaint Manga, Mouhamadou Lamine Massaly, Samuel Sarr et Oumar Sarr, pour ne citer que ceux-là. Ils se sont tous retrouvés un moment derrière les barreaux. Tout comme l’ex-sénatrice Aïda Ndiongue, considérée à tort ou à raison comme l’argentière du Pds à l’absence de Wade, et dont la fortune a fini par être confisquée par l’Etat. De même, tout porte à croire que l’actuelle majorité n’est pas étrangère à la guéguerre entre Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj autour de la présidence du groupe parlementaire des libéraux et démocrates. Bref, le danger que représentaient le Pds et son candidat à la présidentielle Karim Wade, n’est plus aussi évident qu’il y a quelque temps.

Pour sa part, Khalifa Sall voit ses principaux lieutenants, Barthélémy Dias et Bamba Fall, empêtrés dans des dossiers judiciaires et donc fragilisés dans leur combat contre l’ancrage du Parti socialiste au sein de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yaakaar. Tandis que Ousmane Tanor Dieng, nommé récemment par Macky Sall à la présidence du Haut conseil des collectivités territoriales, est plus que jamais armé pour annihiler leur offensive. Comme ce fut d’ailleurs le cas pour l’autre principal allié, Moustapha Niasse. Sans les attributs et privilèges liés à la présidence de l’Assemblée nationale,  le patron de l’Afp n’aurait sûrement pas réussi à résister tant bien que mal à l’aile dissidente de son parti amenée par Malick Gakou. Lequel n’en finit pas de faire l’objet d’une grande vigilance de la part de Macky Sall qui vient de séjourner en Pologne où le leader du Grand Parti disposerait de solides réseaux.

Même les novices Ousmane Sonko, révoqué de ses fonctions d’inspecteur du trésor et Abdoul Mbaye dont le dossier de divorce a fait récemment les choux gras d’une certaine presse, ne sont pas épargnés par le très prévenant Macky Sall.  

Outre le musellement de la quasi-totalité de ses opposants, Macky Sall a aussi réussi la prouesse de rallier à sa cause et de faire cohabiter au sein de sa coalition les frères ennemis de la social-démocratie que sont Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Djibo Kâ ainsi que les grandes figures de la gauche historique comme Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, Mamadou Ndoye, Maguette Thiam et tutti quanti.

Par ailleurs, en lançant l’opération de confection de la carte d’identité biométrique et de refonte totale du fichier électoral à tout juste sept mois des prochaines législatives, il a réussi à distiller le doute dans l’esprit de ses opposants sur la tenue à date échue de ce scrutin. Comme s’il voulait les prendre à nouveau au dépourvu. Une pratique qui lui a déjà réussi aux locales de juin 2014 et lors du référendum du 20 mars 2016. Deux consultations dont il avait tardé à fixer la date, prenant ainsi de court ses adversaires. Il est manifestement en passe de réussir le même coup.

Il s’y ajoute qu’au rythme où s’opère la refonte du fichier électoral où l’inscription n’est plus automatique, mais suspendue à la confirmation de l’intéressé, beaucoup d’électeurs pourraient être laissés à carreau. Or, c’est connu, un scrutin moins populaire fait toujours  l’affaire des tenants du pouvoir.

A croire que l’Envoyée spéciale du chef de l’Etat, Aminata Touré, ne savait pas si bien dire lors de son intervention à une rencontre organisée récemment autour de la candidature de Abdoulaye Bathily à la Commission de l’Union africaine. « Macky Sall est votre chef de campagne et il sait comment gagner les élections. J’en suis certaine. Il vous fera gagner », a-t-elle affirmé, déclenchant l’hilarité de l’assistance. N’est-ce pas qu’elle a vu juste ?  


Momar Diongue 

HCCT- Le Haut Conseil pour Caser Tanor
Lors de la cérémonie d’installation des membres du Haut conseil pour les collectivités territoriales, le président de la République a laissé entendre que la création de ce «machin» répond «à une forte demande dans l’identification des besoins, la définition des priorités, la conception et la mise en œuvre des politiques de décentralisation». A l’en croire, la mise en place de ce Haut Conseil est devenu «un impératif» pour une «meilleure inclusion» des citoyens. A croire qu’il parle en s’adressant à des Martiens qui n’ont rien compris des subtilités politiques sénégalaises. Car à part le fait de caser une clientèle politique sans emploi et sans revenus substantiels, à quoi peut bien servir cet avatar du Sénat dissout ?
C’est bien pour caser Ousmane Tanor Dieng, des responsables de l’Apr sans emploi et des alliés affamés que cette institution a été créée. Ousmane Tanor Dieng qui préside aux destinées de ce machin est rémunéré à 9 millions de francs Cfa par mois, sera doté de trois voitures de fonction et de 1000 litres de carburant. Il disposera d’une caisse noire dont le montant n’est pas encore connu et aura à son service chauffeurs, jardiniers, chef cuisinier et personnel domestique à la charge de la République. Quant aux Conseillers, ils auront le même indice salarial que les députés et disposeront de voitures de fonction, d’un secrétariat et d’un garde du corps. On comprend pourquoi les candidats se bousculaient au portillon du nouveau «machin» et la déception de ceux qui n’ont pas été invités au festin. C’est ainsi que les cadres de l’Apr qui ont été zappés se mettent à crier à la trahison, de même que les membres de la coalition Macky 2012 qui se sentent délaissés au profit d’alliés de la dernière heure, dont les leaders ont d’ailleurs été candidats à l’élection présidentielle et donc adversaires de Macky Sall lors de cette compétition politique de 2012.
Car quelle plus-value pourrait apporter le HCCT dans la quête démocratique des Sénégalais ? En fait rien que n’apportait le Sénat de Wade, rien que n’apporte le Conseil économique social et  environnemental. Il s’agit ni plus ni moins que d’une institution de plus pour placer une clientèle politique de plus en avide de revenus indus et de postes immérités. Face aux nombreux frustrés de l’Apr et de ses alliés qui n’ont obtenu aucun strapontin et qui en réclament chaque jour davantage, Macky Sall qui tient avant tout à se faire réélire mais surtout à gagner les prochaines législatives, ne pouvait se permettre d’ignorer les appels de détresse de toute cette camarilla en quête de strapontin au risque d’hypothéquer ses chances de succès par des votes-sanctions comme le promettent ouvertement certains responsables. Mais en répondant à l’appel de ces frustrés, il se met à dos les nombreux Sénégalais qui ne comprennent pas que face au déficit criard d’écoles et de structures sanitaires, face au chômage grandissant et à la dégradation de leur niveau de vie, le président de la République songe à «récompenser» des camarades au lieu de répondre à la demande sociale.

Chronique du lundi : Moi l’Etat, moi le peuple...
«L’évidence est une qualité de surface.» Mais dans l’univers politique, lorsqu’elle monte en surface, la plupart de nos gouvernants travaillent à la rendre plus évidente : pour en banaliser et transformer la vérité profuse en un mensonge confus.
C’est le tour de force et de passe-passe que le Président Nicolas Maduros a réussi au Venezuela. En effet, pour dénoncer sa politique et son mode de gouvernance, l’opposition avait appelé à une grève générale vendredi dernier. La veille, il annonce à la Télévision nationale une augmentation du salaire minimum de 40% dès le mois de novembre : à l’appel de l’opposition, répond ainsi le contre-appel du Président.
Mais au final, tout ceci n’aura été que comme la gigantesque clameur soulevée par la montagne de la fable. Qui, après avoir ameuté tout le voisinage, n’accoucha que d’une minuscule souris. De fait, la grève a été un échec total, faute de grévistes. La grève, dans certaines circonstances, est un luxe de quelques privilégiés. Car pour aller en grève, il faut trouver du travail et manger à sa faim.
Quant à l’augmentation des salaires, elle ne sera qu’un coup d’épée dans l’océan d’une inflation que le Fmi prévoit à 475% dans ce pays. Sur des sujets radicalement différents, mais dont les enjeux de pouvoir sont rigoureusement les mêmes, c’est exactement la même profusion dans la même confusion, que l’on observe actuellement dans notre pays, entre pouvoir et opposition. Situation fort cocasse, dont le point d’orgue aura été l’échafaudage dramaturgique que constitue la séance des questions orales des députés au Premier ministre.
Que résume parfaitement le journal Le Quotidien : «L’opposition dénonce, le pouvoir charge le régime de Wade.» Charger pour se décharger, obstruer les droits de l’opposition pour esquiver les devoirs de sa charge. Telle semble être aujourd’hui la stratégie du gouvernement. Qui passe tout son temps à parler de et à l’opposition et non au peuple des problèmes qui le préoccupent au quotidien. Cet échange hypothétique, sous forme de prétérition, en est une parfaite illustration : «Je ne suis pas venu parler de pétrole et de gaz.
Le Burkina Faso vient d’en parler avec Frank Timis, à travers une commission parlementaire. (…)», lance Mamadou Diop Decroix au Premier ministre. Celui-ci non plus, ne parle ni de pétrole ni de gaz, mais s’enflamme et enflamme l’opposition : «Si vous m’aviez posé la question, je vous l’aurais retournée, parce que vous connaissez mieux que moi l’homme dont vous parlez.
Lorsqu’il signait des contrats avec le Sénégal, Macky Sall n’était pas venu au pouvoir.» Soit, mais aujourd’hui qu’il est au pouvoir, en attendant demain un autre Président, c’est à Macky Sall que revient la prérogative exclusive et le devoir impérieux de s’occuper de nos problèmes, y compris ceux créés et laissés en héritage par ses prédécesseurs. A moins que par son comportement et celui de son gouvernement, M. Dionne veuille donner raison à Nietzsche, selon qui : «La vérité importe peu à l’Etat, seul lui importe tout ce qui lui est utile, que ce soit vérité, demi vérité ou erreur.» Car à l’en croire, «l’Etat, c’est le plus froid des monstres froids et il ment froidement, et le mensonge que voici sort de la bouche de l’Etat : moi l’Etat, je suis le peuple.»

Auteur:- Seneweb.com

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