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Abdoulaye Diouf Sarr: «tous les Sénégalais qui le désirent seront vaccinés avant 2022»

Rédigé par Dakarposte le Lundi 22 Février 2021 à 20:32

La vaccination contre le nouveau coronavirus se fera dans la plus grande transparence en tenant compte des critères d’équité. C’est ce que soutient le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr qui va installer, aujourd’hui, le comité national de suivi et de contrôle des opérations de vaccination. Il confirme le démarrage effectif de la campagne de vaccination, ce mardi.


Entretien réalisé par Eugène KALY et Photos ( Sarakh DIOP)

Vous avez procédé, samedi, à la mise en route des premières doses de vaccins anti- Covid-19. Les régions de Thiès et de Saint-Louis ont reçu leurs doses. Quand est-ce que les autres seront servies ?

J’aimerais d’abord exprimer la fierté des Sénégalais à recevoir 200.000 doses suite aux instructions données par le Chef de l’État qui a choisi d’explorer d’autres voies d’acquisition en plus de l’initiative Covax. Cette vision du Chef de l’État a été mise en oeuvre avec la réception de 200.000 doses de vaccins. Le Sénégal est l’un des premiers pays du continent africain qui va démarrer sa vaccination. C’est un honneur pour nous. L’autre fierté pour les Sénégalais réside dans le fait que c’est notre compagnie nationale, Air Sénégal, qui est partie récupérer ces vaccins.

Nous avons reçu ces doses avec plaisir. Le samedi, la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna), chargée de la conservation et du dispatching, a déployé son  dispositif pour que les vaccins soient disponibles dans toutes les régions. Nous avons commencé à Dakar, Thiès et l’axe nord. Toutes les autres régions auront leurs doses au plus tard mardi. Cette campagne de vaccination sera déroulée par les régions et sera portée par le gouverneur et le médecin-chef de région avec une impulsion opérationnelle des districts.

Comment se fera la répartition des doses par région ? Est-ce qu’elle dépendra de l’incidence de la maladie ou de la démographique régionale ?

Il faut noter que l’objectif du Plan stratégique de vaccination est de vacciner tous les Sénégalais qui le désirent avant 2022. Mais, il y a une phase d’urgence qui démarre et qui concerne le personnel de santé de première ligne, les personnes âgées de plus de 60 ans et les personnes qui vivent avec des comorbidités. Il s’agit donc de première phase d’urgence. Actuellement, les médecins-chefs de région, avec le contrôle des gouverneurs, identifieront les personnes qui respectent les trois critères. Quelle que soit la région, si l’on ne respecte pas ces trois critères, on n’est pas éligible durant cette première phase d’urgence. C’est moins un problème de région. Mais c’est une question de cible.

Nous espérons que dans cette phase d’urgence, nous atteindrons toute la cible identifiée dans le plan stratégique. Mais le processus va se poursuivre parce que nous attendons un autre lot de doses. Au total, nous allons recevoir 1.300.000 doses de vaccins de Covax. En plus, nous sommes en négociation avec les

Russes pour disposer du vaccin Spoutnik V afin de compléter le processus. Comme vous le savez, notre stratégie nationale est ouverte. Elle ne rejette aucun type de vaccin parce que l’objectif est de faire en sorte que tous les Sénégalais soient vaccinés.

Les experts sénégalais ont-ils donné leur point de vue sur ces différents types vaccins ?

Je crois que ce sont deux choses totalement différentes. En matière de vaccination, le Sénégal a une grande expérience. Le Programme élargi de vaccination (Pev) nous a permis de mettre en œuvre plus de 14 vaccins. L’introduction de ces vaccins a suivi les mêmes procédures qui ont régi les vaccins inscrits dans le Pev. Nous avons un comité des experts de la vaccination. Il est dirigé par le Pr Anta Tal Dia et plusieurs experts indépendants. Ces spécialistes apprécient le produit en tenant compte des spécificités techniques et de toute la documentation envoyée par le laboratoire. Ce comité a été saisi dans les règles de l’art comme nous le faisons chaque fois que nous introduisons un vaccin. Le comité a travaillé de manière autonome en tenant compte de l’urgence et a donné son feu vert pour l’utilisation de vaccins. Je rassure les Sénégalais parce que le comité des experts chargé de la vaccination a travaillé en respectant les règles en vigueur. Nous ne sommes pas à notre première expérience d’introduction de vaccin. Cette fois-ci, cela a été le cas avec des experts totalement indépendants qui ont donné leur feu vert pour l’utilisation. 

Pouvez-vous rassurer les Sénégalais  que les vaccins anti-Covid sont sûrs et efficaces ?

Le Sénégal est un pays avec des institutions et une grande  tradition scientifique. Il est le premier pays à disposer d’une faculté de médecine en Afrique occidentale française (Aof). Notre pays a produit énormément de sommités qui sont un peu partout dans le monde. Nous ne pouvons pas être moins regardants dans la prise des décisions concernant les vaccins. Nous devons retenir que ce vaccin a été étudié et apprécié par les sommités. Le gouvernement, en toute responsabilité, dans la stratégie d’interruption de la chaîne de transmission, a fait en sorte que notre pays, l’un des premiers du continent africain, a commencé sa vaccination. En définitive, nous ne pouvons pas avoir de doute sur les vaccins. Maintenant, il y aura toujours certaines personnes pour dire des choses inadmissibles.

Pouvez revenir sur la stratégie de communication pour contrer ceux qui véhiculent de fausses informations sur les vaccins ?

La stratégie de communication du ministère de la Santé pour cette campagne de vaccination va toucher tous les Sénégalais. Nous allons continuer à insister sur le respect des mesures barrières. Ces deux stratégies vont ensemble. Mais, il y a quelque chose de plus radicale, c’est installer l’immunisation chez la personne par la vaccination. Nous n’avons pas une préoccupation spécifique pour les lobbyings anti-vaccins qui ne sont pas typiquement sénégalais.

Les Sénégalais ont compris que ces lobbyings ne sont pas raisonnables parce que, partout dans le monde, les pays sont en train de se battre pour avoir un produit rare qui s’appelle le vaccin. C’est un véritable combat.

Les gouvernements sont poussés par leurs populations pour avoir ces vaccins. Le Sénégal est parvenu à acquérir ces vaccins dans un contexte de rareté de ce produit. C’est le lieu de féliciter le Chef de l’État, le Président, Macky Sall, pour son leadership et sa vision en la matière.

Quel sera le rôle du comité qui sera mis en place pour piloter cette campagne de vaccination ?

Nous allons sur la base des instructions du Chef de l’État, respecter les deux principes fondamentaux: la rigueur et la transparence. C’est pourquoi, nous allons installer un instrument de suivi et de contrôle qui va travailler tous les jours pour apprécier le travail qui se fait sur le terrain. Ce comité sera en relation permanente avec le dispositif régional piloté par le gouverneur, les médecins-chefs de région et médecins-chefs de districts pour assurer un monitoring quotidien. Ainsi, le Président de la République recevra les informations tous les mercredis, durant les Conseils des Ministres.

En dehors des 1.300.000 vaccins, quand est-ce que les 6 millions annoncés par le Chef de l’État vont arriver ?

J’ai dit que notre stratégie de vaccination a été bien pensée. Elle est ouverte à tous les vaccins disponibles à savoir, Sinopharm, Spoutnik V, AstraZeneca et Pfizer/ BioNtech, Moderna, entre autres. Il en est de même pour la logistique. Le Sénégal s’est donné tous les moyens pour disposer des équipements pour la conservation de tous ces types de vaccins. Il y a d’abord une dimension urgence à court terme que nous démarrons mardi. Ensuite, au fur à mesure que nous recevrons des doses, soit par l’initiative Covax, soit par les autres initiatives que nous avons développées sur le plan endogène ou national, nous allons poursuivre cette vaccination. L’objectif est de faire en sorte que, d’ici à 2022, tous les Sénégalais qui doivent être vaccinés puissent l’être.

Êtes-vous convaincus que ces vaccins peuvent stopper la chaine de transmission, car, les cas ne cessent d’augmenter, en particulier dans les grandes villes ?

Nous sommes très optimistes de ce point de vue. C’est pourquoi, je pense qu’il faut combiner ces deux stratégies. En réalité, vacciner les Sénégalais ne veut pas dire leur demander d’arrêter la chaîne de transmission. Tant que tous les Sénégalais ne seront pas immunisés, nous allons rester vigilants et ne jamais baisser la garde. Mais nous espérons fondamentalement qu’un nombre important de Sénégalais vaccinés permettra d’interrompre la chaîne de transmission et de réduire les contaminations.

Avez-vous une idée sur le budget prévu pour l’achat des différentes doses de vaccins ?

Il faut savoir que dans l’initiative Covax, les 20% de l’initiative pour l’ensemble des pays relèvent de la gratuité. Si le pays décide de passer des commandes supplémentaires, il ne pourra plus faire d’autres acquisitions avec ses partenaires. Sur les initiatives russe et anglaise, c’est le Sénégal qui devra, dans sa relation commerciale avec ces pays, négocier et acheter ces vaccins avec le budget qui est déjà disponible.

Cependant, je ne peux pas dire voilà le budget qui est prédéfini pour prendre en charge la vaccination. Le Président de la République a donné des assurances en disant : «Nous ne ménagerons aucun effort pour assurer la sécurité sanitaire des Sénégalais».

Pouvez-vous donner des assurances aux Sénégalais que les vaccins, une fois acquis, seront disponibles partout au Sénégal?

Je crois que le grand principe qu’il ne faut jamais trahir en la matière, c’est celui de l’équité. Il faut faire en sorte que les choses se passent de la manière la plus équitable. Ce sont les gouverneurs et les médecins chefs de région qui pilotent et sont chargés d’identifier et de faire vacciner les Sénégalais.

Pour cette première phase de vaccination dite d’urgence, y a-t-il une date limite pour vacciner toutes les cibles ?

Cette première phase d’urgence concerne 20% de la population (personnel de santé, personnes âgées et celles présentant des comorbidités). Toutes les dispositions sont prises pour que les personnes vulnérables soient protégées. Après celles-ci, nous poursuivrons la routine de vaccination jusqu’à toucher l’ensemble des Sénégalais.






























Le Soleil
Cheikh Amidou Kane



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