
À l’encoignure d’une des ruelles les plus passantes du marché des Hlm, une rangée de fourneaux malgaches et de barbecues s’aligne le long du trottoir, leurs surfaces métalliques scintillant sous les premiers rayons du soleil. Le vendeur, Dame Mbow, le visage buriné, scrute sporadiquement l’horizon d’un regard à la fois patient et las. Cette attitude circonspecte se justifie, selon lui, par la morosité de son activité à la veille de la Tabaski. « Pour le moment, l’activité ne marche pas bien. Les clients viennent au compte-goutte, et la plupart se contentent de demander les prix sans acheter », confie-t-il en ajustant un fourneau mal positionné.
Actif dans ce commerce depuis bientôt une quinzaine d’années, le vendeur connaît bien les fluctuations du marché à l’approche de la fête du mouton. « Les gens ont d’autres priorités, les habits, les moutons. Les fourneaux et barbecues, c’est souvent en dernier », soupire-t-il.
À l’en croire, cette baisse de l’activité ne se justifie pas par les coûts exorbitants des fourneaux, tant s’en faut. « Les fourneaux barbecues sont à la portée de presque toutes les bourses. Ils coûtent 25.000 FCfa, et les fourneaux malgaches varient entre 5.000 et 12.000 FCfa. On essaie de s’adapter au pouvoir d’achat », précise-t-il, en essuyant une fine pellicule de poussière sur l’un d’eux.
Plus loin, dans les allées animées du marché où les échoppes débordent de couleurs, Saliou Diagne, vendeur d’ustensiles de cuisine, range méticuleusement ses bols et cuillères en bois. Autour de lui, l’absence de clients contraste avec l’effervescence générale.
Comme bon nombre de commerçants, il a, toutefois, appris à vivre avec cette particularité du calendrier de la Tabaski. « Chaque année, les choses se passent ainsi », dit-il avec un calme olympien, les mains croisées sur le comptoir. « Il y aura un rush incroyable à la veille de la Tabaski. Je suis habitué à ce genre de situation. On se prépare mentalement pour ces journées intenses. Les gens sont trop occupés à récupérer leurs tenues chez les tailleurs. Ils arrivent à la veille de la Tabaski, paniqués, cherchant des casseroles ou des couverts. Moi, je suis habitué », constate-t-il, un sourire résigné aux lèvres. Entre 3.000 et 15.000 FCfa.
Non loin de là, Amadou Sy, un vendeur de couteaux, partage ce sentiment. Devant son étal où s’alignent des lames bien affûtées, il observe le va-et-vient des clients sans que personne ne s’arrête. « Les couteaux, c’est pourtant indispensable pour la fête, surtout pour découper la viande, mais les gens pensent d’abord aux vêtements et aux chaussures, mais surtout à l’achat du mouton », explique-t-il en polissant machinalement un couteau à large lame. « Ils viendront deux jours avant, quand ils réalisent qu’il leur manque l’essentiel. Les prix, indique-t-il, sont attractifs et varient entre 3.000 et 15.000 FCfa en fonction de la qualité ».
Toutefois, cette stratégie d’achat de dernière minute est confirmée par les clients eux-mêmes. Rencontrée près de l’entrée du marché, Aïssatou Sow, la quarantaine, un panier osier en plastique vide au bras, explique la logique derrière cette approche. « Pour l’instant, c’est la course aux tailleurs. Mes enfants doivent avoir leurs nouvelles tenues avant tout. Les ustensiles et autres peuvent attendre, ce n’est pas le plus important pour le moment », confie-t-elle avec un sourire.
Malgré cette accalmie, les commerçants gardent espoir. Ils savent que, tradition oblige, la veille de la Tabaski sera marquée par une ruée effrénée de derniers acheteurs. « D’ici à là, on prépare, on arrange. Et quand le rush arrivera, tout partira en quelques heures », prédit Dame Mbow, un éclair d’optimisme dans le regard. L’attente demeure le leitmotiv pour les commerçants du marché des Hlm. En effet, conscients des habitudes des consommateurs sénégalais, ils se préparent à une frénésie d’achats de dernière minute, espérant que les fourneaux, les ustensiles et les couteaux trouveront enfin preneurs pour célébrer dignement la fête du sacrifice.
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Le Soleil
Actif dans ce commerce depuis bientôt une quinzaine d’années, le vendeur connaît bien les fluctuations du marché à l’approche de la fête du mouton. « Les gens ont d’autres priorités, les habits, les moutons. Les fourneaux et barbecues, c’est souvent en dernier », soupire-t-il.
À l’en croire, cette baisse de l’activité ne se justifie pas par les coûts exorbitants des fourneaux, tant s’en faut. « Les fourneaux barbecues sont à la portée de presque toutes les bourses. Ils coûtent 25.000 FCfa, et les fourneaux malgaches varient entre 5.000 et 12.000 FCfa. On essaie de s’adapter au pouvoir d’achat », précise-t-il, en essuyant une fine pellicule de poussière sur l’un d’eux.
Plus loin, dans les allées animées du marché où les échoppes débordent de couleurs, Saliou Diagne, vendeur d’ustensiles de cuisine, range méticuleusement ses bols et cuillères en bois. Autour de lui, l’absence de clients contraste avec l’effervescence générale.
Comme bon nombre de commerçants, il a, toutefois, appris à vivre avec cette particularité du calendrier de la Tabaski. « Chaque année, les choses se passent ainsi », dit-il avec un calme olympien, les mains croisées sur le comptoir. « Il y aura un rush incroyable à la veille de la Tabaski. Je suis habitué à ce genre de situation. On se prépare mentalement pour ces journées intenses. Les gens sont trop occupés à récupérer leurs tenues chez les tailleurs. Ils arrivent à la veille de la Tabaski, paniqués, cherchant des casseroles ou des couverts. Moi, je suis habitué », constate-t-il, un sourire résigné aux lèvres. Entre 3.000 et 15.000 FCfa.
Non loin de là, Amadou Sy, un vendeur de couteaux, partage ce sentiment. Devant son étal où s’alignent des lames bien affûtées, il observe le va-et-vient des clients sans que personne ne s’arrête. « Les couteaux, c’est pourtant indispensable pour la fête, surtout pour découper la viande, mais les gens pensent d’abord aux vêtements et aux chaussures, mais surtout à l’achat du mouton », explique-t-il en polissant machinalement un couteau à large lame. « Ils viendront deux jours avant, quand ils réalisent qu’il leur manque l’essentiel. Les prix, indique-t-il, sont attractifs et varient entre 3.000 et 15.000 FCfa en fonction de la qualité ».
Toutefois, cette stratégie d’achat de dernière minute est confirmée par les clients eux-mêmes. Rencontrée près de l’entrée du marché, Aïssatou Sow, la quarantaine, un panier osier en plastique vide au bras, explique la logique derrière cette approche. « Pour l’instant, c’est la course aux tailleurs. Mes enfants doivent avoir leurs nouvelles tenues avant tout. Les ustensiles et autres peuvent attendre, ce n’est pas le plus important pour le moment », confie-t-elle avec un sourire.
Malgré cette accalmie, les commerçants gardent espoir. Ils savent que, tradition oblige, la veille de la Tabaski sera marquée par une ruée effrénée de derniers acheteurs. « D’ici à là, on prépare, on arrange. Et quand le rush arrivera, tout partira en quelques heures », prédit Dame Mbow, un éclair d’optimisme dans le regard. L’attente demeure le leitmotiv pour les commerçants du marché des Hlm. En effet, conscients des habitudes des consommateurs sénégalais, ils se préparent à une frénésie d’achats de dernière minute, espérant que les fourneaux, les ustensiles et les couteaux trouveront enfin preneurs pour célébrer dignement la fête du sacrifice.
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Le Soleil