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​La poignante lettre de Yakham Mbaye à Ousmane Tanor Dieng: "Mais, Grand, qu'est-ce que tu fais comme ça à ton jeune homme !?"

Rédigé par Dakarposte le Mardi 16 Juillet 2019 à 01:57

C'est un secret de polichinelle les rapports forts quasi familiaux qui unissaient le Directeur général du quotidien national "Le Soleil" au défunt Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct). Feu Ousmane Tanor Dieng était le mentor de Yakham Mbaye, frère cadet de l'ambassadeur Papa Yama Mbaye, meilleur ami de celui qui présidait aux destinées du Parti socialiste (Ps). Tanor, Pym et Bruno Diatta formaient un trio de choc au service du Président Abdou Diouf, au plus fort du régime socialiste. Et aujourd'hui, comme il l'avait fait, l'année dernière, lors du rappel à Dieu du mythique Chef du Protocole de la Présidence dont il était très proche, Yakham Mbaye a pris sa plume sublime pour rendre un hommage émouvant à son "Grand". Un texte que dakarposte s'est fait le plaisir de piquer de sa page Facebook pour le publier un extenso.


​La poignante lettre de Yakham Mbaye à Ousmane Tanor Dieng:  "Mais, Grand, qu'est-ce que tu fais comme ça à ton jeune homme !?"
"Qu'est-ce tu m'as fait comme ça ?
Une injustice sans nul doute !
Que Dieu me pardonne !
Ainsi, je comprends le sens véritable de ton dernier sms lorsque j'insistais pour venir te voir en France, prétextant avoir nombre de "dossiers" à te soumettre, pour quérir tes éclairages :
"Salam petit frère. Merci de te soucier de ma santé. PYM m'en parle. Je vais de mieux en mieux. Alhamdoullilah. Excellente journée."
Tu avais compris, une fois de plus, que je "racontais des histoires". Ça n'avait absolument aucun rapport avec la réalité. C'était une entourloupe. Tu ne voulais simplement pas me voir, parce que tu ne voulais pas que ton "jeune homme" voit "autrement" son Grand. Lorsque dépité, je m'en suis ouvert à ton jumeau, PYM, il m'a presque rabroué : "Ne me fatigue pas. Tu connais notre Grand. Pas autant que moi, certes, mais, tu le connais".
Pourtant, tu n'avais pas à t'en faire : j'aurais tenu le coup en te voyant "autrement"... Bon, je vais arrêter de "raconter des histoires", ainsi que tu aimais me le dire : je n'aurais pas tenir le coup en te voyant "autrement".
Et ce matin, je n'ai pas tenu le coup en apprenant ce qui s'est passé. Je suis resté plus d'une bonne heure au fond du lit. Ensuite, j'ai fait l'effort énorme de m'en tirer. Et d'appeler ton jumeau. Ce fut un échange silencieux. Enfin, je joins ton fidèle Mangane.
C'est lui qui m'a fait craquer, et obligé à aller le chercher à la Maison du Parti. Retour insoutenable en ces lieux d'où me revinrent les moments festifs d'il y a 23 ans. "Le Congrès sans débat". Le long du couloir menant à tes bureaux, les cris de détresse de ce fidèle sans pareil m'ont glacé le sang.
J'ai pleuré sans répit avec lui, dans ma voiture, sur le chemin menant au domicile de PYM. Ton jumeau a été admirable de retenu et de grandeur. Son fils Ousmane, ton homonyme, non !
En regardant et écoutant PYM manager au téléphone les éplorés, alors, je me suis dit que nous n'avons pas le droit de te pleurer. Lui seul est habilité à le faire. S'il retient ses larmes, nous devons en faire de même.
Hélas, vaine tentation !
N'en pouvant plus, j'ai quitté PYM et Mangane pour aller me réfugier à mon bureau, au Soleil. Là, je me suis lâché. Surtout après avoir parlé à Amadou, ton autre cadet. Sa voix pudique à peine audible, le débit lent et saccadé de ses propos étaient éloquents : il était anéanti.
À sa suite, l'autre élément de la bande de Reims, Charles m'a appelé. Nos souvenirs de fac en France, où grâce à toi et PYM nous étions vus comme des privilégiés, ont fait le lit de notre discussion.
Grand, je me souviens des Hlm, en 1981, date de notre première rencontre, avec PYM, tu étais au volant d'une petite Bianchi, venu rendre visite à la progéniture fraîchement orpheline du père de ton meilleur ami, chez ma défunte grand-mère Aïda Sall.
Grand, je me souviens de nos tête-à-tête à l'immeuble Pasteur, au milieu des années 80, pour me raisonner avec compréhension, parce que j'avais encore déconner au lycée Van.
Grand, je me souviens de mes vacances turbulentes à Dakar, revenant de Frances, que tu finançais.
Grand, je me souviens de ton sourire fier lorsque je signais mon papier d'entrée dans le journalisme au Matin avec Pape Samba Kane (je ne lui ai pas encore parlé, mais, tu devines qu'il est à terre).
Grand, je goûte encore à mon plaisir fier lorsque tu es allé demander épouse pour ton "jeune homme".
Grand, je me rappelle de ton propos de juillet 2014 sur un ton grave et fier, lorsque je fus nommé dans le Gouvernement : "De Gaulle a été Secrétaire d'État. Senghor a été Secrétaire d'État. Ton oncle Lamine Diack a été Secrétaire d'État. Soigne davantage ta mise et travaille tes dossiers. Parle peu, écoute toujours. Et ne nous fait jamais honte à PYM et moi."
Grand, depuis ce matin, je ne fais que me souvenir et pleurer, comme je ne l'ai plus fait depuis trente neuf années et la mort de ce père que vous avez remplacé, toi et PYM.
Mais, Grand, à part mes larmes que j'ai du mal à retenir, j'ai un autre gros problème :
à la Tabaski, dans quelques jours, si mère se rend compte que tu n'es pas venu lui faire le ziar, que lui dire ? Près de quarante ans et pas une seule fois, je dis pas une seule fois, tu n'as manqué tes deux rendez-vous annuels avec elle : après les prières de la Korité et de la Tabaski, avant même de songer à immoler ton mouton, tu venais à ses côtés pour y rester au moins une bonne heure. Peut-être que PYM qui a assez de ressources pourra régler ce problème. En ce qui me concerne, je pourrai lui "raconter des histoires" lorsqu'elle demandera "ana xarru Tanor", parce que tu le sais, de tous les moutons qu'elle reçoit la Tabaski, c'est le tien qu'elle préfère.
Et basta !
J'en ai marre de ce genre d'écrits sur mes Grands qui ont été tellement bons avec moi, et qui me quittent un à un, d'une manière si cruelle. Hier Bruno, aujourd'hui, toi.
Que Dieu t'accueille au Paradis et garde PYM !!!

PS : lorsque tu verras cette photo, sans nul doute, tu comprendras pourquoi je l'ai choisie pour accompagner mes écrits ; je me souviens encore de tes propos, ce jour, devant le Président Diouf ; je ne ménagerai aucun effort pour en être digne."



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