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Les infrastructures de transport, pierre angulaire d’un Sénégal émergent

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 22 Septembre 2021 à 07:19

Devenir une économie émergente en 2035. C’est le pari du Sénégal, dont le plan stratégique a débuté en 2014. Fondé sur la recherche d’une transformation structurelle de l’économie et de la croissance, le développement humain et la bonne gouvernance, il a vu ses objectifs quelque peu retardés par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Parmi les difficultés du pays, les infrastructures de transport, notamment portuaires,continuent d’entraver la croissance du Sénégal. Mais les pouvoirs publics font preuve d’un volontarisme et de nombreux travaux d’infrastructure, en cours, devraient porter leurs fruits dans les mois à venir.

 

La congestion des routes en question

 

Exemple de renforcement des infrastructures, la remise en état de la route ferroviaire mythique Dakar  Bamako, un héritage colonial daté de 1924, tombé en désuétude depuis près de deux décennies. Malgré une tentative de privatisation en 2003 et une reprise en main biétatique Mali  Sénégal avortée, la ligne n’a jamais réussi à retrouver ses usagers. Plongeant ainsi des villes dans la misère, comme Tambacounda, dans l’est du pays, dontl’économie générée par la gare ferroviaire a longtemps constitué la seule source de revenus de la commune. Un projet de réhabilitation est en cours, dont le coût est estimé à 20 milliards de francs CFA, soit environ 30,5 millions d’euros. Son but? Permettre deux rotations par jour entre Dakar et Tambacounda. Des travaux d’ampleur qui se doublent d’un autre grand projet d’infrastructure, cette fois soutenu par le gouvernement canadien. Il aspire à la construction d’une autre ligne parallèle entre Dakaret Tambacounda, qui fera 656 km de long, ainsi que 194 kilomètres de bretelles, reliées à des zones minières, dont l’exploitation sera renforcée. Cette nouvelle route permettra de relier les zones minières de Tambacounda, très stratégiques, au port autonome de Dakar, mais aussi aux futurs ports de Bargny-Sendou et de Ndayane«Cela favorisera l’essor du secteur minier au Sénégal et c’est ce qui rendra le modèle économique rentable, car l’exploitation permettra de rembourser l’investissement canadien» se réjouit Kibily Touré, directeur général de la nouvelle société nationale des Chemins de fer du Sénégal, au journal Le Monde

 

Le développement des infrastructures portuaires est aussi cœur de la stratégie d’ouverture au monde des pouvoirs publics sénégalais, en renforçant notamment son positionnement de hub sous-régionalPremier point d’approvisionnement du Mali, le port de Dakar joue un rôle tellement important dans le pays qu’il contribue très fortement à la congestion des infrastructures routières«Aujourd’hui, nous avons une relation commerciale extrêmement importante avec le Mali. Nous avons environ 1000 camions maliens qui viennent par jour au Sénégal», explique au Monde Mamadou Corsène Sarr, secrétaire général des acteurs portuaires sénégalais le 18 août dernier. 

 

De nombreux accidents émaillent en effet le trajet Dakar Bamako, long de 1350 km, impliquant de nombreux camions maliens. Des voies de contournement, passant par d’autres points névralgiques du Sénégal, comme Kaolack et Tambacounda, sont ainsi à l’étude pour désengorger Dakar. Les routes du Sénégal, elles aussi, sont connues pour leur obsolescence et leur manque d’entretien. Même dans les centres urbains. «Thiès avait de belles routes laissées par le colonisateur. Malheureusement, nous n’en avons rien fait de bon. Nos dirigeants étant incapables, ne serait-ce, de mettre en place un bon système d’entretien de ces routes, qui deviennent de plus en plus non praticables» affirme un habitant de la ville de Thiès, à 70 kilomètres de Dakar, à Afrik.com.

 

Amélioration des infrastructures portuaires

 

Outre les travaux d’infrastructure du Port autonome de Dakar(PAD)les autorités sénégalaises aspirent à en renforcer les liens avec d’autres hubs africains. L’accord-cadre de coopération entre le port autonome de Dakar (PAD) et l’autorité des ports et des zones franches de Djibouti (APFZD) doit ainsi sceller les bases d’une coopération portuaire intra-africaine accrue entre deux hubs majeurs du continent. Si cette signature porte de belles promesses de développement mutuel, elle reste entamée par les critiques visant l’autorité des ports et des zones franches de Djibouti, condamnée à plusieurs reprises devant des cours étrangères pour ne pas avoir tenu ses engagements contractuels avec ses partenaires traditionnels, notamment DP World, l’un des plus grands exploitants portuaires mondiaux. 

 

Ces décisions de justice sont la conséquence de la prise de contrôle unilatérale du terminal à conteneurs de Doraleh par le gouvernement de Djibouti le 23 février 2018, alors qu’il était co-exploité par DP World et l’APFZDEt, surtout, de la remise de la gestion du port à un groupe chinois, résultant de l’emprise de plus en plus forte du pays sur les infrastructures portuaires de Djibouti. En bref, une décision en forme d’expropriation pure et simple. En tout et pour tout, 7 décisions de justice hostiles à Djibouti et favorables à DP World ont été rendues. La dernière, datée de 7 juillet dernier  par la cour d’arbitrage de Londres a confirmé l’illégalité de la résiliation d’accord de coentreprise avec DP World. Malgré les injonctions de remboursement rendues par différentes cours de justice, Djibouti refuse encore de régler son dû à DP World, fragilisant d’autant plus sa réputation internationale de partenaire fiableDes démêlés judiciaires qui invitent les autorités sénégalaises à une prudence accrue

 

Le développement du port de Dakar et le renforcement de ses liens avec d’autres hubs continentaux restent malgré tout un préalable essentiel au développement sénégalais. Malgré une superficie de 325 ha, il est en effet déjà largement congestionné, comme le souligne le magazine spécialisé AfricaLogisticsMagazine.  Mais les autorités se veulent rassurantes. Face à l’engorgement du port de Dakar, deux grands projets sont actuellement en voie de finalisation . Le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou, situé à 35 kilomètres de Dakar, est toujours en cours de construction, pour une livraison prévue en mars 2022. Trois terminaux sont ainsi prévus sur cette plateforme portuaire, dont le premier pourrait avoir une capacité de 2,5 millions de tonnes réservées au traitement des cargaisons liquides. Un second sera dédié à l’exploitation minière du Sénégal, tandis que le troisième est à recevoir les marchandises. Autre projet, le port de Ndayane, situé à une cinquantaine de kilomètres de Dakar, sera lepremier port en eau profonde du pays, dont le coût est estimé à environ 1 milliard de dollars.
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