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Ce que j'aurais souhaité que Macky dise et qu'il ne dira pas

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 22 Décembre 2016 à 08:24

Ce que j'aurais souhaité que Macky dise et qu'il ne dira pas
Au cours de sa visite d'état, notre président aura bien entendu des entretiens avec le président français. 

Il rencontrera aussi "la communauté sénégalaise en France".

François Hollande comme "la communauté sénégalaise en France" formulera des demandes à l'endroit du Président et attendra des engagements de sa part.

Je sais –et vous le savez– que le Président français parlera de la "coopération économique" entre le Sénégal et la France et souhaitera la consolidation des relations et des accords commerciaux entre les deux pays ainsi qu'entre la France et l'Union Européenne

Il fera référence au marché du Train Express Régional que le Sénégal vient de signer avec la société française Alstom pour s'en féliciter et souhaiter que le Sénégal continue à traiter avec des entreprises française pour son développement industriel.

François Hollande fera certainement référence aussi aux Accords de Partenariat Economique (APE) entre le Sénégal et l'Union Européenne et émettra le souhait que le Sénégal confirme son adhésion à la mise en œuvre de l'engagement pris par la CEDEAO en 2014.

"La communauté sénégalaise en France" quant à elle voudra que leur Président intervienne auprès de son homologue français en faveur de la "régularisation des sans-papiers", qu'il prenne des dispositions pour que leurs passeports soient renouvelés diligemment et que les ambassades et consulats soient plus disponibles à leur endroit.

Elle voudra aussi comme un des membres, M. Moussa Tambédou l'a confié au reporter du Le Soleil, "réévaluer l'âge des voitures importées au Sénégal de 5 à 8 ans".

A ces demandes du Président de la République Française et à celles de la "communauté sénégalaise en France,  j'aurais suggéré au Président Maky Sall ces quelques réponses si j'avais été de ceux qui murmurent à son oreille et qu'il écoute.

 A l'endroit du Président français, pour répondre à son souhait d'une coopération raffermie entre le Sénégal et la France aux plans économique et commercial, notre président répondrait que le Sénégal est disposé à continuer à échanger au plan commercial avec la France mais que les entreprises françaises devront désormais faire face à la concurrence de celles de tous les pays du monde.

Il ferait observer au Président Hollande que les entreprises françaises occupent déjà des positions dominantes dans les secteurs éminemment stratégiques : les télécommunications, l'eau, le pétrole, le BTP, la production alimentaire et la banque et que la sauvegarde la souveraineté de notre pays oblige à une plus grande diversification de ses partenaires.

En ce qui concerne la mise en œuvre des APE, il ferait part au Président français, les yeux dans les yeux, de la décision finale et irrévocable du Sénégal, de revenir sur son annonce de signer ces accords dans l'esprit de l'engagement de la CEDEAO de 2014.

Il argumenterait comme l'ancien Honorable Cheikhou Oumar SY, Député à l'Assemblée nationale du Sénégal que "cet accord….. est conclu pour protéger les intérêts d'une minorité de pays et pour donner à l'Europe un coup de main dans sa stratégie politique et économique globale… je suis (donc) légitimement fondé à défendre les intérêts de mon pays le Sénégal. Car le Sénégal est un PMA et aucune des raisons évoquées pour justifier son adhésion à l'APE n'est valable"

Il rappellerait la conclusion du Rapport Lefort commandité en son temps par le Président Nicolas Sarkozy indiquant que la mise en œuvre des APE constituerait un "saut dans l'inconnu" et que l'enjeu n'est rien moins que "le bien-être de millions de personnes".

Il rappellerait aussi l'observation de Madame Taubira qui avait supervisé l'élaboration du rapport Lefort selon laquelle "il n'y a pas d'exemple d'ouverture de marché qui ait conduit au développement".

Pour ce qui est des doléances de la "communauté sénégalaise en France", j'aurais suggéré à notre Président de prendre des mesures immédiates pour faire en sorte que nos compatriotes soient mieux servis par nos diplomatiques et consuls en France

De mettre fin immédiatement aux missions des nombreux politiciens et affairistes planqués dans nos missions diplomatiques en France et de nommer à leur place des fonctionnaires au service des seuls intérêts du Sénégal et des Sénégalais notamment de nos concitoyens émigrés.

Concernant la "régularisation des sans- papiers", le Président Maky Sall se serait engagé à l'exiger de son homologue au nom du principe de la libre circulation des personnes et des accords entre les deux pays. 

Le Président garderait cependant ses compatriotes de tout espoir étant donné le climat politique et l'hystérie collective contre les migrants et les musulmans prévalant en ce moment en France. 

Il les assurerait pourtant que le Sénégal ne fera jamais parti d'un quelconque accord, que soit avec la France ou avec l'Union Européenne visant à "favoriser le retour de migrants sénégalais".

Concernant la demande de nos compatriotes de "réévaluer l'âge des voitures importées au Sénégal de 5 à 8 ans", le Président de la République du Sénégal répondrait sans détour qu'il ne saurait accéder à cette demande.

Et d'expliquer que la pollution de l'air, a déjà atteint à Dakar un niveau 7 fois supérieur à la norme établie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui précise que "la pollution atmosphérique est une cause de morbidité et de mortalité.  Qu'elle augmente le risque d'accident vasculaire cérébral, de cardiopathie, de cancer des poumons, d'asthme.."

De faire comprendre que la pollution de l'air est due en grande partie aux émissions des voitures, surtout de celles aux moteurs usagés et de celles consommant du diesel.

Le Président profitera de l'occasion pour faire comprendre aux Sénégalais, à travers la communauté sénégalaise de France, que le développement économique et social ainsi que la consolidation de "notre commun désir de vie commune" requièrent désormais que priorité soit toujours donnée aux intérêts de la nation et du peuple tout entier sur ceux privés et corporatistes.

Mais je rêve : le Président de la République a son agenda : il dira tout autre chose à ses interlocuteurs. 

D'ailleurs ses nombreux et brillants conseillers et lui-même savent mieux que moi tout ce dont je viens de parler, n'est-ce pas ?

Alymana Bathily, Éditorialiste de SenePlus  



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