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Conflit Airbus-Boeing : l'UE et les États-Unis enterrent la hache de guerre

Rédigé par Dakarposte le Mardi 15 Juin 2021 à 15:36

L'Union européenne et les États-Unis ont annoncé mardi une trêve de cinq ans destinée à régler le vieux conflit entre Airbus et Boeing qui empoisonne leur relation, signe tangible d'un apaisement entre les deux blocs après les années Trump.


Conflit Airbus-Boeing : l'UE et les États-Unis enterrent la hache de guerre
Des responsables européens et américains ont confirmé, mardi 15 juin, qu'un accord a été trouvé entre l'UE et les États-Unis pour résoudre leur conflit relatif aux subventions illégales accordées aux avionneurs Airbus et Boeing.

"La réunion a commencé avec une percée sur les avions (...) Nous avions décidé conjointement de résoudre cette dispute. Aujourd'hui, on a tenu promesse", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après l'arrivée de Joe Biden à Bruxelles – le président américain y participe à un sommet UE/États-Unis, première rencontre de ce type depuis 2017.


"Cet accord ouvre un nouveau chapitre dans notre relation car nous passons d'un contentieux à une coopération sur l'aéronautique, après 17 ans de dispute", s'est-elle réjouie. Les deux parties ont accepté de suspendre pendant cinq ans les droits de douane punitifs motivés par ce contentieux, a expliqué la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai.

Les États-Unis entendent rallier l'UE dans leur bras de fer avec la Chine et profiter de ce sommet pour apaiser une relation transatlantique mise à mal par les années Trump. "Au lieu de combattre l'un de nos plus proches alliés, nous nous retrouvons finalement ensemble face à une menace commune", a affirmé Katherine Tai, confirmant la prolongation de cette trêve, décidée en mars et qui devait expirer en juillet. "C'est un exemple pour faire face à d'autres défis, comme celui de la Chine", a-t-elle ajouté.

La décision de l'Union européenne et des États-Unis crée "les conditions d'une concurrence équitable" entre les deux avionneurs, s'est réjoui mardi Airbus.  Elle permet "d'éviter des tarifs douaniers qui nuisent à tous et ne font qu'ajouter aux nombreux défis auxquels notre industrie est confrontée", a affirmé un porte-parole du constructeur européen.

"L'Amérique est de retour"

 "L'Amérique est de retour. Il est dans l'intérêt absolu des États-Unis d'Amérique d'avoir une grande relation avec l'Otan et l'UE", a pour sa part affirmé Joe Biden, au moment où celui-ci était accueilli avec de grands sourires par Mme von der Leyen et le président du Conseil européen, Charles Michel.

L'accord permet à Joe Biden, à la veille de son sommet avec Vladimir Poutine, de montrer "que les États-Unis et l'Europe sont soudés". Washington et Bruxelles s'opposent depuis 2004 devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet des aides publiques illégales versées à leurs deux avionneurs.

Sous l'administration Trump, Washington avait été autorisé, en octobre 2019, à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25 % pour les vins et spiritueux, et de 15 % pour les appareils Airbus.

L'OMC avait permis à Bruxelles de mettre en place des taxes sur des produits importés des États-Unis. L'UE impose, depuis, des droits de douane sur 4 milliards de dollars d'exportations américaines.

Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a salué un "bon accord" et appelé à "conclure définitivement" ce dossier. "C'est une excellente nouvelle pour les entreprises françaises et européennes", a réagi le ministre français du Commerce extérieur, Franck Riester.

Katherine Tai a rappelé que l'aéronautique représentait plus de 500 000 emplois directs aux États-Unis. Ces sanctions commerciales "n'ont fait que des perdants. Le ciel s'éclaircit enfin. C'est une excellente nouvelle pour des milliers d'Européens et les entreprises américaines qui avaient été pris au piège dans ce conflit", a estimé l'eurodéputé conservateur Christophe Hansen, porte-parole de son groupe sur le commerce international.

D'autres différends

Au-delà du conflit Airbus/Boeing, l'UE et les États-Unis s'opposent encore sur une série d'autres dossiers, notamment celui des exportations d'acier et d'aluminium européens – l'UE souhaiterait son règlement d'ici décembre. Joe Biden veut "désamorcer les contentieux commerciaux afin de se concentrer sur sa priorité, la Chine", souligne Eric Maurice de la fondation Schuman.

Quant aux Européens, "ils vont chercher à savoir quelle est leur marge de manœuvre dans cette alliance contre Pékin. Il y a un accord entre eux pour ne pas s'aligner totalement, pour des raisons géopolitiques côté français et économiques côté allemand", ajoute-t-il.

Si l'Europe s'efforce de protéger son grand marché de la concurrence déloyale des entreprises chinoises, elle doit aussi ménager une puissance devenue son premier partenaire commercial.

Bruxelles n'a pas renoncé à l'accord controversé conclu en décembre avec Pékin dont l'objectif est l'ouverture aux investisseurs européens des secteurs jusqu'alors fermés ou restreints. Cet accord est actuellement gelé après des sanctions prises par l'UE pour condamner les violations des droits des Ouïghours – des mesures suivies de contre-sanctions de Pékin.

L'UE et les États-Unis resserrent aussi les rangs contre la Russie, qu'ils accusent de tentatives de déstabilisation en Ukraine et en Géorgie, deux pays de son voisinage tentés par un rapprochement avec les Européens. Américains et Européens se disent "prêts à répondre fermement à la répétition de comportements négatifs et d'activités nocives" de Moscou, selon un projet de déclaration commune.



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