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Détention et trafic de cocaïne : le Nigérian Raymond Ike Akpa mouille les commissaires Abdoulaye Niang et Cheikhouna Keïta

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 3 Mai 2017 à 17:43

Détention et trafic de cocaïne : le Nigérian Raymond Ike Akpa mouille les commissaires Abdoulaye Niang et Cheikhouna Keïta

Attrait hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour détention et trafic de cocaïne et corruption, le Nigérian Raymond Ike Akpa a indexé les anciens directeurs de l’Ocrtis, Abdoulaye Niang et Cheikhouna Keïta. Il accuse ce dernier de l’avoir piégé et arrêté, après lui avoir fait vendre 50g de cocaïne à 500.000 F Cfa pour financer le clip de ces enfants musiciens.

L’ancien directeur de l’Ocrtis A. Niang aurait trafiqué des scellés contenant des boulettes de cocaïne devant être incinérées comme chaque année, le 26 juin, en complicité avec le Nigérian R.I. Akpa. Le Nigérian disait être le coiffeur de Niang et connaître son domicile et sa famille. 

Ce que Niang conteste, affirmant l’avoir connu lors d’une perquisition au domicile de ce dernier à Diamalaye 2, au temps où il était le chef opérationnel de l’Ocrtis. Selon le mis en cause, qui se chargeait de la vente, les boulettes de cocaïne étaient remplacées par de fausses copies, avant de les écouler sur le marché intérieur et extérieur. Malheureusement, le commissaire A. Niang est affecté à l’insu du mis en cause R.I. Akpa qui a appris le départ de son présumé complice, quand il a appelé à son bureau et qu’il a eu au bout du fil son remplaçant, le commissaire Cheukhouna Keita. Informé de l’affectation de Niang par son successeur à la tête de l’Ocrtis, Raymond proposa au commissaire Keita de poursuivre le trafic de scellés qu’il faisait avec Niang.

Le commissaire Keïta fait semblant de mordre à l’hameçon pour pouvoir arrêter le Nigérian

Pour en savoir davantage sur cette traite et démanteler le réseau, le commissaire Keita décide d’entrer dans le jeu et de piéger le Nigérian. Ainsi, le 21 février 2013, aux environs de 23 heures, Raymond se rend à Nord Foire afin de récupérer 2kg de cocaïne des mains de Keita. C’est là qu’il est interpellé par les hommes du commissaire Keita. Inculpé pour le crime de détention et trafic de cocaïne et corruption, il sera mis en détention provisoire le 21 juin 2013.

«C’est de Keita que j’ai reçu les 50g de drogue que j’ai vendus à 500.000 francs. Je lui ai reversé l’intégralité de la somme».

A l’enquête préliminaire comme devant le magistrat instructeur, Raymond avait reconnu que Keita lui avait remis 50g de cocaïne qu’il a vendus à 500.000 francs Cfa et lui a reversé l’argent. Et selon lui, cette somme était destinée à la réalisation du vidéoclip de des enfants musiciens (Takeifa groupe) du commissaire. Ces derniers avaient des problèmes financiers et leur père le commissaire Keita voulait leur venir en aide.

Des propos que réfute l’ancien patron de l’Ocrtis, absent au procès d’hier, comme son prédécesseur. Il soutient que Raymond lui a rendu la plaquette contenant les 50g de drogue après avoir fait la copie. Mais le mis en cause persiste sur ces accusations. «Je ne vends pas de la drogue, toutes ces accusations sont fallacieuses. C’est de Keita que j’ai reçu les 50g de drogue que j’ai vendus à 500.000 francs. Je lui ai reversé l’intégralité de la somme. (..). 

Au début, j’avais refusé et c’est là que je lui ai proposé de le mettre en rapport avec quelqu’un d’autre. Je l’ai connu à travers la musique que font ses enfants. J’étais le coiffeur d’Abdoulaye Niang et je ne savais même pas qu’il était policier. Il est aussi mon ami et c’est pourquoi je l’appelais.

De plus, je n’habite pas à Diamalaye, comme il le dit. Un jour, je l’ai contacté à plusieurs reprises à son travail, mais c’est Keita qui m’a répondu. Il m’a mis au courant de son affectation et rien de plus», dit l’homme marié et père de plusieurs enfants. Toujours dans ses dénégations, Raymond ajoute : «Le jour de mon arrestation, il venait de Russie, où il était parti pour une réunion. Je lui avais demandé de m’acheter un parfum.

Il m’a donné rendez-vous à Nord Foire pour que je le récupère. Sur place, je suis rentré dans son véhicule et il m’a remis un sachet que j’ai refusé de prendre. Il a sorti un pistolet, me menaçant de me tirer dessus si je ne le prenais pas. Il m’a ordonné de sortir de la voiture et c’est après avoir fait quelques pas que je fus arrêté», insiste-t-il.
La géolocalisation a permis de constater que le Nigérian appelait fréquemment le commissaire Keïta

Prenant la parole, le procureur atteste que Raymond s’est approché de Keita, lui proposant de revendre les boulettes de cocaïne scellées, dès qu’il a su que ce dernier est le successeur de Niang. Et mieux encore, il affirme à la barre avoir commercialisé les 50g en échange de 500.000 francs pour Keita. A cela, il s’ajoute la géolocalisation, la régularité de ses déplacements, les appels vers le téléphone de Keita.

Et même si de la drogue n’a pas été trouvée par-devers lui, tous ces crimes doivent être retenus contre lui. Ainsi, le maitre des poursuites sollicite que Raymond soit déclaré coupable et condamné à 15 ans de travaux forcés, 10 millions de francs Cfa d’amende ainsi qu’une interdiction de séjour de 10 années sur le territoire national sénégalais.

Les avocats dénoncent l’absence des policiers cités dans l’affaire et refusent que leur client soit l’agneau du sacrifice

Qualifiant le réquisitoire du procureur de sévère, Me Ibrahima Mbengue et Cie soutiennent que le commissaire Keita, le brigadier Mame Pathé Guèye, le colonel Codé Mbaye ainsi que le commissaire Abdoulaye Niang devaient comparaitre à la barre comme Raymond. Par rapport à cela, les avocats du prévenu trouvent que le juge d’instruction et le parquet ont failli à leur mission. Pour eux, si Raymond est coupable, Keita l’est aussi, car les 500.000, produit de la vente de 50g de cocaïne, lui sont bien parvenus. 

Keita lui-même confie avoir remis les 2kg de drogue pour appréhender le prévenu, disant que c’est une livraison surveillée. Alors que ceci est balayé d’un revers de main par le brigadier Mame Pathé Guèye et les autres membres de la police. Car, disent-ils, c’est une infraction provoquée. Selon toujours la défense, s’il est vrai que beaucoup de personnalités sont impliquées sur la base des déclarations de Keita, il n’en demeure pas moins que ce dossier est vide, car le parquet ne s’est basé sur aucune démonstration pour pouvoir dire que Raymond trafique de la drogue.

Les policiers impliqués étant absents, les avocats refusent que leur client soit l’agneau du sacrifice, parce qu’il a ébranlé la police. Pour le délit de corruption, les robes noires l’ont aussi contesté. Raymond sera fixé sur son sort le 16 mai prochain.
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