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Hadja Rouguy Bousso de l'APR : «Les mensonges, l'arrogance et le mépris de nos responsables ont perdu la mouvance présidentielle»

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 28 Janvier 2022 à 13:42

Mme Rouguy Bousso est une militante de la première heure de l’Alliance Pour la République (APR). Cette dame de fer est à la tête d’une plateforme de plus de 500 militants se disant authentiques. Dans cette interview qu’elle a accordée au « Témoin », elle revient sur son parcours militant, les raisons de la déconvenue de la mouvance présidentielle lors des locales du 23 janvier dernier et les inévitables sanctions qui doivent en découler selon elle. Entretien avec « Le Témoin ».


Le Témoin - Mme Rouguy Bousso, vous êtes à la tête d’un groupe de militants de la première heure de l’Alliance pour la République. Pouvez-vous revenir sur votre parcours militant ?

Rouguy Bousso - Je vous remercie de me donner l’opportunité de m’exprimer à travers les colonnes de votre journal qui est aussi celui du peuple pour sa ligne éditoriale des plus courageuses. Je suis responsable du parti au niveau de Grand-Dakar et militante de la première heure. Je fais partie des premiers militants de cette formation politique par la grâce du regretté Me Alioune Badara Cissé pour le repos éternel de l’âme duquel je prie.

Je suis infirmière d’État et travaillais dans une clinique de la place. Je n’ai jamais aimé l’injustice et quand Macky Sall était injustement la cible de ses frères libéraux, mon sang n’avait fait qu’un tour et je me suis décidée à m’engager pour cet homme. Le 15 novembre 2008, alors que je revenais de garde la nuit précédente et que j’ai appris que Macky Sall venait à Touba, j’ai tout fait pour le rencontrer. Une fois à son lieu de résidence dans la ville sainte, j’ai vu Me Alioune Badara Cissé et lui ai fait part de ma volonté de m’engager dans leur parti. Il m’a fait comprendre qu’il n’y avait pas encore de parti et qu’il allait me contacter si jamais ils allaient lancer leur parti. Il m’a appelé le 28 novembre pour me dire que le parti sera finalement lancé le 02 décembre 2008.

Donc, je suis venue avant le parti. C’est ce même jour qu’il a pris ma main et m’a présentée au président Macky Sall pour lui dire que je suis une nouvelle militante très engagée. Depuis ce jour, nous avons sympathisé et cheminons ensemble. Treize ans après, jour pour jour, le 28 novembre 2021, j’ai gelé mes activités au sein du parti.

Comment expliquez-vous la déculottée subie par la mouvance présidentielle lors de ces élections locales ?

Ce n’est pas une défaite de l’Alliance pour la République ni celle du Président Macky Sall. C’est surtout un signal fort de nos candidats qui avaient tourné le dos à la base. Les militants et les électeurs ont sanctionné leurs comportements notamment l’arrogance et l’inaccessibilité dont ils faisaient montre. Voilà des responsables qui manquent notoirement d’humilité et qui ont oublié comment et pourquoi ils sont arrivés à ce stade.

Quand on choisit, on élimine. Ils siègent au Conseil des ministres ou assument la direction d’entreprises publiques et se sont éloignés des militants de la première heure qui avaient porté ce combat historique de la restauration de la dignité de Macky Sall. Les gens n’ont pas sanctionné le président Macky Sall pour qui ils ont massivement voté en 2019. Cela fait tout juste deux ans.

Qu’est-ce qui n’a pas véritablement marché ? Que ces responsables se posent la question ! Le Président n’a point été sanctionné. Il est resté neutre en certains endroits et ceux qui ont véritablement bénéficié de son soutien ont gagné leurs localités. C’est le cas de Fatick commune où il est allé inaugurer une mosquée pour donner un coup de pouce à Matar Ba afin de conserver la ville.

Pour Mame Boye Diao, depuis l’étranger il a déclaré avoir cautionné sa liste. À Saint-Louis, pour Mansour Faye, la Première dame, Marième Faye Sall, est descendue sur le terrain. La quasi-totalité de ceux qui ont gagné leurs localités ont donc bénéficié de coups de pouce du président qui, ailleurs, a voulu rester simple observateur pour se faire une religion sur les capacités des uns et des autres.

Donc, les responsables qui mentaient aux militants, leur manquaient de respect et les méprisaient à la limite, ont été sanctionnés. Surtout au niveau du département de Dakar où les choix laissaient à désirer. Nous n’avons pas besoin de loosers mais de responsables proches de la base. Mamadou Ndoye Bane à Pire et Ameth Aïdara à Guédiawaye n’ont pas de postes de responsabilités mais sont proches de leurs populations.

Quand ils ont besoin de moyens, ils sollicitaient nos propres responsables. Les gens n’ont pas besoin de postes de responsabilités pour arriver au sommet. Ils doivent tout simplement être présents. Les élections locales ne se gagnent pas du jour au lendemain. C’est un travail de longue haleine. Attendre le dernier moment pour faire son tintamarre et croire que les gens vont tomber dans le piège ne peut plus prospérer. Nous avons aujourd’hui une population exigeante.

C’est d’ailleurs la base du succès de Barthelemy Dias. J’habite Mermoz et je peux vous dire que c’est un bosseur, un responsable proche de sa population. D’aucuns disent qu’il est arrogant et injurieux mais, il est tout simplement à l’image de notre société révolutionnaire. Les dirigeants sont moulés à l’image de leurs peuples.

Quelle nouvelle approche préconisez-vous pour rectifier le tir et qu’attendez-vous véritablement du président Macky Sall ?

Le président Macky Sall est un fin politique. Il a été maire, directeur général, ministre à plusieurs reprises, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale. En tant que ministre de l’intérieur, il a organisé des élections. Donc, il connaît toutes les réalités afférentes aux joutes électorales. Il sait mieux que quiconque ce qu’il reste à faire.

Ceux qui avaient des postes de responsabilités et qui ont lamentablement échoué doivent être sanctionnés à la mesure de l’affront et ceux qui ont consolidé les acquis doivent être, en retour, récompensés et promus. Les vaincus, avec tous les moyens mis à leur disposition, ne méritent pas la confiance du Président Macky Sall. Ils ont été battus par une opposition sans véritables moyens.

L’emblème de notre parti, c’est un cheval et un cheval qui ne gagne pas, on le change. L’Apr n’est certes pas structurée mais reste une machine électorale. Nous avons défait le président Abdoulaye Wade qui a fait presque un quart de siècle d’opposition, un monstre politique comme on en voit très rarement. Et depuis nous déroulions jusqu’à cette déroute du 23 janvier.

L’Apr reste une formation forte derrière le président Macky Sall. Il lui appartient maintenant de remobiliser véritablement les troupes et prendre les décisions qui s’imposent sans états d’âme. Le parti est à l’agonie. Personnellement, j’ai horreur de la transhumance. Nous sommes un groupe de plus de 500 militants de la première heure. Notre plateforme regroupe des militants de la première heure éparpillés dans la diaspora et tous les coins du pays.

Tous les militants qui étaient là au début de l’aventure sont dans la plateforme et nous cotisons chaque fin de mois pour organiser nos activités. Mais force est de reconnaître que les frustrations sont grandes. Maintenant, il nous est même difficile de voir le président Macky Sall !
Le Témoin



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